Une soirée complètement déjantée

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En purs produits de l’émission télévisée «Alhan Wa Chabab», Jugurtha Adjarad, dit Youba, et Ameur Djelid ont vu leurs chemins se croiser de nouveau avant-hier soir à la Maison de la culture de Bouira.

La rencontre était conviviale, car les deux jeunes chanteurs se connaissent et s’apprécient mutuellement. Cependant, comment ne pas voir dans cette soirée complètement déjantée que les deux artistes étaient lancés encore dans une sorte de compétition, avec pour enjeu le public? Dès lors, les deux chanteurs qui les avaient précédés avaient donné le sentiment qu’ils faisaient simplement de la figuration. La soirée pour le public, comme pour nous d’ailleurs, a commencé réellement à 23h30 avec Youba et Djelid. Accueilli par une forte ovation au moment où il montait sur scène, Djelid a placé tout de suite la barre très haut. Sa première chanson «Sab Errachrach» empruntée au répertoire staïfi, a tout de suite emballé la salle. Sur le même rythme entraînant s’en était suivie «Yassamra Choufi Ouach Sar», une chanson du style naïli, de sa composition. Allant toujours crescendo, il en a eu d’autres sur différentes musiques, mêlant le staïfi et le marocain.

Lorsque l’orchestre s’est tu, le public, se sentant frustré avait réclamé d’autres chansons. Mais, tenu de respecter le temps fixé à sa prestation, l’ancien élève de «alhan Wa Chabab» avait été obligé de s’arrêter là malgré les appels des spectateurs à continuer. Auteur de deux albums, l’un naïli et l’autre staïfi, cet artiste qui chante aussi le kabyle et le chaâbi a eu le premier prix national dans la chanson sahraouie. « Mon oncle était musicien et composait pour moi des airs sahraouis », nous confiait-il à part. L’autre oncle chantait aussi. Comme quoi, ce jeune artiste à la moustache et à la taille si fines, serré dans un jean étroit, est né comme Youba, dans une famille d’artistes. Mais à la différence de ce dernier, il est resté en Algérie qu’il a sillonnée en tous sens, ses tournées l’ayant porté d’Alger à Oran, de Biskra à Tamanrasset et de M’sila à Mostaganem. La question qui se posait après une si brillante prestation, était de savoir comment ferait le chanteur qui allait succéder à un tel prodige pour se maintenir à sa hauteur. Seulement voilà Youba est lui aussi un jeune prodige. Ainsi, la question de niveau s’est trouvée résolue.

Et en matière de compétition, ce chanteur qui vit actuellement entre Bouira, le Liban, la Turquie et Dubai, en a vu d’autres. Dans celle qui l’a opposé à 50 000 participants à l’émission «Arab Idol», il a été finaliste. Il a été d’ailleurs connu de toute la salle, qui l’a acclamé dès qu’il a fait son apparition. Ce garçon qui garde de son enfance la grâce jusqu’à cette coupe de cheveux tirant sur le roux ainsi que son bouc, a la voix la plus sonore et la plus mélodieuse. On sent qu’elle est faite pour accompagner les plus belles musiques et les plus beaux instruments. «Je chante des variétés algériennes. Mais je peux chanter dans n’importe quelle langue, arabe, kabyle, français, anglais», affirmait-il ce soir là. D’entrée de jeu, il assénait «El Marsem», enchaînant avec «Oufirth» et «J’en ai marre». La salle s’enflammait aux quatre coins. C’était un déferlement de paroles, de musiques, de mouvements rythmés, de danses. Les spectateurs se déchaînaient.

Combien de fois les fans avaient forcé leur idole à chanter encore alors que le temps accordé était terminé ? La soirée s’est achevée sur deux chansons chaouies Djamalla et Attini Charka, sous un tonnerre d’applaudissements. Quand il nous avouait en marge de cette superbe soirée qu’il était issu d’une famille d’artistes et qu’à cet égard, il avait dès son plus jeune âge baigné dans la chanson, nous voulons bien le croire. Le succès qu’il vient de remporter, ce soir, haut la main témoigne de son talent et de son génie artistique. Considéré comme l’artiste 2014 en Algérie, Youba qui se dit l’ami de Takfarinas et son admirateur, prépare prochainement un single. Il en travaille l’arrangement avec un Turc d’origine bulgare, un turkmène, en l’occurrence Mourad Sakariali. C’était pour le rencontrer en Turquie qu’il a quitté dernièrement Dubai. Quelle importance qu’il n’ait pas encore son album ?

Les chansons des autres qu’il interprète à ravir, ravissent, elles, le public, qu’il soit libanais, arabe, kabyle ou chaoui. «Je chante toutes les chansons et tous les styles, tels que mes fans les connaissent à travers mes prestations», nous assurait-il à ce propos.

Ce qu’il faut noter est que cette soirée est la première à être organisée en salle depuis que la Direction de culture a décidé de ne plus donner de spectacles en plein air, à cause des citoyens qui se plaignaient du bruit.

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