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YENNAYER 2969 - Idir, Aït Menguellet et Allaoua confirment le rendez-vous de Bercy : "Donner une autre dimension à la kabylité"

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Pour retrouver un souvenir du genre (une prestigieuse scène qui réunit des icônes de la chanson kabyle), Idir (en conférence avant-hier à l'hôtel Mercure du côté de la cité de la musique à Paris) a dû remonter le temps jusqu'aux fameux galas du 20 avril au stade de la cité universitaire de Oued Aissi, où, au "concept initié avec Lounis" durant les années 70, la Kabylie chantait. Et encore !

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C’est très lointain mais il (Idir) se rappelle : « A cet époque-là toi tu n’avais pas encore commencé (taquinait-il Allaoua, à sa droite, du regard et des paroles). Je me souviens qu’on avait fait de grandes salles ici à Paris, notamment « Le pavillon de Paris » (aujourd’hui remplacé par le Zénith), Saint Ouen (un gymnaz de près de 10 000 places…

Mais, « Bercy, c’est sans doute la grande marche jamais osée jusque-là par la chanson kabyle, » tranche-t-il. C’est d’une autre envergure ! C’est tout de même Bercy ! La deuxième salle au niveau mondial de la chaîne Accor Hotels Arena, la nouvelle appellation adoptée. Une salle mythique à 20 000 places s’il vous plait ! Et c’est à Paris, une capitale mondiale, une tribune exceptionnelle pour la chanson kabyle et pour la Kabylie plus globalement. Le challenge est immense. Et le trio Aït Menguellet – Idir – Allaoua est prêt à le relever.

Un véritable défi pour lequel Idir ne voit aucune raison, « pourquoi ça ne sera pas une grande réussite », aux appréhensions de certains. Il dit sa joie d’adhérer au projet, dès le début de son intervention. Auparavant, les promoteurs de l’évènement ont commencé par projeter un message vidéo (son et image) de Lounis Aït Menguellet qui n’a pu faire le déplacement à cause « de quelques ennuis de santé sans gravité ».

Sur l’image, le poète n’avait d’ailleurs pas l’air d’être affecté par son souci sanitaire, mais plutôt par sa défection au rendez-vous. Visage très clair et bien affirmé pour un gars de son âge, cheveux bien arrangés, moustache et barbichette, quelque peu poivre sel, chemise noire, comme il en préfère, Lounis s’élanca naturellement dans un exercice qu’il affectionne pourtant moins : discourir. Serein, souriant par moments, l’air gêné à d’autres (vraisemblablement par l’effet de l’exercice), Lounis commencera par un appuyé « bonjour à tous et bienvenue ».

Et de reprendre : « Je m’adresse surtout aux journalistes qui sont venus pour la conférence de presse pour leur dire que suite à des ennuis de santé sans gravité, je ne peux malheureusement pas être présent. Mais c’est moi qui ai tenu à ce que cette conférence ait lieu quand même. Parce que j’ai pensé à nos amis journalistes qui viennent de loin. Je sais que ce genre de contraintes n’est pas toujours le bienvenu, mais j’ai tenu à ce que le programme ne change pas, c’est à dire que la conférence ait lieu. Et de toutes les façons, c’est comme si j’étais là à partir du moment où nos amis Idir et Allaoua sont là pour répondre à vos questions. Je leur fais confiance et je ne pourrai pas mieux répondre qu’eux. Encore une fois, je m’excuse et rendez-vous à Bercy le 12 janvier 2019. En attendant, je vous souhaite à tous d’agréables instants. Merci à tous ».

Voilà c’est le message de Lounis Aït Menguellet, rassuré et rassurant, aux présents à la conférence qu’il devait donc dans un premier temps animer aux côtés de Idir et Allaoua.

Absence d’Aït Menguellet ? Un simple souci d’ORL

Il n’était finalement pas là mais il a tenu à l’être, à sa manière, pour lancer lui aussi son appel aux fans de venir en masse et faire de ce rendez-vous un moment historique pour la Kabylie et les Kabyles. Abondant dans le même sens, Idir rappelle: « On va parler d’un évènement que je pense peu commun et dans sa réalisation et dans la qualité de ses artistes mais aussi dans son côté évènementiel. Au départ, j’étais réticent à ce 1, 2, 3 Kabylie, parce que j’avais l’impression qu’on est en train de suivre Un, Deux, Trois soleil… Mais bon, comme il s’agit de la Kabylie, et c’est une joie aussi pour moi de participer avec des talents comme Aït Menguellet et Allaoua… ».

Se renvoyant dans l’histoire, il évoque des souvenirs lointains pour dire sa réjouissance du parcours de la chanson kabyle combien même « il en reste à faire », avertit-il. « Au tout début, nos anciens émigrés chantaient dans des cafés, des bistrots, des hôtels. Ils chantaient surtout leur exile en songeant au pays, à leurs familles qu’ils avaient laissées très loin, au temps où pour avoir des nouvelles d’un proche il fallait attendre trois ou quatre mois pour avoir la réponse à la lettre envoyée. De nos jours, c’est une autre vie. Progressivement, on a fait extraire la chanson kabyle des bistrots pour la placer dans les salles de spectacles. Je me souviens, la première qui nous a acceuillis, c’est celle de la Mutualité, puis l’Olympia, après il y a eu le Zenith … Le challenge de Bercy, c’est une suite, je dirai donc, logique dans ce parcours en quête du mieux et du meilleur. La chanson kabyle et la kabylité gagneront une meilleure place, dans des salles plus cotées et plus grandes. Elles profiteront de ce rayonnement pour faire avancer les choses et surtout faire revivre nos symboles. Car à partir du moment où on parle et on fait au nom de la Kabylie, on ne peut pas ne pas évoquer les Matoub, Slimane Azem, El Hasnaoui et j’en passe. Idir n’a pas tout initié. Ce n’est pas lui non plus qui a lancé la chanson kabyle. Ce sont ces géants qui nous ont légué un héritage à préserver et surtout un chemin à continuer. Et je pense que cette escale à Bercy porte au moins sur trois choses qui ne feront que grandir davantage la kabylité. Car il y a trois détails à retenir : Il s’agit là de porter la Kabylie, la chanson kabyle et ses icônes mortes ou vivantes dans un haut lieu culturel de prestige mondial que ce soit en rayonnement ou en grandeur et celà à l’occasion de Yennayer ».

La nouvelle idole de la chanson kabyle, Allaoua, lui, préfère bien mesurer ses paroles et ses pas devant les Idir et Aït Menguellet même si ce n’est pas du tout par simple sympathie qu’on l’associe à un projet comme ça. Il est quasiment le seul artiste kabyle à oser, presque annuellement, un Zenith en solo. Et il fait à chaque fois salle comble ! Mais quand il dut résumer ce qu’il pouvait dire, il opta pour la sobriété : « Je suis petit devant eux et j’espère un jour devenir comme eux ».

Les petites phrases de Idir et Allaoua

Quand vous le poussez davantage, il dit un peu plus mais il ne change pas de ton : « Je suis franchement très satisfait et ému de participer à ce concert aux côtés des grandes sommités de la chanson kabyle avec lesquelles j’ai grandi, à travers la radio. C’est vrai que j’ai déjà eu l’occasion, je dirais même des occasions et le privilège, de chanter avec eux (Aït Menguellet et Idir) mais cette fois, il est vrai que c’est spécial, c’est tout un programme. Et puis être là partager une affiche, une scène, et quelle scène, avec mes maîtres, c’est tout simplement un rêve qui se réalise. Et puis au delà je considère que ce partage est une chose dont Tamazight a besoin. L’union et la fraternité peuvent nous amener à réaliser toutes nos attentes, ne serait-ce que de vivre en quiétude entre frères. Faisons de ce rendez-vous de Yennayer 2019, notre jour de l’an, une halte d’union, de grande mobilisation pour fêter Tamazight et nos symboles ».

Le message est clair et lancé ! Allaoua, avec un large sourire, promet une grande fête. Il finira même par se permettre une dose d’ironie à l’égard de ses deux aînés : « Cette fois, même si le challenge est grand, je ne sais pas pour eux (Aït Menguellet et Idir), mais moi, je sens moins de stress et de trac, je suis bien entouré, ce n’est pas du tout la même chose quand je pariais sur un Zenith grande formule à moi seul. C’est vrai que Bercy c’est quelque 20 000 places, mais j’avoue que je suis moins stressé, je compte bien m’éclater et le public ne regretera pas sa venue, y’aura beaucoup de surprises. C’est tout de même un évènement exceptionnel qui ne se reproduira, sans doute, pas de sitôt. Alors, soyons tous à Bercy le 12 janvier 2019 », balance Allaoua. En fin, renseignement pris sur le malaise d’Aït Menguellet, ce dernier qui est à Paris depuis une quinzaine de jours, souffrirait d’un problème d’ORL qui lui affecte par instants son équilibre. Il est en soins mais reste chez lui à son domicile parisien. Il devrait rentrer en Kabylie à la mi-novembre, rassurent des proches à lui.

Djaffar C.

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