«La poésie coule dans mes veines»

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De la chanson, Amar B, de son vrai nom Belkada Amar, passe à l’écriture. Passionné de mots et de rimes kabyles, et après avoir mis sur le marché trois CD, il a écrit un recueil de poésie (traduit en français et en arabe) qui sera sur les étals dans quelques jours.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous rappeler brièvement votre parcours dans le domaine de la chanson ?

Amar B : Eh bien, cela n’a pas été facile pour moi. Comme tous les jeunes de mon âge, prendre une guitare dans un village kabyle était déjà un tabou. Alors, enregistrer un album relevait presque de l’impossible. En dépit de tout cela, je n’ai pas abandonné ma passion. J’ai pu produire mon premier album ‘’A Yemma Aâzizen’’, à Paris, en 1979.

Et ensuite ?

Je n’ai pas arrêté. J’ai continué à travailler durement. En 1982, je sortis ‘’Tharguith U gujil’’ (« Le rêve de l’orphelin’’). Un deuxième opus qui rencontra un grand succès, et j’en suis fier, d’autant plus que j’y ai donné beaucoup plus de place au texte. En 2006, après une absence de quelques années, j’ai composé un autre album. Ce dernier m’a pris beaucoup de temps et puis il est venu dans un contexte difficile : celui de la période des événements douloureux du printemps noir. D’ailleurs, c’était un hommage aux martyrs.

Peut-on connaître son titre ?

Je veux d’abord préciser que je n’avais pas trouvé d’éditeur. Aucun ne voulait le produire en raison de son contenu. Son titre est ‘’Irgazen’’ (Les Hommes). Je n’eus pas d’autre choix que de le produire à mon compte.

Et depuis, plus rien… Peut-on savoir pourquoi ?

Vous savez. Un artiste ne peut pas rester passif. Ce sont les circonstances qui le freinent ou le motivent. Je vous ai parlé du problème des éditeurs. Aujourd’hui, maturité oblige, je ne peux éditer du n’importe quoi. Pour moi, ce qui m’intéresse c’est la chanson à texte. Et de nos jours, il y a un penchant dominant pour la musique, plutôt le rythme. Ceci isole tous ceux qui donnent la priorité aux paroles.

Et pensez-vous qu’un jour il y aura un retour de la chanson à texte ?

C’est une bonne question. Personnellement, j’ai bon espoir. J’ai entendu dernièrement Chérif Hamani évoquer ce sujet dans sa conférence de presse. Ce qu’il a dit m’a fait chaud au cœur et m’a conforté dans mes convictions. Hamani a dit que quand l’artiste est exigeant, c’est l’éditeur qui ira vers lui. Aujourd’hui déjà le texte reprend de plus en plus sa place, aussi bien au niveau national qu’international. Et c’est de bon augure. C’est un investissement à long terme.

Et si vous nous parliez de poésie. Avez-vous quelque chose en préparation ?

C’est une exclusivité que j’ai réservée à vos lecteurs. Dans quelques jours, je mettrai à leur disposition un recueil de poésie dans les trois langues. Pour Tamazight et le français, c’est déjà imprimé. Il ne reste que la traduction vers la langue arabe. Ils y trouveront des sujets divers et variés : du social, de l’amour, de la critique et bien sûr un hymne à nos valeurs.

Parlez-nous un peu des différentes distinctions que vous avez obtenues…

J’ai en effet participé à de nombreux concours et festivals. Ma poésie a été récompensée par des jurys reconnus dans le domaine. J’ai eu le premier prix à Béjaïa, au festival Si El Bachir Amellah, à Feraoun (Oued Amizour) et le premier prix de la Fondation Matoub Lounès en 2010, ex aequo avec Samira venue de Tipaza. Dernièrement, les jurys m’ont décerné le premier prix à Bouira. En tout, ma poésie a été récompensée de 5 prix. Cela m’encourage à aller de l’avant.

Un mot pour conclure ?

Tout d’abord, je remercie votre journal qui m’a offert l’occasion de m’exprimer. Je vous avouerais que la poésie coule dans mes veines. Je ne pourrais faire aucune concession sur le texte. L’artiste n’est qu’un témoin de son temps et de sa société il ne doit donc abdiquer devant aucune autre considération.                                    

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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