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TIFERDOUD - Festival Raconte-Arts : Splendides exilées d’Arezki Metref, l’attraction

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L’un des moments les plus attendus du Festival Raconte-Arts de cette année, est incontestablement la présentation de la pièce Splendides exilées d’Arezki Metref.

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La pièce, composée d’un prologue et de 13 tableaux, a été écrite entre 2004 et 2006. «A l’origine, notre regrettée Sonia devait l’interpréter, mais aucune production n’avait été trouvée pour soutenir ce projet en Algérie. Dix ans plus tard, Arezki Metref avec qui je collabore sur d’autres projets, m’a proposé d’interpréter cette pièce sous la forme d’un woman-show, et d’en faire l’adaptation et la mise en scène. Nous avons d’ailleurs trouvé ensemble son titre définitif «Splendides Exilées». Une écriture absolument magnifique et la troupe de Belleville galaxie, composée d’une quinzaine d’acteurs-actrices et assistantes s’est mobilisée pour présenter une lecture de cette pièce dans le cadre de la journée de la femme, dans la salle de spectacle de l’Association de Culture Berbère de Paris (ACB). Suite à son accueil très enthousiaste, la troupe dû présenter une nouvelle adaptation de Splendides Exilées avec une mise en espace prévue pour cinq actrices, cette fois ci. Suite à cette représentation, le festival Raconte-arts, intéressé, a songé, dès l’année dernière, à présenter cette pièce en Kabylie. Le projet a mûri et nous avons donc été invités cette année à Tiferdoud, pour la quinzième édition du festival. «Ce festival totalement indépendant, co-fondé en 2004 par Hacène Metref et Denis Martinez (que j’ai eu le plaisir de connaître lorsque j’étais étudiante aux beaux arts d’Alger), perdure depuis maintenant quinze ans et devient, chaque année, de plus en plus médiatisé», déclare Catherine Belkhodja. «Il a pour objectif de promouvoir la culture au cœur même des villages, avec la participation bénévole de nombreux artistes et villageois, qui s’investissent pendant au moins une année pour résoudre en amont des problèmes de logistique plutôt complexes, puisque de tous petits villages se retrouvent pour une semaine assaillis par des centaines de participants, artistes ou spectateurs.» Même si la logistique n’est pas opérationnelle dès le premier jour, au bout de deux ou trois jours, chacun finit par trouver ses marques et le miracle a lieu…Il permet de très jolies rencontres entre artistes de tous pays et villageois. L’adaptation est le «mot clé» du festival, et le sens de l’improvisation est indispensable, car il faut faire avec les contraintes réelles des lieux (salles de spectacles, lieux de répétition, possibilités d’hébergement, de restauration, de transports des artistes, de régie, de connexion wifi, de sono…) «Si on arrivait avec un esprit psychorigide, on se heurterait irrémédiablement aux limites du possible. Mais si on accepte avec souplesse les petites surprises de dernière minute, en cueillant au passage de nouvelles opportunités, on peut proposer une représentation sur mesure, en utilisant les bonnes volontés des uns et des autres. J’ai la chance de bénéficier de la confiance de l’auteur qui m’a donné carte blanche pour la mise en scène et l’adaptation», précise Catherine. «Ainsi, même si la troupe Belleville galaxie n’a pu venir au complet, nous pouvons compter sur la présence de deux actrices qui viennent renforcer notre équipe, et des villageoises qui rêvent de participer au spectacle. Si nous pouvons répondre à leur demande, c’est l’occasion pour elles de ne plus être traitées uniquement de «sujets d’inspiration», mais de leur reconnaître leur valeur intrinsèque, en les intégrant pour devenir elles-mêmes «actrices» et agissantes. Presque toute la pièce parle de femmes algériennes concernées par l’exil (femmes, mères et filles d’exilées, même si elles n’ont pas toutes connu elles-mêmes l’exil. Deux femmes néanmoins sortent du cadre spatio-temporel et donnent à la pièce sa dimension universelle et intemporelle.» Ainsi, Myriam Mézières, actrice de réputation internationale (qui a tourné avec Alain Tanner, Zulawski, JP Mocky, Boisset, Claude Berry, Lelouch..), ou joué au théâtre sous la direction de Michel Ribes, Lavelli, Coluche ou Savary), interprète avec beaucoup d’émotion le rôle de Malintsin, la femme esclave de Herman Cortes, offerte en gage de soumission des tribus Indiennes à leur colonisateur. Elle offrira à son peuple le premier roi de ce nouveau gouvernement. Elle assume également le rôle d’Elissa Rhais, femme écrivain. Gladys Sanchez, avec non moins de brio, interprète le rôle de Théroigne de Méricourt, héroïne de la révolution française d’origine noble, qui se battait pour l’égalité des droits et des hommes. «Nous l’avons intégrée au casting en raison de ses qualités de danseuse et de chorégraphe qui lui permettent de créer un personnage de «femme-panthère», souple et redoutable», précise la metteuse en scène, qui lui a également confié le rôle de «La Possédée» qui veut être débarrassée des Djnouns qui ont pris possession d’elle. Massilia Metref (Ouardia) est l’une des figures centrales de la pièce, puisqu’elle joue la première femme à quitter le village pour accompagner son mari dans l’exil. Son témoignage est précieux : elle découvre à la fois Marseille et la solitude de la ville. Sa fille Tessa (interprétée par Catherine Belkhodja) poursuivra des études de médecine, mais repartira à la recherche de ses racines en «enjambant la mer dans l’autre sens» et en se réappropriant les coutumes du village d’origine en devenant ethnopsychiatre. Insomniaque, hantée par tous les secrets que ces femmes lui confient le jour lors des consultations ou la nuit, dans ses rêves ou dans ses cauchemars. Ce rôle lui tient tant à cœur que l’actrice en a elle-même perdu le sommeil! Nora Ouidir, réalise une véritable performance en assumant deux rôles de femmes fortes : Térial la gardienne du cimetière, «qui parle aux locataires de l’au-delà» et Maïcha, fille,épouse et mère de militants politiques très engagés. «A Tiferdoud, je dois chaque jour trouver des solutions pour compenser le manque de moyens du festival en faisant appel aux bonnes volontés. Ainsi, pour le son, la collaboration d’Anne Murray, artiste irlandaise, invitée du festival, qui récolte des témoignages sur le concept de la peur afin de réaliser une performance prévue pour Barcelone. Pour les décors, la troupe a pu bénéficier du soutien de l’artiste plasticien Ghani Loukad et d’un artisan de la région, Laradi Mourad, originaire d’Ighil Ali, qui a mis à notre disposition la Kaala Ath Abbas, une superbe porte sculptée en bois et cuivre. Depuis des générations, les artisans de sa famille, spécialisés dans le travail du bois et des armureries, produisent des chefs-d’œuvre. Sa porte est un élément clé du décor. J’ai du remanier la mise en scène car cette porte est si lourde qu’on ne pouvait la déplacer sur scène.

Mohand. I

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