Le tapis de Ouaghzen, un art à promouvoir

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Destiné à se substituer à l’école ménagère après le départ des sœurs blanches dans les années soixante-dix, un centre artisanal fut créé pour donner un métier aux jeunes filles de la région des Ath Menguellet, exclues du système scolaire. Créé par l’APC de l’époque, il fut géré par la régie communale d’alors «la MACOTAM», qui devait d’ailleurs prendre en charge la menuiserie communale spécialisée dans la sculpture berbère sur bois. «L’artisanat», comme on continue à l’appeler, commença à former des tisseuses sous la houlette de Nna Taous, que Dieu ait son âme, qui arriva même à créer le «motif de Ouaghzen» pour orner les tapis berbères qui y sont tissés. Les acheteurs et les touristes ne tardèrent pas à venir nombreux à Baqalem, lieu de l’implantation de l’école, devenu une ruche sans cesse bourdonnante. Les parents, les plus conservateurs, y envoyèrent leurs filles sans réticence dans cette école à quelques pas de chez eux. Des centaines de jeunes filles, exclues du système scolaire, bénéficièrent de la formation de tisseuses, pour, plus tard, subvenir aux besoins de leurs familles et participer à la promotion et à la conservation de cet art traditionnel et ancestral. Les choses allaient si bien que, pendant longtemps, on ne soucia plus d’envoyer les filles de la région ailleurs que dans ce centre ancré au milieu du âarch Ath Menguellet. On réussit même, par la suite, à y créer une section de couture pour diversifier un peu la formation. Sa gestion fut, ensuite, confiée au CFPA de Boukhalfa alors qu’il aurait été plus judicieux de le rattacher au CFPA de Ain El Hammam. Loin des yeux, ignoré des autorités après le départ en retraite de Nna Taous, le centre commença à péricliter. Il ne reste du tapis de Ouaghzen que le nom. Plus aucun tapis n’y est tissé. Ayant perdu l’objectif pour lequel il a été créé « l’artisanat » n’est plus qu’une banale annexe du centre de formation professionnelle. Le tapis, dont la valeur culturelle est inestimable, mérite d’être distingué des autres activités du CFPA. Cet art si cher à la région, faisant partie du patrimoine culturel national, ne doit pas disparaître. Il est temps de le ressusciter, tant que les anciennes tapissières sont encore en vie pour transmettre le flambeau.

A.O.T.

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