Hommage au militant Ahcène Taleb

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Les comités et les associations culturelles n l’Aarch Aït Abdelmounène s’apprêtent à commémorer, le week-end prochain, le premier anniversaire de la mort d’Ahcene Taleb.

Voilà déjà un an que disparaissait ce grand militant de l’amazighité et de la démocratie. Ahcene Taleb nous a quittés, mais son souvenir est toujours présent. Sa famille, ses amis regrettent la perte d’un homme respectueux et respectable, un exemple de bravoure et de sagesse.

Sa famille a certes perdu un être cher, mais l’estime et la considération que continuent à lui vouer ses amis sont des motifs de fierté pour ses proches. Il était apprécié pour son humanisme et sa modestie. Il était consciencieux dans son travail, sincère en amitié et, auprès de sa famille, il était présent et affectueux.

Nombreuses sont les personnes qui gardent dans leurs cœurs cette force tranquille qu’il était, cet homme qui n’aimait pas déranger mais qui était déterminé et toujours fidèle dans ses engagements. Ahcene Taleb est né le 18 janvier 1955 à Aït-Abdelmoumène (Iwadhiyene). Issu d’une famille modeste et aîné d’une fratrie de six enfants, Ahcene a très tôt pris conscience de la charge qu’il devait assumer durant toute sa vie.

En 1962, comme tous les enfants nés pendant la guerre de libération, il rejoint les bancs de l’école primaire d’Ait Abdemounène. Élève studieux et appliqué il se distinguait rapidement par ses excellents résultats. Il avait passé avec succès l’ensemble des paliers de l’éducation, primaire, moyen au lycée Amirouche de Tizi-Ouzou et secondaire au lycée Technique d’Etat de Dellys.

Lauréat du baccalauréat en 1975, avec mention très bien, il poursuit ses études à l’école polytechnique de montréal où il obtient son diplôme d’ingénieur en mécanique en 1980. Durant cette période, il a contribué avec notamment Amar Ouerdane, à la création de la première association socioculturelle berbère du Canada.

De retour en Algérie, il intègre, comme ingénieur, l’entreprise Sonatrach à Hassi Messaoud. Après trois années passées dans le sud, il obtient un poste d’enseignant à l’université de Tizi-Ouzou. C’est dans ce bastion des luttes pour la sauvegarde de l’identité amazighe et pour la défense des libertés démocratiques qu’il va exceller dans son militantisme. Il joignait sa voix, sa force et sa clairvoyance à celles de ses camarades de l’université. Il était de tous les combats d’avant et après le printemps berbère.

En 1985, il soutient les détenus de la première ligue des droits de l’homme et leurs familles en leur rendant souvent des visites. Il a participé activement à l’organisation du 2ème séminaire du MCB et à la grande marche devant l’APN à Alger le 25 janvier 1990. C’est à son domicile que plusieurs numéros de la revue Tafsut sont tirés clandestinement. Il a également joué un rôle lors des négociations avec les institutions nationales sur le devenir de l’enseignement de tamazigh, notamment après la grève du cartable.

Il a participé avec ses amis Achab et Agoune à la création de l’édition Tira où ils rééditent 2 titres du FDB : L’histoire de Kabylie et la monographie villageoise Taguemout Azzouz et Ait Yanni. En 1996, il part en France et s’inscrit à l’Inalco pour une thèse de doctorat en linguistique berbère avec comme sujet d’étude les locutions kabyles. Après avoir retrouvé une stabilité professionnelle et familiale, ce qui lui aurait permis d’œuvrer davantage, la maladie qui le rangeait a eu raison de lui. Ahcene Taleb s’était éteint le 31 mai 2015 dans un hôpital de la région parisienne.

Pour rappeler au souvenir de cet être plein d’humilité sa famille, ses amis et les citoyens d’Ait Abdelmoumène appellent à une journée de commémoration le samedi 28 mai. Ce jour-là,; comme le souhaitent les organisateurs de l’événement, sera l’occasion de se recueillir dans la dignité de rappeler, au travers de témoignages et d’une exposition de photos et de documents, le parcours et l’engagement de ce militant pour la culture et la démocratie qu’était Ahcene Taleb.

Ce sera également l’occasion de présenter son livre Ayt Abdemounen, repères historiques. Ce livre préfacé par Arab Sekhi et édité à titre posthume aux éditons Achab est, depuis quelques semaines, disponible dans les librairies.

Parlant de son père, Massine, l’aîné des trois enfants d’Ahcene Taleb écrit à partir des Etats Unis d’Amérique où il poursuit ses études à l’université UCLA de Los Angeles : «le combat que mon père a mené ce n’est pas seulement celui de l’humanisme face au mépris, de la modération face au tapage tonitruant, de l’honnêteté face à la lâcheté mais c’est aussi le combat pour qu’enfin les fils et filles de Tamazgha aient confiance en leur avenir».

Pour de la cérémonie qui aura lieu à Ait Abdelmounène et à laquelle il regrette de ne pas pouvoir y prendre part, Massine ajoute : «ce que mon père aurait voulu, je le sais, c’est un recueillement digne et discret dans sa montagne, lui qui était si humble».

Tahar Yami

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