Empreinte indélébile d’un artiste hors pair

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L’artiste peintre M’hamed Issiakhem est né en 1928 dans un village près d’Azeffoun. Il grandit à Relizane, où sa famille s’est installée à partir de 1931. En 1943, lors du débarquement allié, le jeune M’hamed dérobe une grenade dans un camp américain. L’engin explose, entraînant la mort de deux de ses sœurs et d’un cousin, tandis que lui sera amputé de son bras gauche. Cet événement tragique le marquera à jamais. Il tente de conjurer le traumatisme par une sorte d’exercice cathartique. Ce malheur accompagnera en filigrane toute son œuvre artistique. L’image la plus parlante est sans doute celle de sa propre main imprimée directement sur ses toiles. En 1947, il étudie à la société des beaux-arts d’Alger, puis à l’école des beaux-arts. En 1951, il rencontre Kateb Yacine avec lequel il tisse une solide et durable amitié. Benamar Mediène leur consacre un ouvrage sous le titre «Les jumeaux de Nedjma». Ils renforceront ce lien à Paris, où Issiakhem vit de 1953 à 1958 pour étudier à l’école des beaux-arts de la ville. Membre de l’Union des étudiants musulmans algériens, il se rend en 1958 en Allemagne de l’Est (RDA). En 1962, il est boursier de la Casa de Velasquez de Madrid, ce qui lui permet de poursuivre son travail artistique à Alger, où il venait de s’installer. Membre fondateur en 1963 de l’Unap (Union nationale des arts plastiques), il finit par se retirer suite à des dissensions internes et sa caporalisation sous la coupe du parti unique. De 1964 à 1966, il enseigne à l’École des beaux-arts d’Alger. En 1967, il réalise avec Kateb Yacine un téléfilm, «Poussières de juillet». En 1971, il enseigne les arts graphiques à l’École d’architecture d’Alger. Sa production artistique, semi-abstraite, est difficilement classifiable. Le symbolisme des personnages, dont cette figure évanescente de la femme qui évoque la Nedjma de Kateb Yacine, se mêle aux signes traditionnels. Une maîtrise des tons et nuances, une gestuelle parfois violente, un style très personnel qui, aujourd’hui encore, continue à marquer de nombreux peintres. L’artiste-peintre a été aussi dessinateur de presse dans Alger républicain et Algérie actualité, décorateur de films, tout comme il a conçu de la monnaie fiduciaire et des timbres postaux. En 1980, il est récipiendaire à Rome du premier Simba d’or, une distinction de l’Unesco pour l’art africain. M’hamed Issiakhem tire sa révérence un certain1er décembre 1985 des suites d’une longue maladie.

Nacer M.

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