L’amiante cause près de 300 cas de cancer du poumon par an en Algérie

Partager

Chaque année, en Algérie, près de 300 personnes sont atteintes de cancer professionnel, suite à une exposition à l’amiante. C’est ce qu’ont tenu à souligner les spécialistes, lors des 3èmes journées nationales de Pneumo-phtisiologie qui se tiennent depuis hier au Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou.L’amiante, même en étant interdite d’importation depuis 2009, continue à faire des ravages, touchant notamment les personnes en contact direct avec cette matière. C’est en tout cas ce qu’a tenu à signaler le Dr. Dib du CHU de Tizi-Ouzou. Elle explique ceci par le fait « qu’aucun suivi de traçabilité n’a été effectué sur tout ce qui est entré en Algérie avant l’interdiction en 2009 de l’importation de cette matière. On ne connaît pas tous les endroits où cette matière est encore présente », expliquera-t-elle. Après le tabagisme, l’exposition à l’amiante est de loin l’autre cause du cancer du poumon la plus répandue. Un cancer diagnostiqué chez pratiquement 30 habitants sur 100 mille. Les intervenants lors de la première journée de cette rencontre, dédiée à la pneumo-phtisiologie, ont par ailleurs tenu à attirer l’attention sur la nécessité de prendre en charge les personnes ayant travaillé (ou travaillant encore), dans un milieu où existe encore l’amiante. Ils ont, par la même occasion, déploré l’absence d’une réglementation ou d’une législation qui obligerait les employeurs à prendre en charge les travailleurs, en les soumettant à un examen médical tous les deux ans. « C’est le cas notamment des entreprises qui commercialisaient de l’amiante, et qui ont fermé leurs portes après l’interdiction de cette matière ». D’autant plus que la période de latence avant l’apparition d’un cancer des poumons lié à l’exposition à l’amiante est très longue.  Elle est en effet supérieure à 15 ans dans la quasi-totalité des cas. Par ailleurs, les cancers bronchiques pulmonaires ne disposent pas d’une bonne prise en charge. C’est le cas de la radio thérapie dont le rendez-vous n’est acquis qu’au-delà de 15 semaines d’attente. Selon les intervenants, le diagnostic de la maladie fait perdre beaucoup de temps aux malades. « D’autant plus que les symptômes de cette maladie ne sont pas spécifiques. Le malade consultera le généraliste, et ce n’est qu’après la troisième consultation (dans les meilleurs des cas) que le malade est orienté pour un diagnostic de certitude. Celui-ci ne sera connu réellement qu’après une moyenne de 118 jours », expliquera le Dr Amrane, de l’hôpital de Bab El Oued. Cette dernière signalera que 57% des malades sont diagnostiqués au stade 4, très avancé et que seuls 15% des malades parviennent à survivre 5 ans. Elle signalera aussi que les cancers du poumon touche de plus en plus de sujets jeunes, de moins de 40 ans. Aussi, et lors de la même rencontre, l’accent a été mis sur le suivi du parcours professionnel des malades, pour détecter une éventuelle exposition à l’amiante. Ceci, en plus de la sensibilisation contre le tabagisme, notamment chez les jeunes.

T. Ch.

Partager