«C’est un reflet du vécu de la société»

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Le chanteur adulé des jeunes, Moumouh, revient avec un nouvel album intitulé Susta Susta, composé de huit chansons. Dans cet entretien, il en parle et revient sur ses débuts, ses rêves, ses aspirations et plein d’autres questions.

La Dépêche de Kabylie : Un nouvel album dans les bacs. Peut-on avoir un aperçu sur ce «nouveau-né» ?

Moumouh : Dans cet album j’ai essayé de diversifier les sujets. J’ai touché un peu à tout ce qui pourra intéresser le jeune Algérien. Mon album est un reflet d’une réalité vécue dans notre société. J’ai parlé dans la chanson «Verru» du divorce, mais j’ai traité surtout l’impact de divorce sur les enfants. C’est un sujet d’actualité, notamment avec la croissance du nombre de divorces dans notre pays. Les enfants, réellement, sont des victimes de cette situation. Ils se retrouvent au centre d’un problème qui les affectera probablement à vie. La chanson «Tharewla» traite du sujet de l’immigration. C’est devenu aussi un phénomène très répandu dans notre pays. Souvent, les jeunes choisissent de partir à n’importe quel prix, quitte à laisser leur vie en prenant les navires de la mort. J’ai chanté aussi l’amour, mais cette fois-ci je me suis penché sur le manque de confiance dans le couple, qui se traduit par des réactions excessives qui arrivent au point même de priver l’autre de sa liberté. La chanson en question est intitulée «El qefs». La femme est aussi à l’honneur dans ce nouvel album, avec la chanson «Thahuthiwth el ver». C’est l’incarnation même d’un idéal féminin de beauté et d’intelligence. «Dghel» (La haine) est une chanson reprise mais avec de nouveaux arrangements. Là aussi, malheureusement dans notre société, c’est devenu très fréquent les expressions de haine et de jalousie. J’appelle à la tolérance à l’amour et au vivre ensemble dans mes chansons. Des sujets sociaux voilà ! Les malades je ne les ai pas oubliés aussi, c’est une chanson clin d’œil à cette catégorie qui souffre parfois en silence, avec le manque de moyens notamment.

Si l’on retournait au début…

Oui avec plaisir. Donc, mon premier album je l’ai fait en 2006. J’en suis aujourd’hui au 11e. J’ai grandi dans un milieu artistique. Mon père jouait des instruments, mon grand frère aussi. J’ai baigné dans ce milieu et j’ai appris à chanter, ou plus juste. L’amour de la chanson qui était en moi a grandi.

Moumouh s’est lancé dans la chanson moderne, aujourd’hui dite commerciale. Peut-on savoir quelles sont les motivations de son choix ?

Je pense que ce style me va, côté voix déjà. C’est des chansons qui traitent des sujets d’actualité. Ça va avec ma génération. Ce style, bien que certains n’arrivent pas à l’accepter, n’est pas nouveau. Cela fait des années déjà qu’il est introduit dans notre répertoire artistique. Je pense que c’est un plus. Les nouvelles générations ont besoin qu’on s’adresse à elles avec le langage qu’elles comprennent. Les raisons commerciales aussi, à vrai dire, sont une motivation vu qu’on vit de la chanson, du moins me concernant.

Les chanteurs qui ont inspiré et peut-être influencé le chanteur Moumouh ?

Il y a Matoub Lounès, Cherif Hamani, Kheloui Lounes, mais Sami El Djazairi est mon idole.

Comment qualifieriez-vous la relation entre la nouvelle génération de chanteurs et l’ancienne ?

Pour moi-même, étant un nouveau chanteur, j’apprends toujours. On s’inspire des anciens. La relation est à ce niveau.

L’ancienne génération véhiculait des messages à travers ses chansons identitaires, politiques et autres. Qu’en est-il de la vôtre? Le message que vous essayez de passer…

On chante notre vécu. Notre actualité, ce qui concerne notre génération. On suit l’évolution de la société et on reflète cela dans nos chansons. Il y a des sujets dépassés aujourd’hui. C’est une réalité.

Comment voyez-vous la situation du jeune chanteur kabyle aujourd’hui ?

Ces derniers temps, la situation est difficile. L’ONDA a, cependant, apporté un plus et s’occupe des problèmes des artistes, ce qui est soulageant quelque part. Le problème du piratage nous a un peu découragés et a fait que les ventes baissent sensiblement.

Quel est l’impact des réseaux sociaux sur la chanson kabyle ?

C’est un moyen moderne de communication. Il est très important. Il fait économiser le temps et l’argent aussi. Personnellement, j’utilise les réseaux sociaux et ils sont très efficaces. Quand tu publies sur facebook par exemple, si tu as un nombre important d’amis ça aide énormément à transmettre le message. Ça permet de la visibilité et une publicité gratuite.

Vos projets pour l’avenir ?

J’ai envie de progresser dans ce que je fais, j’ai envie de donner encore plus. Mais j’aimerais surtout avoir la chance de m’introduire dans de grandes salles. On a beaucoup d’obstacle malheureusement au niveau du ministère de la Culture. On travaille toujours avec les mêmes figures et on ne nous donne pas notre chance. Ce n’est pas une question d’argent là mais c’est surtout la visibilité et l’approche du public. Je veux faire le territoire national. On ne peut pas se cloîtrer en Kabylie, on doit sortir. Pour le moment, je vis de ce travail, mais je veux vraiment faire autre chose et pourquoi pas un projet dans le domaine artistique. Cet été, j’ai juste un programme de fête. J’existe grâce à mes fans et je les invite à écouter mon nouvel album. Mes chansons son propres et je respecte la famille algérienne et kabyle. Reste après le choix du public, soit on aime, soit on n’aime pas.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum.

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