«Mon clip sera un hommage à la femme révolutionnaire»

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Émerveillé par l'art dès son enfance, le chanteur Yacine Zouaoui parle dans cet entretien de son parcours artistique et de ses projets en cours de réalisation.

La Dépêche de Kabylie: Racontez-nous un peu votre passage au Conservatoire de Béjaïa.

Yacine Zouaoui: Cela remonte à ma jeunesse. Moi, je suis quelqu’un qui a aimé la musique dès l’enfance. Un jour, je me suis dit qu’il me faut bien apprendre certaines bases de la musique avant d’embrasser une carrière. À l’époque, des amis m’avaient orienté vers un Conservatoire à Béjaïa ville. C’est comme ça que j’avais rejoint cette école en 1992. j’y ai appris notamment l’Andalou chez le Maître M’hamed Redouane, particulièrement les bases de la musique, les techniques vocales etc…

M’hamed Redouane était votre seul Maître ?

Oui, mais il était lui-même l’élève du grand Sadek Abdjaoui. Ce dernier, bien qu’à la retraite, passait souvent et nous apportait son enseignement. Il est décédé en 1994, que Dieu ait son âme.

Durant toutes ces années, vous avez été plusieurs fois distingué. Pouvez-vous nous en parler ?

En effet, en 1998, j’ai obtenu le premier prix lors d’un concours organisé sous l’égide de la DJS. Un an plus tard, un autre concours naquit au Festival national «Les chanteurs de demain», à Amizour, où j’ai obtenu aussi le premier prix.

Racontez-nous l’histoire de la chanson Ay itran n yid ?

Les circonstances de l’enregistrement de cette chanson de Boualam Djouhri étaient un peu particulières. En fait, je l’ai enregistrée pour la radio Soummam lors d’un concours qu’elle avait organisé et où j’ai décroché également le premier prix.

Si nous évoquions Abdellah Elguettaf…

C’est un autre contexte. Il est mort, ad t-yerhem Rebbi. Il m’avait appris beaucoup de choses sur le Chaâbi, et m’avait offert plusieurs «Qsayed». Il était un grand du Chaâbi. Qui dit Abdellah Elguettaf, dit Amar Ezzahi et tous ceux qui sont connus dans ce domaine. Je me souviens qu’à chaque fois que je me rendais chez-lui à Alger, il ne cessait pas de me prodiguer des conseils. Je n’oublierai jamais lorsqu’il m’avait dit: «Yacine, évite d’imiter». C’est à partir de là au début des années 1990, que j’ai commencé à forger mon propre style. Il m’avait même envoyé chez Mohamed Rachid, un autre homme que je respecte beaucoup. Mohamed Rachid, qui travaillait à la chaîne 2, gardait tout le patrimoine du Chaâbi. C’est lui l’auteur de la fameuse chanson «Ay afellah ikerrzen».

Parlons du cinéma. Vous avez composé des chansons de générique pour quelques films…

Pour des génériques, oui. En 2006 pour la série 3ziz akken yebghu yili, et aux environs de 2008 je crois, pour le film Ussan-nni.

Vous avez fini par jouer certains rôles. Comment a été cette expérience?

Vous savez, nos prédécesseurs disaient bien que l’art est aussi profond que la mer. Sachant que le cinéma kabyle manque de comédiens, dès qu’on m’a proposé de jouer pour la première fois, je m’étais dit que je tenterai et on verra le résultat. Il est évident qu’on est loin du professionnalisme, mais on arrive tout de même à donner quelque chose, à transmettre un message. C’est ça l’essentiel. à présent, c’est devenu une passion.

Votre nouvel album ne tardera pas à sortir. Parlez-nous-en

En effet, mais à la dernière minute j’ai reporté sa sortie. En plus de la volonté de le raffiner, j’ai décidé de l’enrichir par une autre chanson. C’est depuis 2014 que je travaille dessus, pour ne pas décevoir. L’album traite de moult sujets touchant à la vie, à la société, à l’amour… Je te confie qu’il aura pour titre Awal et comprendra entre 8 et 9 chansons. Si tout se passe bien, sa sortie sera pour septembre ou novembre 2018.

Qu’en est-il du grand clip que vous préparez ?

Oui, c’est un clip qui m’a coûté beaucoup de temps et d’argent, mais je ne le regrette pas. Au risque de paraître prétentieux, je pense que je suis bien parmi les premiers artistes kabyles à réaliser ce genre de clips. Je ne vais pas vous en dire plus, à part qu’il sera un hommage à Slimane Azem et à la femme révolutionnaire. Quant à sa sortie, elle aura lieu avant l’album dont on vient de parler. Je tiens à remercier à l’occasion, tous ceux qui m’ont aidé à le réaliser, dont Général Emballage et mes amis Djamal et Hamid Ibarisen.

Un dernier mot…

Je souhaite qu’on valorise vraiment l’artiste. On parle de sa promotion, de son statut, mais sur le terrain, rien de palpable pour l’instant.

Entretien réalisé par M. K.

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