Tout est fin prêt !

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Les villageois d’Aït Abdelmoumène relevant de la commune de Tizi Ntléta, dans la daïra des Ouadhias, au sud du chef-lieu de Tizi-Ouzou, se préparent activement pour rendre un hommage à feu Ahcène Taleb, un des premiers militants qui a consacré une bonne partie de sa au service de tamazight.

Les organisateurs s’attellent à régler les dernières touches pour être au rendez-vous le jour de l’hommage, prévu les 19 et 20 mai prochains au niveau de l’école primaire du village.

«Nous comptons réussir cet hommage pour honorer la mémoire de Taleb Ahcène. Un homme qui a beaucoup donné à tamazight et au combat pour l’ouverture démocratique. Une pointure de rang national ne doit pas être oubliée car on ne pourra jamais avancer si on ne connait pas son passé», dira un membre du comité de village.

Les organisateurs ont tracé un programme qui débutera à partir du 19 mai. Il est tout d’abord question d’une exposition qui se tiendra à la cantine scolaire du village sur le parcours du défunt et de la vente du livre Ayt Abdelmumen, qui sera dédicacé par le fils du défunt.

L’association culturelle Ilmezyen Ussirem a également prévu plusieurs représentations théâtrales, des sketchs, de la poésie et du chant. Toujours dans la même journée, il est prévu un concours en tamazight avec la participation des écoliers du village. La jeunesse sportive d’Ait Abdelmoumène a également prévu des exhibitions.

Il sera aussi question de l’exposition du projet de la stèle dédiée à Ahcène Taleb. Un projet financé par l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou. La journée suivante sera consacrée au dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt. Des témoignages seront assurés par ses amis et ceux qui ont eu à travailler avec Taleb Ahcène.

Dans l’après-midi, il est programmé des projection-vidéos, du chant et du théâtre. Le chanteur Silem Hadj Chérif aura l’opportunité d’interpréter la chanson qu’il a consacrée au défunt pour terminer sur une note festive.

Qui est Ahcène Taleb ?

Ahcène Taleb est né le 18 janvier 1955 à Aït Abdelmoumène dans l’ex-commune des Ouadhias. Il était issu d’une famille modeste et aîné d’une fratrie de six enfants. En 1962, il entre à l’école comme tous les enfants de son âge, mais rapidement il se distingue.

Il était studieux, appliqué et ses résultats étaient toujours excellents. Il avait, donc, franchi toutes les étapes sans difficultés. En 1975, il obtient son Bac avec mention très bien. Il poursuit ses études à l’école polytechnique de Montréal au Canada, d’où il est sorti avec un diplôme d’ingénieur en mécanique, cinq ans après.

Il avait, d’ailleurs, contribué à la création de la première association culturelle berbère au Canada. En 1980, c’est le retour au bercail. Il intègre l’entreprise Sonatrach à Hassi Messaoud. Trois années passées dans le Sud, il décroche et devient enseignant à l’université de Tizi-Ouzou. Il s’engage alors corps et âme pour la sauvegarde de l’identité amazighe et les libertés démocratiques.

Il était connu pour la justesse de son jugement et avait tout fait pour préserver l’unité entre militants d’une même cause. Il a lutté contre l’effritement du mouvement culturel berbère. En 1985, il soutient les détenus de la première ligue des droits de l’Homme. Il a participé activement à l’organisation du 2ème séminaire du MCB et à la grande marche devant l’APN à Alger le 25 janvier 1990. Rappelons aussi que plusieurs numéros de la revue Tafsut ont été tirés chez lui à Tizgui (Aït Abdelmoumène).

En 1996, il part en France et s’inscrit à l’Inalco pour une thèse de doctorat en linguistique berbère avec comme sujet d’étude les locutions kabyles. Hélas, au moment où il pouvait encore produire davantage, la maladie ne lui a pas facilité la mission et a eu raison de lui. Il s’éteint alors le 31 mai 2015 dans un hôpital de la région parisienne. L’année dernière, son livre intitulé Ayt Abdelmumen a été édité à titre posthume.

Hocine Taib

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