Addi Lahouari appelle à une réforme théologique

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À l’occasion de la sortie de son dernier livre «Le nationalisme arabe radical et l’Islam politique : produits contradictoires de la modernité», le sociologue Addi Lahouari a donné une interview à radio M. Il y a expliqué le contenu de son livre : «C’est la synthèse des cours que j’ai donnés à Sciences-Po de Lyon sur les systèmes politiques du monde arabe», a-t-il expliqué. Le sociologue soutiendra : «J’espère que les militaires algériens liront mon livre», avant d’expliquer : «Pour la simple raison que ce sont les élites militaires arabes qui ont porté le nationalisme arabe radical en Algérie, en Égypte, en Irak et en Syrie, avec un projet de modernisation de l’économie et de la société». Il poursuivra : «L’échec de ce processus de modernisation est l’objet de mon livre. Les raisons de cet échec sous Boumediene ou Nasser, par exemple, est que ces élites militaires avaient une vision utopique de rattraper l’occident en trente ou quarante ans, juste sur le plan économique, avec les politiques d’industrialisations». L’invité de radio M ajoutera : «On a fait de l’économisme, sans prendre en considération notre arriération culturelle et civilisationnelle. Nous appartenons à une culture et une civilisation en déclin depuis le douzième siècle et la théologie musulmane est encore celle d’Al Achaari et d’El Ghazali. Ces limites idéologiques, ni Nasser ni Boumediene ne pouvaient les voir». Pour le sociologue, il fallait d’abord élaborer une théologie moderne, car «l’islamisme politique, issu de la théologie médiévale avec des revendications modernes, est l’expression de la pauvreté intellectuelle», expliquera-t-il encore. «Si on avait pu dépasser ces limites idéologiques et promouvoir une théologie moderne qui accepte la liberté de conscience, cette modernisation aurait pu donner ses fruits», dira-t-il encore. Mais à la question de savoir si l’émergence de cette théologie était possible, le sociologue est affirmatif : «Oui, si on avait suivi Mohamed Abdou, ce théologien réformateur égyptien décédé en 1905, même si ce dernier a une double filiation. Une filiation conservatrice qui a donné naissance à l’islamisme incarnée par son disciple Rachid Redha et le disciple de ce dernier Hassan Al Banna, fondateur de la confrérie des frères musulmans. Par ailleurs, une filiation moderne et laïque avec Saad Zaghloul, Lotfi Essayid et Taha Hussein. Mais force est de constater que les réformateurs modernes de la pensée musulmane, à l’image de l’Algérien Mohammed Arkoun, Mohammed Tahha qui a été pendu et aujourd’hui Mohamed Shahrour, sont victimes d’ostracisme». Mais pour Addi Lahouari, qui reste optimiste, la théologie musulmane va connaitre dans les décennies à venir une nouvelle théologie, car les ulemas actuels d’Al Azhar sont plutôt «djouhala» ne connaissant et ne comprenant «rien à l’histoire, l’économie ou la sociologie». L’invité de radio M prend pour exemple le vote, dernièrement, en Tunisie d’une loi sur l’égalité homme/femme dans l’héritage, avec une majorité d’islamistes.

I. M.

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