Bienvenue à Bougiewood

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Alors qu’elle se fait de plus en plus connaître dans le monde du septième art grâce aux rencontres cinémato-graphiques, ces derniers temps, Béjaïa assiste au développement discret mais réel d’une activité cinématographique de dimension internationale.

En effet, pendant que Mohamed Yargui est parti en Tunisie pour finaliser certains éléments techniques relatifs au film qu’il a réalisé à Béjaïa, intitulé «Je te Promets» et qui va sortir dans les prochaines semaines, MHP, la maison de production cinématographique de Moussa Haddad, associée avec le portugais Pedro Bento, a commencé la semaine dernière le tournage de la partie algérienne du film intitulé «Zeus», relatant la vie de l’ancien président portugais, Manuel Teixiera Gomez. C’est Paulo Filipe Monteiro qui est l’auteur et qui est chargé de la réalisation de ce film. Il a travaillé sur ce projet pendant sept ans et a rédigé le scénario de la partie portugaise, confiant à MHP la rédaction de la partie algérienne. Manuel Teixiera Gomez était un président portugais des années vingt du siècle dernier. Artiste, écrivain et collectionneur d’Art, en même temps qu’il était le président de la République Portugaise, il décide subitement de démissionner de son poste de chef de l’Etat et de quitter son pays. Ne pouvant pas voyager en avion à cause de sa santé fragile, il décide de prendre le premier bateau quittant le Portugal. Il s’embarque alors dans un cargo à destination de l’Afrique du Nord, le «Zeus». Après moult pérégrinations, il s’arrête à Béjaïa qui le subjugue. Il y a passera le restant de ses jours jusqu’à sa mort. Le film de Paulo Monteiro a l’ambition de retracer la vie de ce grand homme. Le tournage a été effectué au Portugal, et il ne restait plus que la partie algérienne. Depuis la semaine dernière, le réalisateur et son équipe se sont déplacés à Djanet pour tourner la première partie du film. En effet, l’ancien président portugais avait visité le grand Sud algérien avant de s’installer à Bougie, ville qu’il a encensée dans ses écrits. Après Djanet, c’est à l’hôtel de l’Etoile, à la place Gueydon à Béjaïa que l’équipe a déposé ses caméras. C’est dans cet hôtel qu’a vécu Teixeira Gomez pendant une douzaine d’années. Les décors ont donc été reconstitués, jusqu’aux détails de la réception, et de la célèbre chambre numéro treize. C’est à l’acteur portugais Sinde Filippe qu’a échu l’honneur de camper le rôle de l’ancien président. Il sera accompagné d’Idir Benaibouche qui va jouer le rôle d’Amokrane, le majordome du président. Ainsi, le tournage a bien commencé malgré les conditions météo défavorables qui vont obliger le réalisateur à modifier la programmation pour tourner les extérieurs dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, les bougiotes vont avoir la surprise de rencontrer les équipes en plein tournage sur la Place Gueydon, à la Corniche, et dans différents endroits de la vieille ville. Le théâtre sera également sollicité pour abriter le tournage d’un certain nombre de scènes.

La langue de tournage est principalement le portugais au début du film, puisqu’il se déroule au Portugal. Pour la partie algérienne, ce sont les langues française et kabyle qui vont être à l’honneur. Il y aura bel et bien des dialogues en kabyle, et même quelques mots dans cette langue qui vont être prononcés par l’ancien président, dans ses nombreuses discussions avec Amokrane. La sortie du film est prévue pour le début de l’année prochaine, sans qu’une date définitive ne soit encore arrêtée. Toujours est-il qu’il est prévu une grande projection à Béjaïa même dès sa sortie. Ce film est de nature à faire connaître la ville de Béjaïa dans tout le monde lusophone, notamment le Portugal et le Brésil. Le film sera également doublé dans d’autres langues, comme l’anglais et l’espagnol. Tout en faisant connaître la vie de ce grand homme, «Zeus» va aussi devenir une exceptionnelle opportunité de faire connaître Béjaïa, et la vie de l’Algérie des années trente avec ses spécificités culturelles- dont la langue kabyle-, ses combats politiques pour l’indépendance de l’Algérie et la grande misère d’un peule écrasé par la puissance coloniale, un siècle après son invasion de notre pays. Cette association entre producteurs portugais et algériens est donc une excellente expérience qui restera à encourager, d’autant plus que l’Algérie, et Béjaïa en particulier, regorgent de potentialités cinématographiques qui ne demandent qu’à être exploitées. D’ailleurs, c’est Paulo Monteiro, le réalisateur portugais qui a lui-même baptisé la ville de Béjaia, «Bougiewood».

N. Si Yani

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