«Réconcilier le public avec le conte»

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Le conteur Fares Idir parle dans cet entretien de ses rendez-vous et activités dans le monde des “insouciances”.

La Dépêche de Kabylie : Quel est le regard de la société sur le conte aujourd’hui ?

Fares Idir : Je pense que depuis quelques années, nous vivons une période de transition très sensible par rapport à la relation conte-public. Dans chaque village, on a fait naître un public avide de ces séances de contes autour du «kanoun». Ceci dit, bien que le contexte et les circonstances d’autrefois diffèrent, nous sommes bel et bien en train de renouer avec le conte, de réconcilier le public avec le conte.

Dans quel cadre vous vous produisez le plus, vous les conteurs ?

Nous nous produisons généralement dans le cadre des événements liés au conte, comme les festivals. Nous sommes parfois aussi invités par les directions de la culture de différentes wilayas, ou par des associations activant au profit des enfants, qui nous font appel pour des spectacles de contes, à l’image de l’association «Le petit lecteur» d’Oran. J’ai sillonné jusque-là plus de 30 wilayas à la rencontre des enfants et je ne compte pas m’arrêter.

Comment a été votre participation au dernier Racont’Arts à Tiferdoud ?

C’était magnifique. Il y avait même une nouveauté cette année qu’on a appelée «la balade contée», à laquelle plusieurs conteurs de différentes cultures avaient pris part. Nous étions au nombre de 25 environ.

Estimez-vous que les autorités accordent suffisamment d’importance au conte et au conteur ?

Malheureusement non. Étant un patrimoine oral très précieux, le conte n’est toujours pas reconnu comme tel dans notre pays, ni le conteur d’ailleurs qu’on ne reconnaît pas comme artiste. Preuve en est la rareté des occasions où le conteur peut se produire. Alors, de là à parler de la possibilité de gagner sa vie grâce au conte, il y a loin de coupe aux lèvres. Même lorsque nos amis conteurs ont été reconnus et ont eu des prix à l’étranger, chez nous, on en est encore très loin. Je pense particulièrement à Mahi Seddiki ou Naima Mehailia par exemple.

Rêvez-vous d’un Festival de conte à Aït Smail ?

Oui, je l’espère de tout cœur. Nous sommes en train d’y penser avec l’association pour la jeunesse et le travail humanitaire et intellectuel de Nassim Benchikh, mais pour l’organisation d’un festival de contes itinérant à Béjaïa.

Parlez-nous de vos livres que vous comptez éditer incessamment ?

J’ai déjà collaboré à un livre de notre amie romaine, Mariana Bandou, où l’on a fait une petite présentation d’un conte kabyle. Actuellement, je suis en train de finir la traduction vers le kabyle du livre «Les contes très africains» de Jorus Mabiala, un conteur congolais. J’ai, aussi, fait une autre traduction qui est en phase d’examen, il s’agit d’un autre livre de contes de Sadia Tabti. Il devrait être édité aux éditions Alpha à Paris.

Comment a été votre récente participation à l’évènement Si la musique m’était contée ?

C’était dans le cadre de l’hommage rendu à Alger par la fondation SAK&ARA au violoniste Kheiredine Sahbi, décédé lors des attentats de Paris en 2015. C’était un spectacle pour adultes. Nous avions marié la musique avec le conte avec brio.

Entretien réalisé par M. K.

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