«J'étais arrivé 10 mn après et il était encore là allongé…»

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«On oublie tout, on se sent porté, on se retrouve en fête, il a ce génie de nous sortir ce qui est enfoui à l'intérieur, alors on chante et on danse même de nos malheurs, c'est Zedek, un magicien du mot et du verbe».

C’est là un florilège de déclarations de fans après le concert animé par l’artiste le week-end qui vient de s’écouler, à Boudjima. Un grand rendez-vous avec Taqvaylit (traduction approximative: la Kabylie et ses valeurs). L’artiste, comme à son habitude, a été tout simplement sublime. C’est Zedek ! Extraordinaire spectacle. Juste en tendant le micro à la foule, il fait chanter tout le monde de suite, il a fait du public présent une chorale avec laquelle il a déroulé un pan de son répertoire ! Du début jusqu’à la fin. Que du bonheur, un véritable voyage dans le temps, avec le temps et dans la poésie profonde, avec cette omniprésence presque naturelle de Matoub. En fin de spectacle, Zedek ne pouvait d’ailleurs s’empêcher de l’évoquer face à la caméra de Berbère TV. En profitant de l’occasion pour confirmer sa présence au concert du 22 juin au Bataclan (Paris), initié par Nadia Matoub pour les 20 ans de l’assassinat de Lounès, Zedek a cédé en replongeant dans ce douloureux souvenir. « Lounes c’est déjà 20 ans, il est l’un des pionniers, il mérite ce titre du combat pour Tamazight, il a surtout fait l’unanimité autour de lui et il la fait toujours 20 ans après son départ. Il reste un repère pour la Kabylie. C’est un grand militant, il mérite tous les hommages. Il a tout donné pour Tamazight, son cœur, son cerveau et même sa tête… ». Mouloud Zedek révèle, pour la première fois en public, qu’il était de passage ce jour-là (le 25 juin 1998) sur les lieux du drame, de l’attentat, à Tala Bounane, et il confie avoir été même l’un des premiers à arriver et à découvrir Lounès gisant, inerte, sur le sol. « Je suis arrivé, au plus, 10 minutes après la fusillade. ça ne pouvait pas faire plus. Quelques personnes étaient déjà là mais c’était encore tout frais, il était toujours là allongé par terre, il ne bougeait plus, je me suis rapproché de lui et je l’ai bien vu, et il était déjà mort. J’imagine que les tueurs n’avaient pas quitté les lieux avant d’avoir la certitude que Lounès avait déjà rendu l’âme. à mon arrivée, il y avait déjà cinq gendarmes qui étaient là et trois à quatre passants, je pense que c’étaient des habitants des environs ». Zedek s’en souvient encore mais n’a pu dire plus. « Ce n’est pas le moment ni le lieu pour en dire plus », a-t-il fini par mettre un point ! Avant de donner, donc, rendez-vous au Bataclan le 22 juin prochain à partir de 19 heures.

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