“Ni Doha, ni Paris… l’Algérie algérienne”

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L’Union pour la Démocratie et la République (UDR) tient, depuis hier, son congrès constitutif au niveau de la grande salle de la centrale syndicale, en présence de plus de 1200 congressistes venus des 48 wilayas du pays et des représentants de la communauté algérienne établie à l’étranger.

Parmi les invités de marque, on pouvait distinguer : Saïd Abadou, secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) , l’ex secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest ; Mohamed Saïd, premier responsable du Parti pour la liberté et la justice (PLJ) et d’autres personnalités du monde de la culture et du mouvement associatif.

Si ce congrès aurait du être éludé pour le motif qu’il a déjà été tenu en 2004 dans le strict respect de la loi, Amara Benyounes a tenu à souligner que l’agrément de son parti n’a pas été délivré par les autorités. Et ce n’est qu’au terme d’un nouveau parcours procédurier “particulièrement éprouvant” que l’UDR peut enfin passer à l’essentiel, à moins de trois mois de la tenue des élections législatives.

“Nous n’avons de comptes à régler avec personne”

Le premier responsable du parti n’a pas manqué de relever avec insistance que si ce congrès s’impose non seulement pour des considérations légales et de fonctionnement démocratiques, il n’en demeure pas moins que les développements importants enregistrés dans la société et sur la scène politique nationale sont venus dicter la nécessité de tenir ce grand rassemblement. Des événements qui, au-delà de la construction d’un grand parti, se veut rassembleur de tous les patriotes républicains. En un mot la grande famille auquel se joint avec grande conviction l’UDR. Sur le plan économique, Amara Benyounes n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger la politique engagée en assignant deux défis majeurs à l’économie nationale : le premier, a–t-il avancé est en rapport avec le processus de passage de l’économie de planifiée à l’économie de marché qui a butté selon le premier responsable de l’UDR, sur l’incompétence du personnel en place chargé de faire le suivi. Quand au second défi, il s’agit ni plus ni moins que de sortir de l’économie pétrolière pour mettre en place une économie de production créatrice de richesses et d’emploi. Ce qui amené à déduire qu’il ne peut y avoir de développement économique avec un secteur public hégémonique A propos du marché parallèle qui gangrène l’économie nationale et qui prend une ampleur si grande qu’il supplante bien souvent l’économie et le marché officiel; l’orateur a tenu à mettre en exergue le danger sur la sécurité du pays, d’autant plus, a–t-il indiqué que des lobbies essentiellement d’obédience intégriste, puissants et organisés, s’en sont rendus maîtres.

“Oui, nous sommes une exception dans le monde arabe !”

Sur le plan international, le secrétaire général de l’UDR a tenu à clarifier les choses en assénant que l’Algérie tient une place particulière dans la sphère arabo- musulmane et ce, pour l’avoir prouvé tout au long de son histoire ancienne et récente. Plusieurs motifs : D’abord pour avoir consenti le sacrifice de centaines de milliers de chouhada pour se libérer du joug colonial ; Il l’a prouvé également lorsqu’au Printemps berbère de 1980, le peuple a défié le régime en manifestant pacifiquement pour revendiquer la reconnaissance de son identité et de sa culture mais aussi pour la démocratie. Il a su également imposer un changement radical en affrontant le régime en octobre 1988, et enfin en le prouvant durant les années 1990, en se mobilisant, aux côtés de son armée et des forces de sécurité pour faire barrage à l’intégrisme qui a voulu le spolier de ses libertés. Par ailleurs et pour mieux situer la spécificité algérienne, le responsable de l’UDR s’est demandé : “Quel est ce pays arabe qui compte 70 journaux quotidiens, un caricaturiste comme Dilem qui ne se gène nullement dans ses dessins à vilipender les responsables politiques algériens. Et enfin, pour preuve de sa démocratie, l’orateur a souligné qu’en Algérie, quatre chefs d’Etat sont encore vivants alors qu’ailleurs, les anciens présidents sont, a-t-il dit, soit assassinés soit poussés à l’exil. Ni Paris, ni Doha, l’Algérie algérienne ! C’est par ce slogan que Amara Benyounes a résumé la spécificité algérienne qui n’admet ni ingérence ni de leçons à recevoir des pays en proie à l’instabilité et à la main mise des Islamistes qui ont investi leurs gouvernements.

“Nous irons aux législatives car nous savons que les patriotes républicains sont majoritaires dans ce pays”

S’il est clairement mentionné dans le discours de Amara Benyounes que la bataille des législatives sera rude, il n’en demeure pas moins que son parti ira avec confiance et détermination. “Nous participerons parce que nous avons la conviction que le changement ne peut s’opérer que par les urnes», a clamé l’orateur en ajoutant que “fort convaincus que les patriotes républicains sont une majorité dans le pays, notre choix s’est porté sur notre présence avec l’espoir d’une forte participation pour “faire barrage aux Islamistes et mener le pays vers le destin démocratique et moderne qui est le sien”. Et pour clore son intervention devant le fort taux de présence des congressistes, le premier responsable de l’UDR a tenu à faire quelques appels notamment aux démocrates, patriotes et républicains pour leur dire que : la double fatalité intégriste ou de statu quo est un épouvantail et que s’ils le veulent, “une alternative démocratique, républicaine, patriotique et moderne existe” et que tous ensemble, nous constituons une majorité capable de s’imposer par les urnes et dans la transparence. Enfin, une proposition de changement d’appellation et donc de sigle sera soumise au suffrage des congressistes pour que le parti devienne ainsi Mouvement populaire algérien (MPA) au lieu de l’UDR. Deux raisons en sont à l’origine : celle de tourner définitivement la page de près de huit années de démêlés avec l’administration qui a injustement refusé l’agrément à l’UDR et celle de doter notre parti d’un nom qui traduise au mieux notre conception de l’action politique.

Ferhat Zafane

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