“Raconte-Arts est un Festival original”

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Hacène Metref est président de la Ligue des arts cinématographiques dramatiques de Tizi-Ouzou. Il est cofondateur, avec Denis Martinez et Salah Silem, du Festival Raconte-Arts. Dans cet entretien, cet animateur culturel et conseiller pédagogique parle des éditions précédentes dudit festival, et évoque les objectifs assignés à cette édition de Souamaâ.

La Dépêche de Kabylie : Quel bilan faites-vous des précédentes éditions de Raconte-arts?

Hacène Metref : c’est un festival qui monte en puissance. On a démarré la première édition à Ath Yenni, une édition magique et magnifique. Cette réussite a donné le La et nous a encouragés à aller de l’avant. Depuis, le festival voit ses rangs grossir de plus en plus. On enregistre, également, un engouement de la population de Kabylie à ces activités dans le sens où beaucoup de localités nous proposent leurs candidatures. Actuellement, on est à 350 participants dont plus de 50 artistes étrangers de différents pays et nationalités. Donc, ça commence à se diversifier. Raconte-arts est un festival original et singulier, on voit rarement des activités comme celles qui se déroulent à Raconte-arts, des activités de rue et autres. Pour ce qui est du bilan, je dirai même qu’une certaine angoisse m’envahit chaque année, tellement le festival n’arrête pas de prendre de l’ampleur et du fait que nos moyens, qui sont vraiment limités, peuvent ne pas répondre aux attentes des festivaliers. Donc, si on prend ces choses comme critères et surtout l’intérêt que les gens accordent à ce festival, le bilan ne peut être que positif.

Et comment se fait le choix des villages et des sites ?

Au début, c’est nous qui choisissaient les sites où nous devions aller. Mais, depuis quelques années, ce sont les villages qui le demandent. Je peux annoncer, d’ores et déjà que la 14ème édition de Raconte-arts se déroulera à Ait Ouabane. Concrètement, le festival exige deux conditions seulement : prendre en charge les participants sur le plan hébergement et restauration. Les habitants doivent être prêts à accueillir ces festivaliers et s’impliquer de la manière la plus visible possible. Quand ces conditions seront réunies, nous passerons aux préparatifs, c’est-à-dire à des choses techniques, en organisant des visites et des rencontres entre les membres de Raconte-arts et les villageois. Cela se fait tout au long de l’année, et demande un certain temps de préparation, quand-même.

Quels sont les objectifs assignés à ce festival ?

Plusieurs cultures se côtoient, donc on donne à l’interculturalité tout son sens. Un festival de solidarité aussi, dans le sens où les festivaliers sont accueillis dans des maisons. Amener les villages à sortir des sentiers battus est également parmi nos objectifs. On peut accueillir de grands spectacles dans nos villages avec des moyens dérisoires. Il suffit d’avoir des idées, des convictions et des engagements pour les concrétiser. Et c’est tout cela l’esprit de Raconte-arts. Faire de ces espaces du village, comme tajmaɛt, des espaces de culture. Faire bouger, aussi, les inerties pour convaincre les esprits médiocres. Un travail de conscientisation qui se fait à moyen et court termes. Des personnes qui ont fréquenté ce festival commencent à se constituer en groupe. On peut même dire que ce festival est comme une pépinière de stars. Pour l’exemple, Celia Ould Mhand, qui a eu le premier prix d’Alhan Wa Chabab cette année, a chanté pour la première fois, dans ce festival à Ighil Bwammas.

D’après les médias, vous butez sur un problème financier. Comment comptez-vous le contourner ?

Oui, avec tout son succès, le festival n’est pas vu par les institutions. On n’a pas de subventions et pourtant, c’est un festival qui mérite d’être aidé. On tournait avec un budget de 20 millions de centimes, or, il nous en faut au minimum 200. Au moment où un peu partout, des festivals sont subventionnés à hauteur de 400 à 500 millions de centimes, nous, on se contente des promesses. Heureusement qu’il y a cette solidarité villageoise qui se manifeste pour pallier à ce manque.

Entretien réalisé par Hocine Moula

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