Un bijou à valoriser

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Perché sur les hauteurs du village Thaddarth d’Azazga, à une lieue de la RN12, l’école régionale des beaux arts d’Azazga (ERBA) domine un paysage féerique. Datant de la période coloniale, ce lieu appelé anciennement les Chalets, abrite l’école nichée dans un endroit calme, inspirant et panoramique. En d’autres termes, un endroit idéal pour les jeunes artistes en herbe pour travailler et donner libre cours à leur imagination. Dès l’entrée du portail principal de l’école, un portrait de M’hamed Issiakhem vous accueille. Le jumeau de Nedjma a marqué la peinture algérienne de son empreinte. Des sources nous ont informés que des démarches sont entreprises pour baptiser cette école au nom de ce grand peintre. Ce ne serait que justice rendue. Lors de notre rencontre avec la directrice de cet établissement, Mme Mokhtari, nous nous sommes enquis de la situation générale de cet établissement. D’emblée, la directrice a nié la rumeur faisant état d’une prochaine fermeture de l’établissement en déclarant : «Certes, il y aura une restructuration de plusieurs écoles, mais l’école d’Azazga n’est en aucun cas concernée. Il y a deux établissements à l’échelle nationale qui vont fermer. Nous enregistrons chaque année les meilleurs résultats. Le secrétaire général du ministère de la Culture nous a affirmé que parmi les six écoles des beaux arts, celle d’Azazga a les meilleurs bilans et les meilleurs sortants, donc on ne touchera jamais à cette école». Il est vrai que l’ERBA jouit d’une notoriété nationale et que ses élèves sont très convoités. Les exemples édifiants sont entre autres que la statue du roi numide Massinissa qui devrait être installée à Alger-centre, est l’œuvre d’un élève de cette école, ainsi que la restauration de la statue d’Ain El El Fouara où on a fait appel à l’école des beaux-arts d’Azazga. On ne peut cependant que regretter que les collectivités locales de notre wilaya, et surtout celles de la région d’Azazga et de ses alentours, ne fassent pas appel aux services de cette école, ne serait-ce que pour donner des avis, des conseils ou des orientations pour un meilleur choix sur le plan esthétique ou des matériaux. L’embellissement des places publics, des écoles, des crèches ou des établissements hospitaliers, ainsi que l’aménagement des espaces verts, est à la portée des élèves et des professeurs qui sauront apporter leurs touches artistiques pour une meilleure esthétique, d’autant plus qu’ils peuvent travailler sur des matériaux de récupération. Les façades de plusieurs établissements et placettes écornées par l’écume des temps peuvent retrouver une seconde jeunesse grâce au talent et au génie créateurs des ces futurs artistes. Cette école qui dépend directement du ministère de la Culture dispense une formation de quatre années dont deux années en tronc-commun. Après ces deux années, les élèves ont le choix entre six spécialités à savoir, la céramique, le design graphique, la miniature, la sculpture, le design aménagement et la peinture. Ils sont 80 élèves dans les différents paliers dont 24 vont soutenir à la fin de l’année. Pour la directrice de cet établissement, le problème majeur est l’internat. Elle affirme : «Notre principal souci est l’internat. Pouvoir loger les élèves qui viennent des wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumerdès et Alger est notre préoccupation majeure, car c’est une école régionale. Et les infrastructures ne répondent pas, elles sont vétustes. Dès qu’on répare un endroit, un autre se déclare. Et cette année, j’ai impliqué directement les enseignants, qui sont des artistes, dans les opérations de restauration. On est en train de changer certains ateliers pour accéder au nombre. Pour l’exemple, l’atelier design graphique a été refait pour agrandir la pièce. Ils sont sept dans cette spécialité qui nécessite des tables graphiques et donc beaucoup d’espace. Et c’est la même chose pour la céramique ou le four occupe une grande surface». Pour les soutenances de l’année passée, l’école a fait appel à des membres de jurys externes à l’école dont Karim Sergoua, membre du prix Ali Maachi, enseignant à l’école supérieure des beaux-arts, et Adlane Djeffal de l’école de Mostaganem. Deux sommités dans ce domaine qui n’ont pas tari d’éloges pour les performances des élèves soutenants. La nouveauté dans cette école est la possibilité d’accès même pour des candidats libres. Une sorte de classe d’amateurs. L’année passée, deux vieux retraités ont soutenu dans la spécialité céramique. L’école est ouverte pour les amateurs qui veulent prendre des cours. L’année passée, une grève de 34 jours a secoué cet établissement. Elle faisait suite à l’appel de la section syndicale. Cependant, cette grève n’a pas eu des répercussions sur l’année scolaire et les cours ont eu lieu comme d’habitude. Les tentatives de médiation ont échoué, la justice a tranché pour l’arrêt de la grève pour vice de forme. Ceci n’a pas arrêté, pour autant, le conflit qui oppose le syndicat à la direction. Le ministère de tutelle, à savoir la Culture, a dépêché sur place un expert pour éplucher la comptabilité, discuter avec les professeurs et les élèves ainsi que les parties en conflit, et ce, au mois de mai dernier. Mais les conclusions de ce rapport se font attendre. Cependant, la rentrée de cette année s’est faite dans de très bonnes conditions, et nous espérons qu’un terrain d’entente sera trouvé et que les intérêts suprêmes des élèves soient sauvegardés.

M. I. B.

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