Redonner à l'art sa place dans la cité

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Le cycle de rencontres, initié récemment par le ministère de la Culture, avec des artistes de toutes disciplines et profils, a été l’occasion d’une concertation sur les moyens à mettre en œuvre pour redonner à l’art sa place dans la cité. Ce sont 5 rencontres qui ont été organisées à la Bibliothèque Nationale d’Alger, du 14 au 24 juillet, entre les professionnels des arts visuels, du cinéma, de l’édition, des arts de la scène et de la musique et leur ministre de tutelle, dans le cadre de la préparation des conférences nationales, par discipline, qui se tiendront au mois d’octobre, afin « d’élaborer une politique culturelle basée sur l’implication directe des  concernés », dira Labidi Nadia, ministre de la Culture. Malgré les années de terrorisme, durant lesquelles la culture a été particulièrement ciblée, les participants, souvent des célébrités, ont signalé l’émergence de nouvelles formations artistiques comme les troupes théâtrales du sud du pays, de Kabylie ou de l’Est. Les artistes ont toutefois souligné le divorce actuel entre la société et l’art, l’imputant essentiellement au faible niveau artistique des productions actuelles dû à l’absence des disciplines artistiques dans les programmes scolaires et à l’indigence de la formation dans les écoles d’art, par exemple. La  réintroduction de ces matières dans les programmes scolaires et le développement des conservatoires comme « pépinières de talents « sont considérés comme les mesures les plus urgentes. Revoir la formation dans les écoles nationales d’art en réactualisant leurs contenus et en élevant leur niveau scientifique a été vivement recommandé par les participants ainsi que la création d’un  baccalauréat artistique et de diplômes équivalents de la Formation professionnelle. Il s’agit comme l’a souligné le dramaturge Slimane Benaïssa d’être « audacieux et novateur » notamment en dotant la culture de nouvelles structures, comme l’académie de musique proposée par Nouredine Saoudi  pour la prise en charge de la recherche, du patrimoine et de la mémoire. L’insuffisance des espaces d’expression et de travail et le dysfonctionnement des circuits de diffusion, d’édition, de distribution, de promotion et d’aide à la création ont également été signalés comme autant de maux du secteur. « Il s’agit de mieux exploiter les dispositifs d’aide à la création qui existent, comme le Fdatic (Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique) et l’Aarc (Agence algérienne de rayonnement culturel), et d’en créer de nouveaux afin notamment de promouvoir l’écriture de scénarios et la réalisation », a conclu la ministre. Dans le domaine du livre, les éditeurs et auteurs ont appelé à une plus grande efficacité dans le fonctionnement du Centre national du livre (CNL) et ont proposé de revoir les mécanismes de soutien public à l’édition.

Impliquer l’initiative privée

L’implication de l’initiative privée dans la création d’écoles d’art, d’espaces d’expression et d’exposition, de sociétés de promotion de spectacles ou encore de compagnies théâtrales, a été recommandée par des participants. Dans cet objectif, l’accès des artistes aux dispositifs d’accompagnement et de création d’entreprises est encouragé par la création prochaine d’une ANSEJ (Agence nationale pour l’emploi des jeunes) de la culture. D’autre part, Mme Labidi a souligné que « la culture occupera les espaces qu’elle mérite », dont des lieux d’histoire comme les voûtes de la place des Martyrs ou les abattoirs d’Alger, proposés comme d’éventuels espaces d’exposition et de création ainsi que les salles de cinéma et les théâtres à réhabiliter ou à construire. « Il s’agit de redonner aux artistes algériens confiance en eux-mêmes », ont souligné dans un autre chapitre la majorité des intervenants, en bannissant les blocages bureaucratiques et en instaurant un fonctionnement transparent des différents rouages en charge de la culture en Algérie.

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