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Ahmed Haroun, doyen de la BD en Algérie : «Le 9e art a toujours apporté un plus pédagogique»

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Ahmed Haroun, l’un des pionniers du 9ème Art en Algérie, approché avant-hier en marge du 2ème Salon de la BD Tizi-Bulle, après l’hommage qui lui a été rendu par la direction de la culture de Tizi-Ouzou, livre dans ce bref entretien, ses impressions sur la BD dans notre pays. Il fait un flash back pour retracer ses premiers pas dans cet art après l’indépendance et parle du présent et de l’avenir de la BD en Algérie.

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La Dépêche de Kabylie : Quel est l’état des lieux de la BD en Algérie et son ancrage chez les lecteurs ?

Ahmed Haroun : La bande dessinée en Algérie a débuté dans les années soixante. Il y avait toute une équipe à l’époque. On avait créé le premier illustré algérien qui s’appelait M’Quidech. Il y avait des dessinateurs qui participaient chacun avec une histoire et son propre personnage. On a travaillé pendant une quinzaine d’années, puis M’Quidech a cessé de paraitre. C’était une longue période où chacun faisait des dessins à sa manière en collaborant avec un journal, on était tous dispersés. Avec la création du FIBDA il y a dix ans, non seulement tous les anciens dessinateurs se sont retrouvés, mais ça a permis aussi aux jeunes talents dessinateurs de se manifester. Maintenant je peux dire qu’en Algérie la BD a pris énormément d’ampleur, elle est reconnue mondialement, on est d’ailleurs les meilleurs en Afrique .Nous les vétérans, on encourage ces jeunes, on les oriente. Il y a des concours où ils participent avec leurs planches pour lesquelles ils sont primés. Il y a un grand encouragement pour ce 9e art. J’espère que le flambeau sera repris par les jeunes. La BD est sur la bonne voie en Algérie.

Quel intérêt revêt ce 9e art pour la culture et l’éducation ?

Pour l’éducation, le 9e art a toujours apporté un plus. Avec les images, un enfant comprend mieux le message en plus du texte. Chaque dessinateur a son propre style pour s’exprimer, que ce soit dans la BD humoristique ou dessin réaliste. Des manifestations et des expositions se déroulent à travers le pays. C’est les plus beaux jours de la BD en Algérie.

Que véhicule la BD en termes de messages et quel rôle joue-t-elle dans le monde artistique, mais aussi social ?

La BD est un art qui s’adresse au public. L’auteur, à travers ses dessins, choisit lui-même le scenario. Elle a toujours aidé la société et surtout les jeunes à comprendre. Avec cette dernière on voyage, on crée l’histoire.

Pensez-vous que la relève de bédéistes est assurée ?

Oui. On oriente les jeunes, on leur montre la bonne voie pour réussir. Aujourd’hui ils ont tous les moyens. A notre époque les seuls outils qui nous permettaient de réaliser une bande dessinée étaient l’encre de chine et les crayons. De nos jours les bédéistes utilisent l’internet pour avoir des images de monuments et de paysages alors qu’avant on faisait appel à notre imagination, ils ont aussi l’ordinateur pour avoir un bon résultat pour les couleurs.

Votre participation au SILA et au FIBDA ?

Mes œuvres seront exposées au Sila, quant au Fibda, je suis toujours présent en tant que membre du jury des concours organisés chaque année pour les jeunes talents et les professionnels.

Quels sont vos projets ?

J’ai réalisé la BD de M’Quideche il y a cinquante ans, avec l’âge on n’a plus ce dynamise, si j’avais un scenario prêt, je reprendrais une histoire avec le même personnage parce que ça serait dommage de s’arrêter après une ou deux BD. Cela dépendra des circonstances et surtout de l’inspiration : un dessinateur est à la merci de l’inspiration.

Votre impression sur l’hommage qui vous a été rendu par la direction de la culture de Tizi-Ouzou ?

Je remercie la wilaya de Tizi-Ouzou et particulièrement la direction de la culture qui m’a rendu cet hommage aujourd’hui (avant-hier ndlr). Je suis très content. C’est un événement qui se déroule chaque année, ça permet d’honorer d’autres artistes et c’est un encouragement pour le 9e art.

S. I.

Biographie

Ahmed Haroun, considéré à juste titre comme étant le doyen de la BD en Algérie, est né le 5 août 1941 à Larbaâ Nath Irathen. Caricaturiste, dessinateur de presse, dessinateur humoristique, Ahmed Haroun est le père de M’Quidech, célèbre personnage du premier journal de bandes dessinées. Il a fréquenté l’école supérieur des beaux arts d’Alger de 1959 à 1962. En octobre 1962, il entre au journal El-Moudjahid comme dessinateur de presse. Il a réalisé plusieurs bandes dessinées, entre autres, Le Baptême du Maquis, Les frères Barberous, Jugurta et les Mille et une nuit. En 1967, la SNED voulait lancer un journal de bandes dessinées qui s’appelait « M’Quidech », il a été chargé de créer le personnage. M. Haroun est membre de l’Union Nationale des Arts Plastiques. Il a eu aussi le 1er Prix à l’occasion du 14ème anniversaire du 1er novembre 1954. Deux fois primé au concours international de la caricature en SIMAVI 1989 et 1994. Auteur de plusieurs albums, Dhawahir 1234, El Afrit sportif et B’har lemnam. Président du jury du festival international de la bande dessinée FIBDA. Collaborateur dans plusieurs journaux ainsi que des revues; Jeune Afrique, Algérie Actualité, Révolution Africaine, Le Soir d’Algérie, El-Chaab, El-Moudjahid, El Mountakhab, El-Heddaf, El-Massa,… Ahmed Haroun, de haut de ses 77 ans, a à son actif plusieurs expositions à l’étranger.

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