Akli Yahiaten subjugue l'assistance

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Le grand chanteur kabyle Akli yahiaten était au rendez-vous avec ses fans, dans la soirée de samedi, à la maison de la culture Rachid Mimouni de Boumerdes.En quelques minutes seulement, l’artiste de 82 ans a conquis l'assistance. A vrai dire, Akli Yahiaten n'a pas un simple public de mélomanes, mais plutôt des adeptes. Et il le sait bien.

Dans ses galas, il est face à différentes générations, des deux sexes, qui s’inspirent de ses chansons dans leur vie quotidienne. N’est-il pas l’un des premiers artistes algériens à avoir décrit les souffrances de nos concitoyens sous le joug du colonialisme, les souffrances de l’exil, des déchirements familiaux induits par l’émigration, en plus d’autres thèmes sur l’émancipation de la femme et l’amour ? Jeunes et vieux, en accord parfait, ne peuvent que répondre par l’affirmative, puisqu’ils réclamaient tous ses anciennes chansons, qu’ils reprenaient d’ailleurs superbement avec lui. Vers 23h30, le wali Kamel Abbas, et le président de l’APW, Ziane Khodja, ont tenu à l’honorer, en l’habillant d’un burnous et en lui remettant son portrait peint, ainsi qu’une attestation de reconnaissance, sous les applaudissements et les youyous. Gardant le burnous, il interpréta alors, pour cette commémoration de la fête de l’indépendance et de la jeunesse, sa chanson intitulée « a y a raou el Djazair ilikoun dhi themathene » (Enfants d’Algérie demeurez frères).

Ce titre patriotique sera aussitôt suivi de sa mémorable chanson  »El menfi » (le banni), laquelle décrit les atrocités vécues par les détenus et les déportés algériens sous l’occupant français. «Mais chantez-là avec moi», a-t-il suggéré à l’assistance. Le refrain ‘’Goulou El Yemma ma tebkiche y a el menfi , goulou el baba ma yasksiche rani rayah ma nelweliche’’ fut repris par des centaines de voix, ce soir-là sur cette esplanade de la maison de la culture. Même communion des hommes et femmes, jeunes et vieux, avec le grand artiste, qui avait durant une heure plus tôt, avant l’arrivée du wali, interprété aussi ses plus belles chansons, entre autres celle traitant des droits de la femme face aux espiègleries de certains hommes, au milieu des années soixante, donc bien avant l’ère du féminisme.  »A minigh Awal fehmith dhi el koutub kethbit a Fatima » résume bel et bien une telle philosophie, et l’assistance l’ayant bien sûr également appréciée ne put s’empêcher de fredonner les refrains de ce morceau. Akli Yahiaten a puisé aussi dans son répertoire d’autres chansons sur les douleurs de toute séparation, pas seulement celle de l’émigration, avec pour l’exemple ‘’El firak bezzaf yaouer guer la hbab mamawalafen’’, ainsi que celles se rapportant à l’amour et l’ambiance des fêtes traditionnelles, avec une sonorité musicale berbère du Rif marocain.

Revenu après une pause d’une demi-heure, comblée par son replaçant Hçene Azim, l’artiste reviendra sur scène pour gratifier l’assistance avec son autre chanson inoubliable  » Azrigh a zine dhi Michelet. Il s’agit, en fait, selon le contenu de cette chanson de la beauté de la femme algérienne, puisque son auteur ne s’était guère limité à la géographie de Aïn-EL hammam, de Béni Yenni, d’Aït Ouacifs, citant également d’autres coins de la capitale et de Blida. Ce fut une agréable soirée musicale, en dépit de la fausse note du début de la soirée, lorsque des organisateurs, prétextant la réservation d’un carré aux responsables locaux, avaient voulu empêcher plusieurs familles de prendre place.

Salim Haddou

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