«La mort mystérieuse du prophète» captive !

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L’universitaire tunisienne Hella Ouerdi est l’auteur du livre «Les derniers jours de Mohamed, enquête sur la mort mystérieuse du prophète». Présente au dernier Salon international du livre d’Alger SILA, la chercheuse a reçu un accueil chaleureux et son livre a eu un franc succès auprès des lecteurs. En effet, pendant cet important événement littéraire et malgré un retard de deux heures, ils étaient des centaines à l’attendre pour pouvoir avoir une dédicace de la part d’une écrivaine qui a eu l’audace de traiter d’un sujet aussi sensible que passionnel. Le prophète reste un grand méconnu malgré sa place centrale dans l’imaginaire collectif musulman et sa mort est toujours nimbée de mystères. Hella Ouerdi, qui a, dans un premier temps, ramassé des notes de lecture sur la vie du prophète en se basant sur les récits de la tradition musulmane, a été par la suite encouragé à publier ses notes. C’est en fait un projet de lecture qui s’est transformé en projet d’écriture. Il en a résulté un livre traitant d’une période cruciale dans la formation du futur khalifat qui est la période des derniers jours du prophète de l’islam, Mohamed. Il lève, ainsi, le voile sur certaines vérités longtemps restées l’apanage d’une poignée d’érudits qu’on appelle dans le jargon des initiés « khasat el khasa ». C’est une narration qui reconstitue le déroulement des événements sur l’état psychologique de Mohamed, sur la guerre de succession entre les différents prétendants. Tout ceci se passe avant, pendant l’agonie et après la mort du prophète. Pendant cette période, Hella Ouerdi, comme c’est mentionné dans les écrits de Boukhari, Mouslim ou Tabari, décrit le prophète dans un état d’abattement, de solitude et d’une certaine façon otage d’une « séquestration symbolique » par son entourage immédiat, à savoir ses compagnons et ses femmes. Alors qu’il revenait de pèlerinage de l’adieu ou « Houdjat el ouadaa » et venait de subir une défaite dans son entreprise de conquête de Jérusalem, alors sous l’emprise byzantine, le prophète sombrait dans une grande déception et de solitude. On lui a même refusé de dicter son testament dans le fameux épisode du jeudi avant sa mort et qu’on appelle « le jeudi de la calamité ». Omar Ibn El Khattab s’est opposé à l’écriture de ce testament en invoquant que le prophète délire et que le Coran est suffisant. Ceci cache sa crainte qu’il soit écarté du pouvoir au profit du favori du prophète, à savoir Ali Ibn Abi Taleb. Ce dernier, cousin et gendre du prophète par Fatima, était le favori du prophète qui le voulait, selon la chercheuse, comme une courroie de transmission du pouvoir à ses deux petits-enfants Hacène et Hocine. Cette situation n’arrangeait pas forcément les autres prétendants qui se sont ligués pour l’isoler et l’écarter de la succession ainsi que ses deux fils. Ces deux derniers seront, d’ailleurs, victimes d’assassinats physiques, après la mort de leur grand-père, par les califes ommayades, d’où la naissance du Schisme qui ravagera la « communauté des croyants «entre les sunnites et les chiites». On comprend aisément, après ce récit, que la figure sacrée du prophète s’est faite bien après sa mort ou autrement dit à postériori. Et ceci s’explique, en partie, par la volonté de réparer le « péché originel » qui est l’abandon du prophète. Les sources musulmanes sont, d’ailleurs, unanimes sur ce point comme l’affirme l’enseignante à l’institut supérieur des sciences humaines de Tunis. L’épisode de l’abandon du corps mort du prophète et sa putréfaction est plus que révélateur. Ce livre qui a été condamné dans plusieurs pays arabes et musulmans sans être lu, se base sur des sources musulmane, aussi bien Chiite que Sunnite qui curieusement se recoupent sur cette période. Enfin, l’écrivaine annonce la sortie prochaine de la version arabe de ce livre. Ce qui aiderait sûrement à une meilleure compréhension de ce sujet et permettrait de sortir de cette occultation d’un épisode très important de l’histoire de millions de musulmans de par le monde.

M. I. B.

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