«Aâyigh aâyigh a fait des ravages cet été»

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Dans cet entretien, le jeune Massi parle de ses débuts comme DJ, mais également des dessous de ce métier.

La Dépêche de Kabylie :Parlez-nous de vos débuts dans le métier…

Massi DJ-Alpha : Depuis ma tendre enfance, j’ai une passion pour la musique Et de l’avis de mon entourage, je suis assez doué. J’aime bien écouter la musique et fredonner des airs en tous genres. C’est mon père m’a offert ma première guitare et tous les instruments de musique dont j’avais besoin, y compris le matériel de disc-jockey lorsque j’ai réussi mon examen de 6e, un certain 6 juin 2006, je m’en souviens comme si cela datait d’hier. C’est à partir de là que j’ai commencé à pratiquer ma passion. Ensuite, j’ai voulu en faire mon métier, gagner ma vie avec, ce qui m’a poussé à suivre des formations. J’ai commencé par un stage à Mostaganem.

En quoi consistait ce stage ?

C’est une maison de jeunes locale qui a regroupé presque tous les DJ des 48 wilayas avec des prix de formation qu’on peut qualifier de symboliques. J’ai pu ainsi côtoyer les meilleurs de ce métier. C’était plus un stage pratique, même si nous avons eu des cours théoriques sur le solfège et l’historique du métier de DJ. Ce fut une formation de haut niveau qui m’a permis d’améliorer mes connaissances et mon travail. En fait, depuis, je vois le métier d’une autre façon. Je le pratique d’une manière plus professionnelle.

Vous avez tenté l’expérience de chanteur puis celle de DJ, pourquoi ce revirement ?

Je me retrouve beaucoup plus en tant que DJ que comme chanteur. C’est ce que j’aime réellement. Je vous avouerai aussi que le côté financier a pesé dans mon choix. On a plus d’opportunités en tant que DJ. Beaucoup de chanteurs ne parviennent pas à vivre de leurs produits.

Expliquez-nous la différence entre un amateur et un professionnel DJ ?

Tout est dans la manière d’animer une fête. Un professionnel se distingue par son savoir-faire à captiver les spectateurs, par son style, par le choix des bons morceaux. Et puis, il y a aussi le savoir-faire technique dans l’enchaînement des chansons selon les genres et les rythmes. Le mixage est également un important critère de jugement. C’est tout ça qui fait la différence entre un professionnel et un amateur. Et les auditeurs ne sont pas dupes, leur jugement est implacable.

Y a-t-il de grands DJ en Algérie ?

Oran est réputée pour ses nombreux talents dans le domaine, néanmoins, leurs animations pêchent par manque de maîtrise de la langue française et d’une bonne gestuelle.

Comment choisissez-vous les chansons à proposer dans une fête ?

On choisit les chansons selon leur succès tout simplement. La question du rythme est notamment importante pour l’animation des fêtes, surtout en Kabylie. Je guette les nouveautés, je choisis les chansons rythmées et je les mixe à ma manière. J’ajoute aussi des sons, je n’utilise jamais l’album dans son état original. J’utilise un matériel de haute qualité, je fais de vraies créations, un travail de professionnel. Et pour cela, il faut avoir une bonne oreille musicale.

A un certain moment, les chansons raï ont envahi les fêtes, même en plein Kabylie. Est-ce le cas actuellement ?

Ah non, le genre raï a perdu énormément de terrain, il a presque disparu des fêtes en Kabylie. C’est grâce à cette nouvelle génération de chanteurs. Quoi que l’on pense et dise de la qualité artistique de leurs textes, ils ont au moins le mérite d’avoir chassé le trop-plein de raï des fêtes. Il est vrai par ailleurs qu’il n’y avait pas tellement de chansons kabyles rythmées pour les fêtes avant les années 2000. Actuellement, même dans d’autres wilayas où j’anime des fêtes et des soirées, on me demande beaucoup la chanson kabyle.

Quels sont les chanteurs et les titres les plus demandés actuellement ?

Ces derniers temps, on ne cesse de me demander la chanson «Aâyigh aâyigh», de Loualia Boussad, reprise par Ramdane Mechache. Elle a fait des «ravages» cette année. Il y a aussi un bon nombre de titres du répertoire de Youcef Guerbas qui ont le vent en poupe. Sans oublier les Allaoua, Said Oucef, Massi, Samir Sadaoui…

Un projet d’enregistrement à l’avenir ?

En effet, je suis sur le projet d’un album pour bientôt. Une compilation de chansons kabyles de différents chanteurs que je voudrais mixer et remixer à ma façon. Des chansons de Med Allaoua, Samir Sadaoui, Said Youcef, Massi, les tubes de 2017. Mais j’y intégrerai aussi deux chansons de mon cru.

On dit que les DJ prennent de plus en plus la place des chanteurs. Quel est votre avis ?

Un bon DJ est toujours mieux qu’un mauvais chanteur, en plus du fait qu’il propose plus de choix et des chansons de différents chanteurs et styles. Mais quand il s’agit d’un bon chanteur, le choix est vite fait. Je préfère mille fois ce chanteur.

Quel est le chanteur qui vous inspire le plus ?

Je dirai, sans hésitation, Youcef Guerbas. Il fait de l’ambiance sur scène. Il est de plus en plus apprécié chez les jeunes et moins jeunes et même chez les plus âgés, hommes comme femmes. C’est un artiste qui fait le show sur scène, en plus du fait que ses chansons font l’unanimité auprès du public. Il chante son vécu et les fans l’adorent pour son ouverture. La majorité se reconnait en lui.

On vous laisse conclure…

Pour promouvoir le métier de DJ et le faire connaître comme un art complet, il faut que des scènes lui soient ouvertes, je souhaiterais même qu’il y ait des concerts et des rendez-vous spéciaux pour les DJ. Personnellement, j’aimerais me produire à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou par exemple, à l’occasion des différentes célébrations et fêtes qui y sont organisées. Y jouer pour la journée de 8 mars prochain me plairait bien. Je n’oublierai pas de remercier votre journal pour l’attention qu’il prête aux artistes.

Entretien réalisé par

Farida E et H Moula.

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