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Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou : La littérature francophone en débat

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Le département de langue et littérature françaises de la faculté des lettres et des langues de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a organisé un colloque national abordant la thématique des écrits algériens nés après le départ des colonisateurs, soit à partir des années 50 à nos jours, et dont les communications ont été réparties sur deux jours, hier et avant-hier.

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Parlant littérature, en effet, les initiateurs de la rencontre littéraire entre étudiants et enseignants au département de langue et littérature françaises se sont référés aux mots de Jeans El Mouhoub Amrouche que nous avons lus sur la copie du programme du colloque qui nous a été remise. «Tout ce que je pourrais dire durant ma vie, paroles de bouches ou paroles écrites, ne serait jamais que l’expression d’un discours antérieur à moi, nourri par une tradition, une sagesse, une conception de la vie, de l’homme qui sont les trésors inaliénables et sacrés de mon peuple», citent les organisateurs du colloque. Partant de ce principe développé dans cette citation de l’auteur du «Grain magique», un principe qui voit, selon les conférenciers, que les hommes de lettres n’écrivent que pour dire leurs sociétés, leurs appartenances culturelles et religieuses, les communicants, issus de différentes universités algériennes, telles celles de Batna, Oran et Tizi-Ouzou entre autres, ont tenu à donner des interprétations à certaines œuvres littéraires écrites par des auteurs algériens notamment en langue française. Transmis dans un autre code que celui des Algériens, à savoir la langue française, les conférenciers disent que ce qui est présenté dans les textes c’est bien un quotidien algérien par opposition aux écrivains qui développaient des idées de l’assimilation durant les années 20. Dans cette optique, M. Aït Challal, enseignant au département de français de l’université de Tizi-Ouzou, est revenu dans sa communication à «Nedjma», l’œuvre de l’écrivain algérien de langue française Kateb Yacine, parue en 1956. Pour le conférencier, Kateb écrit non seulement dans l’objectif de crier la condition humaine de la société algérienne à l’époque des années 50 encore sous la colonisation française, mais l’écrit de Yacine est carrément un déconstructeur du discours colonial. «D’abord, Nedjma est un poème, vu la bonne présence du lyrique dans cette œuvre. Elle est aussi un roman, car elle développe une intrigue, des personnages à la recherche d’une quête. C’est aussi une épopée où les personnages quittent leur pragmatisme et espèrent», dira le conférencier avant de développer : «Nedjma, œuvre polysémique qu’elle est, est une femme que désirent les acteurs de Kateb, chacun la voulant pour soi. Cette même Nedjma, on la reconnaît par la suite en lisant, est le symbole de la mère patrie que les protagonistes de Yacine désirent avoir». Sur l’origine de Nedjma, la femme, l’orateur dira : «On ne sait qui est le père de Nedjma. Peut-être Sidi Ahmed, Si Mokhtar, Rachid, ou encore le puritain. Quatre personnages dans le roman qui ont tous eu des relations sexuelles avec une française, une française juive. Nedjma, elle-même a des relations sexuelles avec des jeunes de son âge, sauf que ces jeunes pourraient être ses frères», ajoute le conférencier lorsqu’il met l’accent sur le thème de la pureté du sang que Kateb Yacine a développé selon lui, d’une manière littéraire très profonde. Outre cette communication, d’autre n’étaient pas moins riches. Prenons aussi celle traitant de «L’impact de la colonisation sur le théâtre africain francophone (des années 30 aux années 60)», développé par Malika Dahou de l’université de Mostaghanem. «Le théâtre, après avoir été développé dans les rues en public d’une manière très spontanée, a été revu et refait d’une autre manière après l’arrivée de la colonisation en Afrique. Avant la colonisation, tous les Africains jouaient au théâtre, tous y avaient accès», dira la conférencière qui ajoutera : «Un laboratoire de théâtral avait été mis en place au Sénégal par Wiliam Ponty en 1930. Ce dernier fit avancer le théâtre dans ce pays, mais au détriment de la classe paysanne du pays, puisque les classes basses n’avaient plus droit de jouer du théâtre ni même d’y assister». La conférencière conclut : «Il s’agit là d’une sorte de colonisation du théâtre africain par des occidentaux». A noter par ailleurs que d’autres communications ont été animées, hier, deuxième journée du colloque.

Noureddine Tidjedam

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