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DRAÂ EL-MIZAN - Centenaire de la naissance de Slimane Azem

Le parcours de la légende revisité

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À l’initiative de l’association Amgud, une conférence-débat sur le parcours et l’œuvre artistique du regretté Slimane Azem a été animée, avant-hier, à la bibliothèque communale de Draâ El-Mizan, à l’occasion du centenaire de sa naissance.

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La conférence a été animée conjointement par Arab Aknine, membre du mouvement culturel berbère et grand militant de la cause amazighe, et Amar Derriche, ex-animateur radio et auteur-compositeur. Le chanteur, pour rappel, est né le 18 septembre 1918 à Agouni Gueghrane et décédé à Moissac en janvier 1983 dans la banlieue parisienne (France).

Dans son intervention, le conférencier Amar Derriche est revenu longuement sur l’émergence du grand Slimane Azem après avoir enregistré sa célèbre chanson «A Moh à Moh». «Slimane Azem n’a fréquenté aucun conservatoire de musique. Il avait seulement ce don. Il a touché à tous les thèmes et a même imaginé ce qui se passerait après. Il était une légende vivante. Un monument et un véritable visionnaire. Il a chanté la femme, l’amour de la patrie, l’exil, la fraternité…», dira-t-il d’emblée.

Il parlera de sa rencontre avec lui en France en l’interrogeant sur un bon nombre d’artistes dont le regretté Chérif Kheddam, notamment sur la «rivalité» entre eux. Chérif Kheddam, ajoutera-t-il, aimait beaucoup Slimane Azem. Il n’y avait aucune animosité entre eux : «Si quelqu’un n’écoute pas Slimane Azem, c’est qu’il est un malade mental. Si quelqu’un n’écoute pas Slimane Azem, c’est qu’il ne comprenait pas sa kabylité et si quelqu’un n’écoute pas Slimane Azem, c’est qu’il n’avait pas une oreille attentive pour sa musique et son verbe», avouera-t-il à l’assistance à propos de la réponse de Chérif Kheddam sur ce qu’il pensait de Slimane Azem.

De son côté, M. Aknine commencera par faire un parallèle entre deux grands poètes, à savoir Si Mohand Oumhand et Slimane Azem qui furent victimes de l’ostracisme du pouvoir colonial après le séquestre de 1850 pour le premier et l’ostracisme du pouvoir algérien boumédieniste après 1965 pour le second. «Dda Slimane n’est pas venu du néant. Il est issu d’une famille jouissant du savoir oral et la maîtrise extraordinaire du verbe aussi bien concernant sa famille paternelle que sa famille maternelle», expliquera-t-il en donnant de nombreux exemples de poèmes retrouvés après de longues recherches dans la lignée de ce grand chantre de l’amazighité.

«Si Moh Oumhand et Slimane Azem sont les faces d’une même pièce. Il y a beaucoup de similitude entre eux», insistera-t-il. Il passera ensuite en revue la vie de Slimane Azem depuis sa naissance jusqu’à son départ en France, en passant bien sûr par son enfance passée dans son village comme les enfants de son âge et ensuite son adolescence lorsqu’il travailla chez les colons.

Il reviendra longuement sur sa vie en France, puis son émergence notamment lorsqu’il rencontra Mohamed El Kamel, un kabyle comme lui, qui travaillait à la maison d’édition Pathé Marconi. «C’était vraiment le tournant dans sa vie d’artiste», soulignera Arab Aknine. Celui-ci n’omettra pas de relater avec force détails son parcours artistique depuis «A Moh à Moh», en passant par la célèbre chanson «Afagh a yejrid tamurtiw» qui lui valut l’interdiction par le gouvernement général français en 1957 et bien sûr tout ce qu’il endura durant et après la guerre de libération nationale, avant d’évoquer son engagement dans la création de l’académie berbère avec d’autres, dont Taos Amrouche et bien d’autres.

«C’était cet engagement qu’il paiera. Mais, Dda Slimane en philosophe et en penseur libre n’abdiqua pas, c’est pourquoi il préféra mourir en exil sans rien perdre de sa kabylité», clamera le conférencier. «Pour le rapatriement de ses ossements, sa famille exige tout d’abord le pardon officiel des autorités algériennes», dira-t-il à ce sujet : «La famille ne s’opposera que si ses ossements seront rapatriés par le peuple», dira-t-il encore. En tout cas, l’assistance a eu droit à des révélations fracassantes faites par ces deux conférenciers qui ont cerné pédagogiquement parlant le parcours exceptionnel de l’enfant prodige d’Agouni Gueghrane.

À noter que la deuxième partie de la journée thématique sur Slimane Azem prévue avec Omar Fetmouche et Younès Adli sur l’apport de Slimane Azem au théâtre a été reportée en raison des funérailles du regretté Djamel Allem.

Amar Ouramdane

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