Que se passe-t-il à la Maison de la culture ?

Partager

à l’instar du Théâtre régional de Béjaïa et du Comité des Fêtes de la ville, la Maison de la culture Taos Amrouche a initié un programme d’animation des soirées de ce mois de Ramadhan.

Plus d’une cinquantaine d’artistes, nous a-t-on dit, sont sur la liste. Cependant, plusieurs artistes locaux ont décidé de contester ladite liste et les conditions de son établissement, remettant en question la programmation et dénonçant une certaine opacité dans la réalisation de ce programme. En effet, la direction de la Maison de la culture a affiché la semaine dernière un programme hebdomadaire, au lieu du programme mensuel, comme l’ont fait les autres organismes culturels de Béjaïa. Selon nos informations, la Maison de la culture a lancé une consultation pour sélectionner des opérateurs spécialisés dans ce genre d’événements. Ce qui est, somme toute, conforme à la réglementation. Et c’est le moins disant qui a été retenu comme le veut la loi. Cependant, le contenu du cahier des charges est surprenant, puisque la Maison de la culture a préparé la liste des artistes à l’avance, exigeant des soumissionnaires de la respecter dans son intégralité. Ce qui est curieux, puisque si la liste est déjà établie, il suffirait que la Maison de la culture rentre en contact avec les artistes et se mette d’accord sur les dates et conditions de leur production sur scène. Or, ce travail déjà mâché a été confié à un organisateur de spectacles qui s’est chargé de l’affaire. Prix de la soumission : près de trois millions de Dinars. Ce qui donne un montant moyen par cachet d’un peu plus de cinquante mille dinars. Or, il est évident que cette somme ne conviendra jamais à un certain nombre de têtes d’affiches, dont le cachet est évalué jusqu’à plusieurs centaines de milliers de Dinars. Pour payer cette différence, il faudra certainement piocher quelque part. Soit en diminuant les cachets des noms de moindre réputation, soit en faisant appel à d’autres sources de financement qu’il faudra définir. Car il y a un certain nombre de têtes d’affiches qui ne se contenterait pas de modiques sommes. Un grand nom ne se déplacerait pas pour cinquante mille Dinars. Ajouter à cela les frais d’organisation, en termes de moyens techniques, de personnel… Le budget de trois millions de dinars risquerait très vite d’être épuisé.

Brochette d’artistes

Parmi les artistes annoncés, on peut citer notamment, Rabah Asma, Nadir Mouloudji, Hafid Djouama, Menana Hamdi, Tinhinane, Ghiles Terki, Rahima Khelfaoui, Kaci Boussad, Louiza, Azifas, Ouazib Mohand Ameziane, et Boudjema Agraw. En tout, cinquante-six noms qui circulent sur les réseaux sociaux, mais non communiqués, ni à la presse ni au public par les concernés. La première soirée de la semaine dernière n’a drainé que peu de monde. Selon nos sources, il n’y aurait eu qu’une poignée de spectateurs, dont seulement cinq qui se seraient acquittés du prix du billet fixé à cent cinquante Dinars. La promotion de ces spectacles est quasi inexistante et le public reste largement non informé. Une quinzaine de spectateurs dans une salle de sept cents places a de quoi étonner. Et les artistes qui se produisent se voient dans l’obligation d’assurer leur prestation au risque de ne pas percevoir leur cachet. En parcourant la ville, de timides affiches ont été collées à certains endroits, dans des abribus. Noyées au milieu d’autres annonces commerciales, ces outils censés informer le public passent totalement inaperçus. Ce qui fait de ces soirées un véritable gâchis culturel et financier. Ces soirées censées attirer les jeunes et les familles se retrouvent quasiment sans public. De plus, les artistes qui se produisent devant une salle vide ressentent une certaine humiliation, sans pouvoir réagir. Certains artistes bougiotes ont même refusé de faire partie de cette sélection. Il nous a donc été impossible d’avoir la liste de ces intervenants auprès de la Maison de la culture et nos déplacements sur site ne nous ont pas permis de rencontrer son directeur pour avoir plus d’informations à ce sujet. Surtout que, vu les restrictions budgétaires de cette année, chaque centime compte et la gestion rationnelle des maigres budgets devient une nécessité impérieuse. Trois millions de Dinars pour le mois de Ramadhan, c’est loin des sommes habituelles consacrées par la Maison de la culture à cet événement. Cet argent devrait être utilisé pour l’animation et la promotion des artistes qui attendent toute l’année de pouvoir se produire devant le public, se faire connaître et faire connaître leurs produits.

Y a-t-il sept milliards dans le compte ?

Une folle rumeur court ces derniers jours dans les milieux artistiques de Béjaïa, à propos de l’existence d’une prétendue cagnotte de plus de soixante-dix millions de Dinars, soit sept milliards de centimes. Elle n’aurait jamais été utilisée par la Maison de la culture, ni même déclarée aux artistes. Cette somme dormirait dans un compte et aurait été réservée aux échanges culturels inter-wilayas. A l’heure actuelle, une pétition est en train de circuler pour recueillir l’adhésion des artistes locaux pour exiger la transparence dans la gestion des budgets de la Maison de la culture. Parmi les signataires, on retrouve des grands noms de la scène culturelle locale. Lesdits artistes se demandent pourquoi il n’y a pas de programme clair de la gestion de cette cagnotte, si elle existe. Cette rumeur a vite été relayée par les artistes et l’information a fait le tour de la scène artistique de la wilaya. Toujours est-il, la Maison de la culture, depuis quelque temps, ne brille ni par sa transparence, ni par sa communication. Les cadres mêmes qui y travaillent ne peuvent pas donner des informations fiables, car eux-mêmes, du moins certains d’entre eux, affirment ne pas connaître ces programmes et ces budgets. La direction de la Maison de la culture gagnerait à mettre une politique de transparence et de communication fiable, pour tenir le public et les artistes informés. C’est un organisme public qui est soumis aux règles minimales de transparence, puisque son budget vient de l’Etat. Comment vont se poursuivre les soirées de ce Ramadhan ? Le public va-t-il découvrir au jour le jour les maigres et timides affiches collées çà et là ou aura-t-il droit à une véritable information digne de la réputation de cet organisme culturel qui fut, il n’y a pas si longtemps, un véritable foyer d’animation et de vie culturelles.

N Si Yani.

Partager