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Bouira Une soirée au cinéma

«Parker, gentleman cambrioleur»

1926
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Dans la salle plongée dans le noir et le silence, un détail manquait, jeudi dernier. Ce détail était de taille. Sans lui, la séance de cinéma programmée cet après-midi-là risquait de n’en être pas une : le crépitement de la pellicule lors de la projection ! Heureux le temps où ce petit bruit qui revient à intervalle régulier quand cesse sur l’écran toute source sonore que nous sommes au cinéma et que, installés confortablement dans un fauteuil, nous prenons nos aises. On objectera : le lecteur DVD, ce n’est pas mieux ? Sans doute ! Mais le cinéma a ses rites. Et il faut savoir y sacrifier. C’est comme le livre numérique : on a beau faire, il ne sentira jamais l’encre et le papier. Le progrès a tué certains plaisirs. Celui du ronronnement de la bobine qui se déroule pendant la projection est celui-là. On se demande pourquoi le réalisateur ne l’a pas appelé Arsène Lupin, tant Parker, le héros du film qui fut projeté ce jeudi après-midi, lui ressemble ! Il est fort et intelligent comme lui, il est cambrioleur comme lui, et il a autant de classe que lui. En tout cas, si Maurice Le blanc était encore de ce monde, il n’aurait pas été fâché que son héros ait un sosie sur les écrans. Comme le héros de la Bouche de cristal, Parker a le sens du déguisement. Blond, quoi que les mèches commencent à virer au gris, les lunettes chevauchant un tarin en harmonie avec le reste du visage, la taille haute et souple dans un complet impeccable, une valise diplomatique, il détonne presque dans cette fête foraine. L’ambiance en tout cas est festive et notre héros prend plaisir à prendre pour cible des baudruches qu’il fait éclater avec des fléchettes. Il gagne un ours en peluche dont il fait cadeau à une fillette accompagnée de sa mère.

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Il entre ensuite au bureau de consignation pour déposer sa valise. Et puis, tandis que le bruit ambiant de la foire couvre tout, l’homme entre en action avec ses complices. Tous les agents sont maitrisés en un tour de main. En désaccord avec le reste de la bande, il est abandonné pour mort au bord de la route. Secouru et soigné par une jeune fille, il quitte Ohio pour s’installer à Palm Beach. Une vie de Nabab commence. Leslie qui travaille dans une agence immobilière entre en scène. Parker réussit entre temps quelques jolis coups qui lui permettent de maintenir ce rang princier. Un policier fait la connaissance de Leslie. On a pu croire un instant que le film allait basculer, prendre un sérieux virage. Pas du tout. Parker aura le contrôle de la situation jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la liquidation du dernier membre de la bande. L’habileté prodigieuse avec laquelle il croche les serrures, dont il se sert pour ouvrir les coffres forts, la façon avec laquelle il piège ses ennemis renvoie parfaitement aux géniales méthodes d’Arsène Lupin. Le dernier cambriolage illustre parfaitement cette thèse. Non seulement il parvient à reprendre tous les joyaux volés dans une bijouterie, mais il liquide du coup les trois derniers membres de la bande, ceux qui lui avaient donné du fil à retordre.

Leslie et Parker se séparent. Mais à peine rentrée chez elle, voilà le facteur qui frappe à sa porte. Vous pensez que c’est un inspecteur de police ? Non, c’est un vrai facteur. Il lui remet deux colis et se retire poliment. Leslie ouvre le premier, des liasses de billets de banque s’en échappent… ! Sourire, joie qui augurent du retour imminent du cher absent.

La soirée est mieux que celle de la semaine dernière. L’acteur, Jason Statham, n’est pas connu du public. Mais Jennifer Lopez, si. On peut même prendre le film autrement. Une fille belle et brillante qui vit encore chez ses parents. Travaillant dans une agence immobilière, elle tombe sous le charme d’un beau garçon qui la comble de cadeaux royaux. Jusqu’au jour où celui-ci rentre avec de graves blessures. Ce jour-là le policier qui se présente chez la jeune fille, est à deux doigts de découvrir Parker, réfugié dans le débarras et tout couvert de sang. Mais elle, faisant preuve d’un incroyable sang-froid, elle parvient même à effacer, sous le nez du jeune policier, les traces de sang laissé sur le parquet par le blessé. Elle va même aider Parker à tuer un des trois bandits, comme celui-ci, la menaçait de viol. Chacun peut donc prendre ce film par où ça lui plait de le prendre. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui veulent oublier cet Arsène Lupin des temps modernes pour accorder le beau rôle à Leslie, ne le regretteront jamais. Jennifer sortait vraiment de l’écran. Elle l’explosait littéralement…

Quoi qu’il en soit, cet après-midi pluvieux a même pu rassembler quelques spectateurs qui augurent d’un retour timide au cinéma. Mais à notre avis pour que le septième art acquière totalement ses lettres de noblesse, il faudrait penser à inclure ce détail important cité plus haut et sans lequel le cinéma ne serait pas tout à fait le cinéma.

Aziz Bey

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