Le rond-point Matoub inauguré à Massy

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La cérémonie a eu lieu en présence du maire et sénateur de la ville, Vincent Delahaye, de la famille du chantre, notamment sa mère et sa sœur Malika, d’artistes kabyles dont Idir et Takfarinas, et de nombreux anonymes admirateurs du rebelle.

Le froid glacial de cette matinée du samedi dernier n’a pas empêché des centaines de personnes à venir dans la ville de Massy (région parisienne) pour assister à l’inauguration du  rond-point Matoub Lounès. Profitant de la commémoration du 59ème anniversaire de la naissance du Rebelle, l’association franco-berbère de l’Essonne avec le concours de la municipalité de Massy ont rendu un vibrant hommage au chantre de la cause berbère qui a fait de son combat pour la liberté d’expression et la démocratie un engagement indéfectible.Cette célébration s’ajoute à la liste des nombreuses villes de France qui ont dédié une place ou une rue à la mémoire de Matoub. Au cours de cette cérémonie, les orateurs ont salué la mémoire de Lounès en rappelant son attachement à sa langue et à sa culture ainsi que son dévouement pour les valeurs d’humanisme tout en le qualifiant de symbole de lutte pour la démocratie.  Pour Madame Ferroudja Debbi, présidente l’association franco-berbère, le souvenir de Lounès est toujours vivace en chacun de nous. « Cet hommage est un devoir de mémoire, parce que, tout au long de sa vie, Lounès a refusé de se soumettre à ceux qui voulaient le faire taire. La pose de cette plaque dans ce pays de liberté est un acte fort et émouvant qui reconnaît, par-là le combat d’un homme épris de justice, un artiste connu et reconnu », dira-t-elle. Malgré ses ennuis de santé Na Aldjia, la mère de Matoub, a tenu à assister à la cérémonie. En s’adressant à l’assistance, elle a remercié tous ceux qui œuvrent à perpétuer le combat de Lounès. « Autant que vous êtes ici, vous représentez à mes yeux, les frères et les enfants de Lounès. Votre présence m’apporte un réel réconfort et m’apaise beaucoup », lancera-t-elle à l’assistance. La voix retentissante, Na Aldjia entonne un poème qui illustre bien la douleur d’une mère après la perte de son enfant chéri. Pour sa part, Malika, sœur de Lounès et présidente de la Fondation Lounès Matoub, a salué l’initiative de la mairie de Massy ainsi que le travail de l’association. « Lounès savait qu’il était visé mais il a été au bout de ses idées, de sa soif de liberté au péril de sa vie », dit-elle en ajoutant : « aujourd’hui, on est rassuré de voir que son sacrifice n’est pas vain ». Malika a fait un parallèle avec la triste actualité française en disant : « nous comprenons et partageons la douleur et la révolte suite aux derniers évènements qui se sont déroulés en France pour les avoir vécu dans notre propre chair ». Dans son allocution, Vincent Delahaye, Sénateur-Maire de Massy, est revenu sur le sens et l’engagement de sa municipalité de baptiser ce lieu au nom de Matoub Lounès. C’est, pour lui, une occasion de rendre hommage à la liberté d’expression, à la démocratie, à la laïcité à la culture berbère et au courage des gens qui ont donné leur vie à cette cause. En rappelant le triste sort de Lounès, le Sénateur-Maire a indiqué que « Matoub est aujourd’hui le symbole de lutte pour ceux dont les droits sont bafoués ». Pour lui, « Il a acquis le statut de martyr pour tous ceux qui se revendiquent de son action et de ses idées. Son assassinat d’il ya 17 ans et ceux perpétrés dernièrement en France prouvent que les fanatismes d’où qu’ils proviennent sont hélas présents et qu’il faut être vigilants pour s’en préserver ». C’est là que les élus républicains, les bénévoles associatifs et l’ensemble des citoyens ont un rôle collectif à jouer pour promouvoir le respect, la tolérance et le vivre ensemble ici et ailleurs. Parmi les chanteurs présents, Idir et Takfarinas ont, chacun à son tour, souligné la ténacité de Lounès et son intransigeance pour la défense de sa culture. Ils voient dans cette action la possibilité de créer un pont de lumière dans lequel Lounès rayonnera pour toujours. Avant de dévoiler la plaque commémorative, le Sénateur-Maire a remis une réplique de cette dernière à Na Aldjia en guise de souvenir de cette cérémonie qui laissera une empreinte visible de l’immortel Matoub Lounès.

De Paris Tahar Yami

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