La ville en hibernation culturelle

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C’est l’automne à Tigzirt. Le bruit des vagues se fait entendre jusque dans le boulevard du centre ville. Les sifflements du vent traversent les ruelles exigües de l’ancienne cité qui couve les ruines d’un passé millénaire. Iomnium sort brusquement du monde pour une hibernation solitaire. La monotonie couvre tel un manteau épais les silhouettes errantes sur les trottoirs. C’est l’automne, les visiteurs sont partis. Tigzirt retombe dans sa somnolence jusqu’au retour du soleil. Les autorités en charge de l’animation culturelle n’assurent pas cette transition. Après les galas payants de l’été organisés par une agence spécialisée dans l’événementiel, les habitants de la ville n’ont plus d’occasion de se distraire. Pourtant, Tigzirt possède les infrastructures nécessaires pour animer cette vie culturelle mourante. Un centre culturel plus le FAJ, une salle de cinéma en plein centre-ville, une maison de jeunes et des artistes innombrables, mais Tigzirt n’est plus cette ville animée de la saison estivale, elle est subitement muette. Interrogés dans les places publiques, des jeunes affirment qu’il ne fait pas bon vivre dans cette contrée qui a pourtant tous les attraits pour rendre ses habitants heureux. L’un d’eux racontera qu’il a tenté par le passé d’apporter sa contribution par l’animation de galas artistiques dans les salles disponibles en contrepartie de tickets vendus à 200 dinars. La tentative s’est soldée par un échec à cause de l’absence de collaboration des autorités locales et aussi des artistes qui n’y avaient pas été convaincus. En effet, beaucoup pensent aujourd’hui que les populations ont une part de responsabilité en ne s’impliquant pas. Notre interlocuteur explique aussi que son initiative pourrait être reprise par des artistes qui animeront des galas payants au niveau de la salle de cinéma. En louant cet espace toujours vide et inutilisé, des artistes pourront le remplir de leur public prêt à payer l’entrée. L’idée fait son chemin. En fait, la fin de la saison estivale n’affecte pas uniquement la vie culturelle et artistique dans l’ancienne cité antique de Septime Sévère. Le commerce aussi sombre dans la dépression. Après deux mois d’activité florissante, les commerçants voient leur clientèle drastiquement baisser. A présent, les jours à Tigzirt s’écoulent doucement presque sur la pointe des pieds. Les habitants se suffisent de discussions sur les terrasses de cafés et souvent dans les petits jardins. Les jeunes, eux, regardent l’horizon marin dans l’espoir d’une traversée vers la rive Nord de la méditerranée.

Akli. N

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