Pensée aux six inspecteurs assassinés par l’OAS

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Les six inspecteurs des centres socio-éducatifs, assassinés par l’OAS un certain 15 mars 1962, à savoir Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Marcel Dasset, Robert Eymard, Max Marchand et Salah Ould Aoudia, sont à l’honneur, depuis hier, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou et ce, à l’occasion de l’anniversaire de leur tragique disparition.

Cette activité s’étalant sur deux journées, hier et aujourd’hui, se veut une occasion de faire revivre ces six piliers de la littérature algérienne. A cet effet, c’est Mme Ben Salem Houria ainsi que Mme Boukhlou Malika, respectivement docteur en littérature arabe et docteur en langue et civilisation française à l’université Mouloud Mammeri, qui ont animé deux conférences au petit théâtre de l’établissement culturel de la ville des genêts. Ceci, en plus des interventions de M.Ghobrini Mohamed, modérateur de l’événement qui n’a pas manqué également d’intervenir. Les deux conférencières se sont étalées, en particulier, sur Mouloud Feraoun. Mais avant de donner la parole aux deux docteurs, M. Ghobrini avait déclaré que c’était un honneur pour lui que de participer à cette commémoration. L’orateur dira au sujet de l’assassinat des six inspecteurs que « beaucoup de gens disent que leur mort n’était qu’une simple coïncidence, mais nous savons c’était un plan, un complot orchestré pour assassiner le savoir en Algérie ». M. Ghobrini, a ensuite exprimé sa satisfaction parce que, selon ses dires, « aujourd’hui, il y a des gens qui font des recherches sur ces savants, pour que la vérité sur leur assassinat éclate ». Ceci avant que Mme Ben Salem entame son intervention par un adage très courant qui dit Alvadh yela Oulachith, Alvadh Oulachith Yela. La conférencière considère que Mouloud Feraoun est de ceux qui restent présents malgré leur absence physique, parce que il a marqué l’histoire de ses empreintes. Elle n’a pas cessé également de qualifier Mouloud Feraoun de « père de la littérature algérienne », car enchaîne-elle, « par Le fils du pauvre, il a signé la naissance de la littérature algérienne, ce qu’il a laissé a dépassé les frontières géographiques et culturelles du pays ». Mme Ben Salem dira, à ce propos, que « Feraoun a beaucoup parlé dans ses ouvrages de la misère et de la pauvreté en Algérie durant la période du colonialisme français, en Kabylie particulièrement. Feraoun s’est inspiré de la réalité qu’il vivait, il a donc collecté sa matière du réel pour la transformer, ensuite, en littérature ». La situation sociale de la population kabyle, qui poussait ses enfants à l’exil, à la recherche d’un travail pour subvenir aux besoin de leur famille, ainsi que le courage et la patience de la femme pendant toute ces circonstances, ont été également les points que l’oratrice a abordé tout en signalant ces derniers points étaient les motivations de Feraoun dans son rôle d’écrivain. Ceci pour dire que Feraoun « s’inspirait et collectait sa matière et ses informations du réel la transformant en littérature ». Mme Boukhlou Malika, quant à elle, a opté pour le thème Mouloud Feraoun l’instituteur et le romancier. Elle dira que « Feraoun est considéré à la fois comme cultivateur du savoir et du champ, par ses deux activités, celle d’instituteur dont il a bien réussi à triompher bien que fils de pauvre et dans son retour à la terre ». C’était « un semeur de gloire qui a allumé le feu du savoir dans l’esprit des enfants qu’on lui a confié ». Selon Mme Boukhlou, «Feraoun a ouvert le chemin, il a été la passerelle, celui qui a permis le passage d’une vie à une autre ». Concernant l’assassinat des six inspecteurs, Mr Ghobrini dira qu’ils ont été ciblés parce qu’ils travaillaient dans l’enseignement. Il convient de souligner qu’en marge de ces conférences animées dans la matinée d’hier, plusieurs autres activités sont également au menu du programme concocté pour cet événement. Parmi ces activités, une exposition d’articles de presse, de photographies et de livres autour des six personnages, la projection d’un film intitulé «La terre et le sang » qui a eu lieu hier au petit théâtre et, parallèlement, des lectures d’extraits de l’œuvre de Feraoun faites par des élèves du collège qui porte son nom. Aussi, des recueillements sur la tombe d’Ali Hammoutène, au carré des martyrs à M’Douha, et sur celle de Mouloud Feraoun, à Tizi Hibel, auront lieu aujourd’hui. Ceci, en plus de témoignages autour du Chahid Ali Hammoutène et d’une conférence sur Mouloud Feraoun, qui sera animée, cet après-midi au petit théâtre, par MM. Youcef Merahi et Mohamed Ghobrini.

R. S.

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