Au-delà du symbole

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Jamais de mémoire de citoyen, le perchoir électoral n’a été aussibienveillant envers la problématique de la langue et de la culture amazighes, comme il l’a été lors de la campagne pour les présidentielles du 17 avril dernier.

Tous les prétendants à la magistrature suprême ont promis, à Tizi-Ouzou, Béjaia et, à un degré moindre, discours modulable à la tête du client oblige, à Bouira, d’officialiser Tamazight. Au-delà de l’aspect ruse que l’on est en droit de « démanteler » dans les discours,  l’engagement, filmé et enregistré est, cependant, là. Cet engagement est allé plus loin que le sandwich linguistique auquel nous avaient habitués les candidats aux différents scrutins, par le passé. Ce sandwich consistait à emballer le speech électoral, entre un «Azul » et un « Tanemmirt », approximatifs. Aujourd’hui, tous les fragments politiques algériens reconnaissent le déni identitaire qu’ils promettent de corriger en officialisant la langue de Massinissa. C’est sans doute une bonne avancée des mentalités. Sauf que ces bonnes volontés affichées demeurent abstraites et se veulent beaucoup plus comme un dédouanement symbolique qui ne coûte rien et qui peut rapporter beaucoup.  La même abstraction est, hélas, jusque-là relevée à chaque commémoration du Printemps Berbère. Beaucoup de temps perdu et d’intérêts ostentatoires sont accordés aux coquetteries commémoratives. Battre un pavé le plus souvent parasité et miné par les interférences politiques, et ouvrir les centres de jeunes pour y exposer des reliques, participent beaucoup plus à la folklorisation de Tamazight qu’à son ancrage comme un incontournable acteur social. Il est temps d’aller au-delà du symbole, en avançant avec des projets, des propositions concrètes et autres revendications palpables, qui feront gagner à Tamazight des espaces dans la société. C’est cette forme de mobilisation qui a rendu effective la généralisation de l’enseignement de Tamazight dans les écoles primaires de Tizi-Ouzou. La demande d’un journal public d’expression amazighe a fait l’objet, il y a une année, d’un avant-projet peaufiné par un groupe de militants et avait été soumis à l’autorité compétente. D’autres projets porteurs, tels que l’intégration sociétale de la chaîne de télévision, déjà existante, l’élargissement des prérogatives du HCA, l’affiliation du Centre d’aménagement linguiste au ministère de l’Enseignement supérieur… peuvent faire l’objet de mobilisation.Toutes les avancées sont possibles, pour peu que l’on marque une halte dans la sérénité chaque 20 Avril, une date qui reste encore fédératrice.

S.O.A.

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