«Mes tableaux sont des lettres au public»

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Djamel Talbi est un jeune artiste peintre qui expose actuellement ses tableaux à la maison de la culture de Tizi-Ouzou. Il nous a accordé cet entretien dans lequel il parle de sa carrière et de ses oeuvres.

La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Djamel Talbi : Je suis né le 18 avril 1976 à Sidi-Idir (Bordj Bou Arréridj). J’ai fait les beaux-arts de Mostaganem de 1998 à 2003, spécialité peinture. J’ai obtenu le certificat d’études des arts générales (CEAG) en 2002 et le diplôme des beaux arts en 2003. J’ai eu plusieurs distinctions et récompenses, notamment 3 Prix à Oran, Djelfa et Alger.

Quand avez-vous commencé à exposer ?

C’est à ma sortie de l’école des beaux-arts de Mostaganem que commence ma carrière artistique. J’ai exposé un peu partout en Algérie, à Tizi-Ouzou, Béjaïa, Mostaganem, Oran, Alger et Jijel. Puis, a partir de 2008, j’ai exposé à l’étranger, en Tunisie, au Maroc, en France et en Belgique, entre autres.

Vous êtes cette semaine à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Parlez-nous des tableaux exposés…

J’expose une cinquantaine de tableaux de peinture sur toile. Je peins essentiellement dans le style l’abstrait et semi-figuratif. La thématique de l’exposition est «Tibratin» (Les lettres).

Pourquoi ce thème spécialement ?

J’ai essayé de transmettre quelques messages aux visiteurs, Quant à l’interprétation, chacun est libre de faire la sienne. Dans la poésie, la littérature, la chanson et même la philosophie, les auteurs font passer des messages. Je peux donner plusieurs exemples : la lettre de Lounis Aït Menguellet, la lettre ouverte de Lounès Matoub, la lettre de Mohamed Ouali, etc. Et le message qui moi me préoccupe le plus, c’est «le vivre ensemble», sans entraves, sans violence, avec amitié, amour et solidarité… L’autre message c’est «vivre sa spiritualité», comme chacun la conçoit.

Quelles couleurs utilisez-vous le plus ?

Le plus souvent c’est le gris coloré. Cette couleur nous renvoie à la couleur de notre terre, à notre argile. C’est la couleur de la pierre, la couleur d’origine.

Parlez-nous de ce tableau…

Côté couleurs, j’ai utilisé celles du tapis de notre région, celles de la «fouta» de la femme kabyle. Côté thématique, j’y parle de l’identité algérienne en général, je l’ai intitulé «Sagesse».

Et ce deuxième tableau ?

Celui-là traite de la violence sous toutes ses formes : conflits familiaux, de générations, conflits politiques… Nous voyons une main blessée (rouge) et une autre bandée (blanche). Une atmosphère de guerre, d’une ville ruinée… Puis au fond, une silhouette de femme, en voile blanc, toujours debout : c’est l’espoir. Je fais allusion à ce qui se passe aujourd’hui en Syrie et le tableau est intitulé «Alep».

Et cet autre tableau enfin ?

Je vais peut-être vous surprendre. Il s’agit là des lettres que ceux qui ne sont plus de ce monde (les morts) ont écrit aux vivants. Au fond, des silhouettes de personnes aux couleurs blanches (les morts). Au premier plan, d’autres silhouettes, aux couleurs plus vives, plus attrayantes, gaies : rouge, vert, jaune. Des enveloppes (Tibratin) qui ne sont point réjouissantes : les morts ne sont pas du tout contents des vivants et semblent leur dire : Vous n’avez pas sauvegardé le trésor que nous vous avions légué !

Un mot pour conclure ?

J’espère que «ces lettres» seront bien comprises.

Entretien réalisé par M.A.Tadjer

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