Amar Sghir, aussi grand que son parcours !

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Auteur, compositeur et interprète de la chanson kabyle, Outoudert Amar, de son nom d’artiste Amar Sghir, est né le 27 septembre 1943 à Tala N’tazart, dans une région de haute Kabylie qui a vu naître de grandes figures de l’art, telles Kamel Hamadi, Lounis Aït Menguellet, Amar Zahi, Idir et autres Izri, Slimani…

Amar a passé son enfance dans son village natal jusqu’à l’adolescence pour s’en aller, en 1958, en France pour rejoindre son père, ancien émigré. Mais, il ne tarda pas à retrouver son pays, puisque en 1960 il retourna en Algérie, néanmoins, avec un métier de menuisier. Comme Amar était passionné par la musique et notamment par la chanson, son père exauça son vœu en lui offrant une superbe mandoline. Cela ne l’avait pas seulement encouragé mais l’a encore beaucoup motivé pour entamer sa mission dans l’art avec un grand succès. Alors il  fréquenta régulièrement la radio et composa plusieurs chansons sous la direction du chef d’orchestre M. Medjdoub. Rapidement, il grilla les étapes pour grimper du statut d’amateur à celui de professionnel avec déjà une douzaine de chansons enregistrées à la radio et une affiliation à la société d’auteur-compositeur et éditeurs de musique. À cette époque, il formait un groupe de foudre avec Kamal Hamadi, Mohand Erachid et Rachid Mesbah. En 1962, il s’inscrit au conservatoire du chaâbi durant deux années auprès de Chikh M’hmed El-Aânka, puis rejoint l’école de comédie arabe pendant quatre années sous la houlette d’Allal Mouhib. Amar avait bâti un parcourt sous le nom d’artiste d’Amar Sghir jusqu’en 1969 où il connaîtra des problèmes de santé qui le contraignent à s’en passer de sa mandoline. L’enfant terrible de Tala N’tazart était tout le temps ce genre d’artiste à qui la lumière des rampes éblouissait la vue, et que les compliments de fantaisie dérangeaient beaucoup. Il n’avait jamais cet esprit de propagandiste pour se faire de l’espace dans son milieu naturel, celui de l’art. Au contraire, il était toujours modeste, bon et brave, ce qui le relevait au rang des grands. Amar, quand il fut entendre pour la première fois sa voix en 1960, il était écrit que la chanson Kabyle allait enfin avoir son rossignole. Dès ses débuts, il avait déjà du talent, et n’avait pas beaucoup trébuché ni encore bricolé dans l’art, mais il avait passé directement au sérieux pour produire d’emblée le magnifique à travers des textes bien que modelés dans un langage aussi simple, mais passait bien des messages plus sensés que la vérité. Aujourd’hui, le rossignole a sûrement perdu des plumes pour devoir se retirer sur sa colline au pied de sa montagne dans sa paisible demeure, oublié de ceux qu’il avait un jour bercé. A cette fin de carrière, un acte mérite bien d’être reporté lorsque le destin (sûrement) allait, une autre fois, le remettre sur les vieux rails de Si Mouh Oumhend pour errer machinalement avec sa guitare d’une région à l’autre, probablement pour répandre ce qui restait dans sa musette, mais son état de santé l’appelait à l’ordre.

On demeure convaincu qu’un jour, l’histoire lui donnera sa place qui lui est due au sein de la grande famille des poètes Kabyles, et que les autorités locales d’Iboudrarène baptisent l’une des salles des jeunes en son nom.

Ramdane Ouslimani.

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