Les enfants de Chahid installent un campement

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A  la veille de la commémoration de la journée du Chahid, le 18 février, plusieurs dizaines d’enfants de Chahid, ont organisé tôt dans la matinée d’hier, un rassemblement à la sortie Ouest de la ville de Bouira, plus exactement au niveau de la bretelle de l’autoroute Est-Ouest.

Ces fils de Chahid, qui se disent «trahis» par l’Etat et abandonnés à leur triste sort, exigent que « justice soit rendue ». C’est du moins ce qu’ils n’ont eu de cesse de scander. Ainsi, près d’une centaine de fils de Chahid, venus des quatre coins du pays, puisque des délégués des wilayas de Constantine, Annaba, Alger, Tizi-Ouzou  et bien évidement Bouira, se sont donnés rendez-vous sur les lieux dans le but de dénoncer « l’infâme injustice », dont-ils se disent être victimes. En effet, c’est dans un cadre champêtre que ces « sacrifiés » comme ils se définissent, ont planté une grande tente, sur le bas-côté de l’autoroute, décorant le paysage avec l’emblème national. « On va passer la nuit ici !», dira un manifestant venus de la wilaya de Skikda. Certains contestataires portaient des gilets spécialement confectionnés pour l’occasion où on pouvait lire entre autres : « On exige uniquement nos droits », « Le mouvement est en marche, halte à la hogra ! », ou encore, « L’Etat nous a trahi ! ».  

M. Akkouche Tahar, porte-parole de ce mouvement, expliquera que cette action vise à « alerter l’opinion publique et à l’éclairer sur la marginalisation qui nous frappe de plein fouet », avant de poursuivre sur un ton virulent : «  Nos parents sont tombés au champ d’honneur, pour que l’Algérie soit libre et indépendante, mais ils étaient loin de se douter de l’ingratitude de l’Etat algérien. Un Etat qui méprise ses propres enfants, quelle honte ! ». D’autres manifestants, s’estimant « lésés » dans leurs droits les plus fondamentaux, ont abondé dans ce sens. « L’Etat essaye de nous donner l’image d’une bande d’affamés qui ne recherchent qu’à lui soutirer quelques sous… C’est faux ! On n’en a que faire de leur argent, on n’a pas besoin de leur pension de misère, même si c’est notre droit le plus légitime », fulminera un fils de Chahid de la wilaya de Constantine. De son côté un représentant des fils de Chahid de la wilaya de Annaba ira encore plus loin en accusant ouvertement les «faux Moudjahidine » d’être la cause de leurs misères : « Nous sommes souvent assimilés à tort aux Moudjahidine de la dernière heure ! Ces imposteurs, avec leurs mensonges et faux témoignages, nous ont fait un grand tort.  Il est grand temps que l’opinion publique sache que, contrairement à eux (faux moudjahidine, ndlr), nous revendiquons notre dignité et non quelques centimes glanés par ci par là  ». Concernant la pension allouée à la veuve de Chahid et à ses ayants droit, en reconnaissance des sacrifices consentis, et contenue dans la loi n°99-07 du 5 avril 1999 relative au Moudjahid et au Chahid, les contestataires exigent tout simplement son « abrogation ». « L’ancien Président de la République, Liamine Zeroual, nous a certes donné nos droits et nous a confortés dans notre statut, mais aujourd’hui, ces textes sont loin d’être appliqués, au contraire, le pouvoir se sert de cette loi pour berner l’opinion publique », dira un  fils de Chahid de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui expliquera que la nouvelle loi de finances contient une disposition qui permet, désormais, aux veuves et fils de Chahid, quel que soit leur nombre, de pouvoir importer, tous les cinq ans, un véhicule de tourisme sans payer les taxes douanières.  

« Cette disposition est, en réalité une tromperie avérée, faite pour nous faire passer, aux yeux des communs des citoyens, comme des privilégiés, alors qu’elle n’est pas du tout appliquée ». Pour sa part, le coordinateur de ce mouvement, M. Tahar Akkouche, s’est montré clair sur les revendications des veuves et enfants de Chahid en disant : « Les textes existent, on demande uniquement leur application effective. Nous en avons assez d’être considérés comme les éternels oubliés de l’Etat ».  

Notons, enfin, qu’au moment où nous mettons sous presse, les protestataires s’apprêtaient à passer la nuit à la belle étoile. 

Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.          

Ramdane. B.

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