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Contribution : Le jardin de mon mauvais souvenir qui me fait honte

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Par Malika Domrane

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Il y a quelques mois, je savais que Allaoua Zerrouki était enterré dans le cimetière de Thiais, près d’Orly, en banlieue de Paris. Je voulais aller sur sa tombe, lui rendre visite et «communiquer» avec lui, même communier avec ce grand Artiste à la voix de rossignol, bel homme et élégant. Aujourd’hui, lors d’une sortie en voiture avec Ferriel, une amie, roulant en direction d’Orly, je découvre sur la route le panneau d’indication de la ville de Thiais, cela me fait tilt. Je demande alors à Ferriel de prendre la direction de Thiais, lui expliquant qu’Allaoua Zerrouki y est enterré. Elle accepte et me fait plaisir. Arrivées sur les lieux, nous demandons à plusieurs employés du cimetière de nous renseigner sur la tombe de l’Artiste. Après avoir compulsé plusieurs registres, l’un d’entre eux nous apprend que Monsieur Allaoua Zerrouki se trouve au jardin des souvenirs. Interloquée, je m’adresse à la personne pour plus d’informations. J’en reçois et des plus mauvaises, car blessantes. Je m’effondre en larmes, Ferriel également. J’en suis toute retournée. Pourquoi ? Je réponds à cette question. Depuis 2002, le corps de l’artiste a été exhumé pour être incinéré. Ses cendres sont disséminées dans le jardin des souvenirs. Pourquoi cela ? Parce que, d’après les informations qui me sont données, personne n’a payé la concession pour une sépulture à vie (environ 3 500 euros). Ma réflexion, moi-même artiste, femme et kabyle par-dessus tout, est la suivante: «Comment en est-on arrivé jusque-là ? Comment n’a-t-on pas pu payer cette maudite somme? Monsieur Zerrouki ne méritait-il pas une tombe comme tout le monde en tant qu’être humain ?» Personnellement, je suis outrée ! Au bout d’un certain temps, je sors du cimetière pour acheter des fleurs que je lui ai offertes et je lui ai allumé des bougies en le priant de bien vouloir pardonner à ceux qui ne sont pas responsables de cet état de fait, car ils ne savaint pas. Je me recueille, entourée de Ferriel et d’une jeune veuve venue sur la tombe de son défunt mari. En colère après tout le monde, tant les autorités algériennes que les personnalités kabyles…j’en veux à tous ceux qui savaient et n’avaient rien dit, pire encore, rien fait, pour éviter d’en arriver à ce point : J’en ai honte. Qu’en sera-t-il de Slimane Azem, Cheikh L’Hasnaoui, des membres de la famille Amrouche et d’autres encore ? Honte à qui sait et ne fait rien de bien aux siens !

M. D.

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