«L’œuvre de Boulifa élément de la recherche autour de Tamazight»

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Une table ronde sous le thème «L’œuvre de Boulifa élément de la recherche autour de la culture amazighe» a été animée mercredi en fin d’après-midi au niveau du petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri par Said Chemakh, Hamid Bilek et Omar Kerdja. Les trois intervenants se sont mis d’accord sur l’apport d’un correctif de Boulifa sur les informations fournies dans l’ouvrage du général français Adolph Hanoteau concernant la position de la femme au sein de la société kabyle. A ce propos, l’anthropologue Hamid Bilek a souligné que Hanoteau dans son ouvrage «Poésies populaires de la Kabylie du Djurdjura» avait écrit que la position civile et morale de la femme dans la société kabyle est des plus misérables, et témoigne de la civilisation peu avancée où se trouve encore cette société dans laquelle la femme n’avait pas la qualité de personne civile et était considérée comme l’un des biens meubles de la famille. La valeur marchande d’une femme est soumise aussi aux hausses et baisses correspondant aux fluctuations de la fortune. Bilek précise que Boulifa a répondu à Hanoteau en écrivant, dans son recueil de poésie kabyle, à propos de la femme, qu’il s’agit d’une question délicate, si difficile à pénétrer qu’elle échappe à l’examen de tout étranger. En expliquant qu’Hanoteau, qui ne saisissait pas les subtilités de la langue amazighe, s’était contenté de traduire le verbe Agh «acheter», qui prend différents sens en fonction de son utilisation : il signifie aussi bien acheter lorsqu’il s’agit de transactions commerciales et de prendre femme lorsqu’on parle de mariage. “L’œuvre de Boulifa a permis de sauvegarder le patrimoine culturel à travers ses travaux sur la région de Kabylie en décrivant des scènes de la vie quotidienne notamment des fêtes, des marchés, des agriculteurs et du langage des enfants … Il a même inventé des spécimens sur comment écrire des lettres en kabyle”, a déclaré Said Chemakh, professeur et chercheur à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Les travaux de Boulifa ont été scannés, rien n’a été perdu. Ses œuvres demeurent une référence”, a-t-il ajouté. Boulifa avait fait un travail de fond, il a transcrit des textes littéraires et des poèmes kabyles tels ceux de Si Mohand U M’Hend dont il a tenu à vérifier l’authenticité auprès du poète en personne et ceux qu’il a recueilli auprès des vieux et des agriculteurs. Il a participé à la mission de Segonzac au Maroc d’où il a ramené ses textes berbères. Il avait une avance sur son temps. Aujourd’hui, les linguistiques en tamazight s’inspirent de ses écrits, dira le chercheur et auteur Omar Kerdja.

S Illoul.

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