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Une ville livrée à l’abandon

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A chaque quartier ou agglomération ses préoccupations : chômage, blocage des dossiers relatifs à l’investissement et l’auto-construction, insuffisance de la prise en charge des effets du séisme, mauvais état des routes, insalubrité, manque criant de commodités, notamment à la périphérie de la ville.La rue parle et se demande s’il y a quelqu’un pour sauver la commune ? Les choses, dit-on, ne sont pas prises au sérieux, notamment avec le déclenchement des conflits entre le P/APC et les membres de l’exécutif communal. Ces derniers comptent d’ailleurs adresser au wali de Boumerdès une pétition notifiant leur retrait de confiance au maire. Principal grief : le maire a laissé la ville à l’abandon. “S’il est incapable de prendre des initiatives pour le bien de la municipalité, qu’il s’en aille !”, s’exclame un élu.Contacté par nos soins, le président de l’APC en question a bizarrement refusé de se prononcer. Dans la rue, les citoyens s’impatientent. Dellys va mal. Cela saute aux yeux, la plupart des ruelles de cette grande agglomération ne sont ni goudronnées ni nettoyées. Pas d’éclairage public au niveau de nombreux quartiers, des monticules d’ordures envahissent l’espace vital. Et plus inquiétant encore, “c’est l’APC elle-même qui a choisi la plage de la Guinguette jouxtant le port comme décharge publique.” Chaque jour, les services de voirie y jettent des tonnes de déchets, a-t-on constaté. Et dire que Dellys, réputée pour ses sites féeriques, vient d’être retenue par la DJS pour l’implantation d’un camp de vacances pour jeunes. Les ordures éparpillées, çà et là, irritent le visiteur. Les anciens amoureux d’El Casbah n’y ressentent plus cette odeur provinciale d’autrefois. L’ancienne ville est devenue triste, sans âme. Au fil des années, elle s’est dégradée. Rarement, site millénaire n’a autant mérité le surnom de patrimoine négligé que La Casbah de Dellys comme leurs prédécesseurs, les responsables locaux actuels ont aussi un mauvais bilan concernant la préservation de la cité. Classées rouge 5 suite à l’expertise du CTC, des dizaines de bâtisses jouxtant Houmet El Derb ne sont pas encore démolies. “Elles risquent de s’effondrer à la moindre forte réplique”, s’inquiète-t-on. Là aussi, des dizaines de familles critiquent la gestion locale des effets du séisme. On proteste contre l’inéquitable distribution du fameux logis en préfabriqué et autres indemnités pour les biens mobiliers perdus lors du cataclysme. L’APC n’a pas encore prévu la réalisation d’autres sites de chalets dans le cadre de la résorption du logement social. Elle a bloqué, a-t-on encore noté, les dossiers des postulants aux lotissements individuels. Prévu depuis longtemps au lieudit Starter, non loin de la nouvelle-ville, ce projet n’est pas encore mis en délibération.

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Douars marginalisésEn l’absence d’une saine gestion, ce sont bien sûr les habitants d’agglomérations secondaires qui en pâtissent le plus. Ouled Sabber, Chegga et d’autres hameaux souffrent du manque d’eau et des coupures fréquentes d’électricité. Pas l’ombre d’un lampadaire dans ces villages ruraux. Le CW 118, une distance de 18 km reliant Dellys à Taourga est en mauvais état. Idem pour le tronçon de route reliant Starter à Oued Oubaï. S’y ajoutent l’insuffisance criante de la prise en charge sanitaire : un seul dispensaire avec seulement un infirmier pour les différentes consultation dans cette zone semi-urbaine. Ces tracas ont une incidence fâcheuse de toute évident, sur la vie des villageois. Dès lors, on ne peut s’attendre à l’augmentation de la productivité dans cette région à vocation agricole. Ni à un meilleur rendement scolaire. D’autant qu’il n’y a ni bibliothèque ni établissement pour les activités de culture et de loisirs. Les jeunes sombrent dans le désarroi. On s’y sent tout simplement marginalisés.Revenons au centre-ville. Juste en bas, l’enceinte portuaire. Une espèce de gaieté vous soulève dès que vous fixez des yeux la grande bleue. Mais ne cherchez pas à connaître le nombre de pêcheurs qui se nourrissent, ici, de la mer. Ils se comptent sur le bout des doigts d’une seule main. Et oui, “il n’y a pratiquement que cinq marins possédant des bateaux assez solides. Les autres (petits) pêcheurs demeurent confrontés au sempiternel manque de moyens. Au port, il n’y a ni grue ni atelier de réparation des filets et cordages, ni station à mazout, ni eau potable. On se déplace vers d’autres villes pour se procurer les pièces dont a besoin. Une perte de temps qui se chiffre par millions. Bref, les responsables locaux oublient qu’ils ont un port à exploiter pour l’intérêt de la population”, enchaîne un jeune pêcheur, les yeux rivés sur ces filets usés.Les Dellysiens ont fini par tourner le dos à la mer et chercher du travail à l’extérieur. Déçus, le plus souvent, ils retournent à leur patelin. Après quatre pas dans les ruelles suintant l’ennui, ils commandent ici et là un café bien serré. “Rien ne va ici”, répète-t-on sans cesse. Dellys, 40 000 habitants environ, est pourtant située à 55 km à l’est de Boumerdès, une ville dont les pouvoirs publics voulaient faire l’un des pôles de développement du département. Certains s’appesantissent sur ce qui s’est passé en réalité. Le terrorisme y a laissé on empreinte. L’usine locale de fabrication de chaussures (affiliée à l’ex-Sonipec) fut incendiée en 1995 par les hordes islamistes. Elle n’a pas été reconstruite. Il n’y eut pas de projet de réalisation d’industrie nouvelle. Entamés au début des années 1990, les travaux de réalisation de deux structures hôtelières, l’une à Takdempt et l’autre vers l’est près de Souanine, n’ont pas encore été achevés. Menacés de mort par le GIA s’ils ne s’acquittent pas de la djizia (impôt religieux), les deux entrepreneurs concernés ont fini par tout abandonner. Dans le même temps, un autre attentat à la bombe avait partiellement endommagé l’hôtel Beau Rivage jouxtant le siège de la mairie. Mais maintenant, qu‘“est-ce qui empêche la ville de renaître”, s’interrogent malicieusement de nombreux citoyens.Les élus contestataires s’arrachent les cheveux souhaitent une enquête pour assainir la situation de la municipalité. Ils disent que moults projets sont actuellement bloqués. Les mêmes critiques sont distillées par les citoyens, rassemblés dans les cafés. Comme endroit idéal à ce genre de débat, il y a surtout la terrasse du café Tala Ouldoune qui domine la grande bleue. Une vue aussi sur d’autres sites oubliés, sous-exploités. C’est peut-être le seul endroit où le flâneur échappe au vacarme de la circulation du centre-ville. Circulation dense, folle, idiote sur une avenue principale dont la longueur dépasse 6 km. Il n’y a même pas une gare routière. Décidément, Dellys, avec ses beaux jardins, sa djena, ses sours antiques, ses richesses halieutiques et archéologiques, n’a pas de chance.

Salim Haddou

Civet de sardinel Notre édition n’est qu’un canular et seule l’information relative à “Béjaïa offre une spécificité remarquable d’emmagasinement d’eaux, grâce à sa formation géologique et à la présence de roches aquifères, et une entreprise américaine Sea Line, basée à Béjaïa (lire l’article de Mustapha R., du 23 mars 2005) qui, suite à une étude pour le compte de Sontrach, a rassemblé une série de photos satellites”, sont vrais. Tout le reste n’est qu’un poisson d’avril. On s’excuse du moindre désagrément que notre article a pu causer.

Y. B.

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