Lettre d’un militant à Monsieur Aït Ahmed

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Monsieur le Président, si le FFS a su rebondir après les soubresauts de 91, 96 et 2000 (est-ce une “fatalité” – ? -, qu’à chaque échéance statutaire, nous devons subir une… saignée !), car le malaise n’a jamais été aussi “latent et pesant” sur la base. Depuis le 3e Congrès, toutes les valeurs et idéaux du parti sont piétinés, bafoués, atteignant le “summum de l’hérésie” sous le secrétariat national actuel. Il s’est transformé en véritable “appareil” (s’arrogeant le “droit” même de passer à tabac les militants sans distinction aucune !) :

– Dénigrement et marginalisation des cadres du parti ;

– Abandon et levée de couverture politique des élus (au lieu de les encadrer et accompagner dans leur mission).

– Destitution et radiation de responsables “démocratiquement” élus par leurs bases aux différentes instances du parti, – section, fédération, conseil national (sans au préalable les traduire devant la commission de médiation) ;

– Désignation de comité Ad hoc sur… comité ad hoc ! (au lieu de “légitimer” les structures);

– Marginalisation de la section “Ali Mecili” de Tizi Ouzou et de l’université de Béjaïa :

– Dissolution de sections et fédérations (… ?…. qui ne lui font pas allégeance ;

– De l’assainissement démocratique au CPE, en passant par les chargés de mission et autres délégués, véritable filtre étanche, qui ont fait le vide dans les structures et créé un climat de suspicion entre les militants ;

– Prise en otage des militants, gel des cartes, sous le motif “fallacieux” d’… épuration (?); – fermeture de sièges ;

– Aucun débat ni canevas sur les échéances statutaires, convention, congrès (pour “honorer” ces rendez-vous, la stabilité et légitimité des sections et des fédérations “s’imposent”) :

– Absence de débats internes aux structures ;

– Inexistence de dialogue et (ou) de concertation entre les instances du parti ;

– Décision “unilatérale” de boycott des sénatoriales (selon notre secrétariat national, les sénatoriales sont une “promotion” d’individus, donc d’aucune “utilité” pour le parti – ? -) ;

– Dans un mépris total, aucune consultation de la base sur les échéances nationales (à l’instar des autres formations politiques), élections législatives et locales de l’année en cours, (alors que l’expérience de notre participation de 1997 et 2002 nous interpelle à mieux nous “prémunir” contre les mauvaises surprises engendrées par la précipitation) ;

– Désertion totale du champ politique national…

– Monsieur le Président, c’est cette déchéance, cette déliquescence à laquelle est confronté le FFS, cette perte de repère, qui ont fait “réagir” le militant et se manifester lors du rassemblement du 31/08/06 autour d’une déclaration “revendications militantes” : qui devait être remise à notre 1e secrétaire national, lequel a fui ses “responsabilités” en désertant le siège national, alors qu’il a été sollicité deux jours auparavant pour nous recevoir !

Monsieur le Président, vous constatez et “admettez” vous-même la “dégradation organique” interne du parti ; n’est-ce pas cette “démarche optionnelle” – la transgression des statuts et règlement intérieur ainsi que le reniement de la ligne politique du parti et confiscation de la parole – de notre secrétariat national, “personnifié” par le “trio” Baloul-Tabou-Laskri, qui a “engendré” cette situation que vous qualifiez vous-même de “rocambolesque et insensée”.

Nous, militants sincères, sommes interpellés par “notre conscience” devant l’état des “faits”, avons agi et espéré trouver une “écoute attentive” responsable, loin de toute (s) surenchère (s), pour un sursaut militant salvateur !

Le FFS, première force d’opposition née dans la douleur, a toujours été considéré comme la locomotive de l’alternative démocratique ;

– Un pôle de proposition et de “libres-débats” ;

– Une tribune d’expression “porte-voix” de la population longtemps marginalisée ;

– Où le respect et la vérité sont notre correction ! Alors point de mensonge et encore moins d’invectives ! (c’est… désolant !).

Monsieur Aït Ahmed, je me suis forgé une personnalité qui ne donne aucune prise à la manipulation encore moins à la corruption. Une personnalité arcboutée sur ses convictions, ses droits et devoirs et la justesse du combat du FFS, car j’ai connu et côtoyé des hommes (je me rappellerai toujours cette chaleur, cet humanisme et cette sincérité, de ce jour du mois d’août 1990 à Tizi-Rached, lorsque j’ai pris une photo-souvenir avec vous lors du meeting “témoignage” sur Ali Laïmèche, paix à son âme).

– Mais je suis aussi imprégné de cette simplicité de Da M’hend Izzouvach, Da Medjbar et Djillali Leghima; – Cette fougue de Djamal Zenati, Ahmed Djeddaï et Seddik Debaili (paix à son âme); – Ce pragmatisme de Mustapha Bouhadef, Ali Karboua et M’barek Mahich (paix à son âme) ; – Ce courage de Moh Stiet, Saïd Khellil et le groupe dit de Tizi-Ouzou ; – Arezki Ferrad qui a damé le pion au FLN lors d’un débat télévisé un 27/12/90 ; – Ali Rachedi qui a animé le journal “El Haq” (une bouffée d’oxygène dans un environnement biaisé) et ses camarades d’infortune…

– J’ai aussi côtoyé des militants “anonymes”, mais non moins “intègres”, de divers horizons; – Des jeunes universitaires – futurs cadres de la nation – pleins d’allant.

– Je suis aussi affermi par cette dignité, cette grandeur d’âme de nos aînés de “63” (les qualifier aujourd’hui de “cas sociaux”, eux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes – leur jeunesse; qui ont refusé, dans l’honneur et avec honneur, les “avantages matériels”, car fidèles au serment donné à leurs frères d’arme, les quatre cents (400) martyrs, de la démocratie ! C’est vraiment le renversement de l’échelle des valeurs !)

Monsieur Aït Ahmed, je ne suis ni fragile ni tenté, je ne suis pas non plus un escroc, encore moins un proche (ni par intérêt, ni “parental” comme…) “des services”. Mon parcours de militant au sein du FFS est là pour lever toute équivoque :

— J’ai été tabassé, arrêté, menacé par les services de sécurité

—J’ai fait face aux autorités à la limite de la désobéissance civile (j’étais prêt à prendre les “armes” pour peu que vous ayez fait appel)

—J’ai été de toutes les manifestations publique et campagnes du FFS depuis le 15/12/89, du MCB/Commis. Nat. depuis le 25/01/90, de la LADDH depuis 1992,

— J’ai expliqué, sensibilisé, suscité l’adhésion de la jeunesse à RAJ, des travailleurs à l’UDT, des enseignants au SATEF et des citoyens au FFS

— J’ai combattu l’adversité farouche du RCD et du MCB/Coord. Nat. (Dieu seul sait que cela était ardu, car j’avais affaire à des parents, des amis d’enfance…)

—J’ai mené bataille contre les adeptes de l’auto-militarisation de la Kabylie, faisant fi des risques encourus

—J’ai bravé les pires dangers en affrontant les arouchs (et ceux qui les manipulent) pour déjouer leurs desseins malsains et briser le cercle infernal violence/répression, qui se refermait sur la Kabylie (mon local a été incendié à deux reprises, à ce jour, je ne suis pas indemnisé)

Car tel est le combat du FFS que j’assume pleinement avec fierté !

Monsieur le Président puisque le message d’appréciation sur la situation du parti (et du pays) que vous avez demandé au conseil national lors de la session du 01/08/06 mais que ce dernier (conseil national) n’a pas “jugé utile” de vous transmettre (à ce jour du 18,19/01/07), pourquoi- pendant que trois sit-in sont tenus par les militants au siège national à Alger les 31/08/06, 14/09/06 et 21/12/06 ainsi qu’à Tizi Ouzou le 29/09/06, vous avez “refusé de recevoir” “ces sages” et “ces historiques”, fidèles au FFS “venus” vous alerter sur la situation dramatique qui “gangrène le parti”, pour ensuite “sommer” les autres ex-dirigeants à …cautionner des “pratiques” que leur “intégrité intellectuelle et morale” répriment.

Monsieur le Président, ces “graves allégations” -sans fondement- ne feront que jeter encore le trouble parmi les militants et aggraver la crise qui secoue la base. Votre message- plaidoyer regrettable- (que les militants et les sympathisants avaient “souhaité” et espéré juste et approprié pour le “traitement” de la “crise autoritaire” imposée par le “trio” “Baloul-Tabou-Laskri” dans la gestion organique du parti) est qualifié de “dérapage politique sans précédent” dans un “verbe indécent” qui n’honore pas un homme de votre stature (nombre de militants et sympathisants refusent de croire et d’adhérer que vous puissiez vous rab…)

Monsieur le Président, de par votre position de “figure emblématique” indiscutable et indéniable, vous situant au-dessus des “clivages démobilisateurs” -plutôt rassembleur- “l’éthique” et le sens responsable vous auraient “dicté” un message d’apaisement et de sérénité (non d’une “justice à une seule vitesse” que le FFS a toujours condamnée et dénoncée) pour une solution qui privilégie le dialogue et la médiation, dans le respect des textes et instances du parti.

Monsieur Aït Ahmed, au FFS il n’y a qu’une seule voie, celle incarné par l’ensemble de ses militants respectueux des textes et instances du parti

La voie tracée par nos aînés de “63” relayés par les générations des années 70/80 et depuis l’ouverture en 89, celle de la démocratie et des débats d’idées.

La voie qui milite pour la vérité et le respect, celle de la transparence et de la bonne gouvernance- non celle où des “problèmes sensibles” sont “traités dans le mutisme” et qui méprise le militant, bafoue les textes et les instances du parti.

Monsieur Aït Ahmed :

– Quelle relation y a-t-il entre le renouvellement d’une carte de militant, responsable d’une section à jour depuis 89, et une AG d’information ?

– Savez-vous que les cartes de militants 2006 “s’établissent dans les lieux publics” au GRE du chargé de mission ou délégué, dans l’ignorance totale du canal habituel – section et fédération ?

– Est-ce statutaire de réunir un conseil fédéral de militants non mandatés par la base, dans un local à Chéraga (d’une association proche de la coalition au pouvoir) (alors que le siège fédéral ou national s’y prêtent aisément) pour désigner un comité Ad hoc, pendant que le 1er secrétaire fédéral élu n’est pas démissionnaire ni n’a failli à sa mission ?

– Ne trouvez-vous pas “indécent” de poursuivre la réunion, alors que la nouvelle de l’assassinat du président de l’APW de Tizi Ouzou venait de leur parvenir ?

-Pourquoi le secrétariat national a refusé le “dialogue” avec les militants venus de plusieurs régions du pays, lors des sit-in au siège national ?

– Quant à “ces accusations très graves”, de flics accompagnant les militants mécontents et de destructions de biens du parti, lors du sit-in du 21/12/06, désignez Monsieur le Président une commission d’enquête qui fera la lumière – toute la lumière- des évènements de ce jour là ?

Gageons que le FFS sortira vainqueur de cette énième crise. Le FFS qui a eu à affronter des situations des plus difficiles et des plus complexes depuis sa création en 1963. Car les valeurs et idéaux qu’il véhicule s’inscrivent dans le fondement d’une nation moderne, démocratique et réconciliée avec son histoire et son identité. Le message de ses membres fondateurs- à leur tête, vous Monsieur Aït Ahmed, fidèles au contrat de Novembre, sera “inscrit dans la postérité” pour les générations présentes et futures, car porteur d’un projet fédérateur et libérateur “des énergies et des compétences”.

Gageons aussi que le FFS réussira “sa mue” dans un large processus de réconciliation interne avec l’ensemble de ses militants et cadres, dans une “dynamique constructive” à même de répondre à l’attente et “aspirations” des militants, sympathisants et citoyens.

Le FFS conscient des “difficultés” et des “embûches” (tant internes qu’externes au parti) qui parsèment son combat pour la démocratie, la justice sociale, saura les déjouer pour fédérer les “forces vives” de la société civile et de la classe politique dans l’esprit de la plate-forme de la Soummam, pour l’Algérie.

Salutations démocratiques.

Un militant, Hammadi Ramdane

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