«Mammeri, un visionnaire qui devançait son temps»

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Une Rencontre littéraire, la quatrième du genre, a été animée par Slimane Hachi, dans l’après-midi de jeudi dernier, à la bibliothèque de lecture publique de Tizi-Ouzou.

Prévue vers 14 h, la conférence rentrait aussi dans le cadre du centenaire de Mouloud Mammeri. Au cours de son intervention, la directrice de la culture résumera l’essentiel du palmarès du chercheur et professeur Slimane Hachi en faisant un lien entre cette rencontre littéraire et les activités qui se déroulent à la maison de la culture Mouloud Mammeri sur le patrimoine : «nous ne pouvons pas parler du patrimoine sans citer Mouloud Mammeri», et d’ajouter : «il est plusieurs fois honoré ici en Algérie et à l’étranger pour ses travaux de recherches sur le patrimoine national. Une reconnaissance de l’UNESCO !». La bibliothèque principale enregistre plus de 3 000 adhérents, deux années après son ouverture, avance la directrice de la culture. Mme Nadia Sebti, directrice de la revue Livresque emboîte le pas en affirmant : «avec la poursuite du travail de Mouloud Mammeri par l’un des éminents chercheurs et professeur en anthropologie, en l’occurrence Slimane Hachi, je ne peux être que ravie en disant que les aiguilles de l’horloge sont enclenchées». Elle cite les nombreux ouvrages du chercheur et insiste sur les différents travaux tant de Mouloud Mammeri que de Hachi «ils reflètent l’histoire millénaire de l’Algérie», avant de donner la parole au conférencier. L’intervention du conférencier a été longue mais très riche en enseignements. Il fera le tour de plusieurs étapes de la vie de son maître, Mouloud Mammeri. «C’est un personnage qui a vécu dans la solitude mais aussi dans la diversité. Il a donné la force aux mots ! La préface de La terre et le sang de Mouloud Féraoun en dit beaucoup de choses», déclare-t-il. L’orateur a choisi comme point de départ, un repère : l’insurrection de 1871 : «cette révolte aurait changé le monde. Engager une insurrection avec un pays comme la France est un défi qui s’est soldé par des actes inhumains tels les déportations, des exécutions sommaires». Cette injustice dont, particulièrement, la Kabylie est victime, a poussé les hommes de lettres à dénoncer, à crier haut et fort ces actes impardonnables et condamnables par l’histoire. Et c’est dans ce milieu, cette façon d’être que Mouloud Mammeri aurait choisie pour montrer son choix. Dans son intervention, M. Hachi avoue que Mouloud Mammeri aimait les voyages dès son enfance. Il cite les entretiens qu’il avait eux avec Bourdieu, le procès de Constantine et son pourvoi en cassation en 1973. «Il est le 1er à subir les attaques de toutes parts», fera-t-il savoir. Puis, il citera la guerre de libération : «Mouloud Mammeri a participé à la révolution algérienne, à sa façon, peut-être la plus dure, la plus dangereuse. Il a défendu son algérianité, son amazighité (sa berbérité)». Ce sont là les premières attaques qu’il avait subies. Pour la première fois, et c’est une exclusivité, que Slimane Hachi fait part à l’assistance de la lettre que Mouloud Mammeri avait adressée à Jean Sénac lui démontrant qu’ «un Etat qui occupe un pays, pille ses richesses, assassine, déporte ses habitants, commet des crimes … n’est pas un Etat démocratique. Il agit comme un monstre. C’est inhumain !». Cette lettre est rédigée en français pour que les français comprennent que les « indigènes qu’ils malmènent et tuent» ne sont pas des indigènes. Elle est lue en Tamazight par M. Graïne Arezki. Elle sera traduite en arabe afin de faciliter sa diffusion et sa lecture à travers l’Algérie, dans ce qui reste du monde arabe et à travers le monde entier. Le conférencier n’omet pas la lettre lue à l’assemblée générale de l’ONU pour l’indépendance de l’Algérie. (Nous n’avons pas pu avoir une copie de ces lettres) «Si l’anthropologie et autres disciplines qui se greffent autour, sont enseignées à l’Université algérienne, c’est grâce à Mouloud Mammeri», fait-on savoir. Mme Nadia Sebti invitera les enfants, les étudiants et le public « à lire les écrits et les ouvrages de Mouloud Mammeri».

M. A. Tadjer

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