L’héritage au féminin dans la société algérienne

Partager

Il y eut une grande foule au Théâtre régional de Béjaïa  jeudi soir, lors de la représentation de la générale de la pièce de théâtre de Walid Bouchebbah, coproduite par la coopérative Banat Haoua et le Théâtre Régional de Béjaïa.

La pièce est une adaptation d’une œuvre de Federico Garcia Lorca, poète et dramaturge Espagnol. Il s’agit de l’histoire d’une famille qui est confrontée au problème d’héritage, régit par la loi algérienne, d’où le titre de l’œuvre. La mère de famille se retrouve veuve avec trois filles, sans descendant mâle. Ce qui restreint considérablement ses droits de succession. À l’extérieur, la famille veut récupérer l’héritage ; mais, à l’intérieur, la mère décide de se battre, en résistant à son environnement. Elle ferme les portes de la maison et décide de ne plus en sortir, et d’y vivre avec ses trois filles. Mais ces dernières, du moins les deux plus jeunes, ne l’entendent pas de cette oreille. À leur façon, elles organisent la résistance à leur mère autoritaire qui décide tout pour elles. La maman déclare que, désormais, elle est la femme et l’homme dans la maison. C’est elle qui décide. Ses filles n’ont qu’à obéir. La pièce est jouée par des actrices de talent. Tout comme Walid, elles ont fait des formations en arts dramatiques ; ce qui explique leur maîtrise du jeu sur scène. Fatiha Ouared, Nassima Adnane, Lamia Kehli et Zineb Ahmadou campent avec brio les rôles qui lui ont été attribués. Sur fond de décor simple mais suffisant, cette pièce, qui est basée sur le dialogue plus que sur le jeu corporel, a développé un scénario cohérent et homogène. Ce qui a quelque peu gâché quelque peu l’ambiance fut les bruits émanent de la salle. Des enfants qui crient ou qui pleurent, des téléphones qui sonnent, et même des commentaires et des sifflements. Le public composé aux trois quarts de femmes, premières concernées par le sujet développé par la pièce, a montré beaucoup d’intérêt et a énormément applaudi les acteurs. Pour une générale, la représentation de jeudi dernier était très bien jouée. Même si, à certains moments, il y a eu quelques décalages entre la scène et la très belle musique remplissant essentiellement les entractes. D’un autre côté la pièce atteindra certainement sa maturité avec le temps, lorsque les mécanismes seront complétement huilés. Ladite pièce a été préparée pour être présentée au Festival du théâtre féminin qui se déroulera au printemps prochain à Annaba. Il est à regretter de constater l’absence d’officiels à cet événement qui, pourtant, honore pleinement la ville de Béjaïa. Les producteurs et acteurs auraient certainement été heureux d’être encouragés par les responsables politiques et culturels de la ville et de la wilaya, pour leur donner le courage nécessaire et l’assurance de se savoir soutenus. Mais, au final, dans les arts et les spectacles, celui qui compte vraiment aux yeux des artistes, c’est le public. Et il a été à la hauteur pour cette avant-première. Nous regrettons aussi le fait qu’aucune conférence de presse n’ait été organisée à l’issue de la représentation. Nous aurions souhaité en débattre quelque peu, pour avoir quelques éclaircissements sur des détails qui nous auraient aidés à mieux comprendre les conditions dans lesquelles se sont déroulées la préparation du travail et sa mise en scène. Le travail qui attend l’équipe de « Article 146 » est encore important. Il faudrait continuer à la soutenir et l’encourager par tous les moyens. Le sujet abordé demeure délicat, et le mettre sur les planches a demandé un courage particulier, que l’auteur et les producteurs ont su relever avec finesse.

N. Si Yani

Partager