Marche pour l’officialisation de tamazight à Béjaïa…

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Pari réussi pour les militants de la cause Amazighe, hier, à Béjaïa ! Scindés en trois carrés, des milliers de citoyennes et de citoyens (15 000 en tout, selon les organisateurs) ont défilé hier, dans les rues du chef-lieu de la wilaya à l’occasion de la célébration du 34ème anniversaire du 20 avril 1980.

La procession humaine s’est élancée, vers 11h, à partir du campus universitaire Targua Ouzemmour vers la cité CNS, à quelques dizaines de mètres du siège de la wilaya, en scandant à gorges déployées, «Imazighen, Assa Azekka tamazight thela thela» et en déployant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Pour le respect des libertés démocratiques» ou bien «Tamazight langue nationale et officielle». Arrivée à la cité CNS, la foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la cause Amazighe, avant qu’une gerbe de fleurs ne soit déposée au pied de la plaque commémorative érigée à la mémoire de deux jeunes de ladite cité tombés en martyrs lors de événements sanglants de 2001. Prenant la parole, les animateurs du Mouvement Culturel Berbère ont, tour à tour, réitéré leurs revendications, à savoir l’officialisation de tamazight et le respect des libertés démocratiques.

«Notre combat va continuer, car nous sommes, et nous l’avons prouvé aujourd’hui, solidaires et unis», a déclaré Aziz Tari, ex-détenu du 1980, avant de dénoncer la répression de la marche du MCB dans la wilaya de Tizi-Ouzou. «Nous n’allons pas répondre à l’insulte qu’ils nous ont fait subir, car nous sommes dignes et fiers», a-t-il enchaîné en réaffirmant la détermination de tous les militants de la cause Amazighe que le chemin à parcourir pour la consécration de tamazight langue nationale et officielle reste long. «Nous nous battrons pour notre langue », a-t-il lancé à la foule qui lui répondait en chœur : «L’Algérie n’est pas arabe, corrigez l’histoire».

Aziz Tari s’est également félicité de la large mobilisation des citoyennes et citoyens de Béjaïa qui sont venus en masse prendre part à l’appel trans-partisan du MCB.

«Nous sommes là pour dire que la Kabylie est unie et nous le resterons pour déjouer toutes les manœuvres», a-t-il dit. Un autre militant du MCB, Djamel Ikhloufi, a, quant à lui, insisté sur le caractère trans-partisan de la marche d’hier, en martelant devant des milliers de personnes que «tamazight, langue nationale et officielle, nous unit». Il a souligné au passage :

«Qu’ils le veuillent ou pas, il viendra le jour où tamazight sera langue nationale et officielle». «Soyons vigilants et mobilisés, car nous avons beaucoup donné pour ce pays», a-t-il encore dit, en invitant la presse locale à venir assister à l’inauguration de la place «Saïd Mekbel», le 3 mai prochain, journée internationale de la liberté de la presse, car, selon lui, Mekbel appartient au peuple et non à l’administration. En cette occasion, le carrefour Deouadji a été baptisé «carrefour du 19 mai 1981».

Dans un communiqué diffusé hier, les animateurs du MCB de Béjaïa ont énergiquement dénoncé «l’empêchement à Tizi-Ouzou de la manifestation qui devait se tenir dans un cadre unitaire, rassembleur et pacifique», estimant qu’il s’agissait d’un «acte grave portant atteinte au 20 avril, date historique et symbole du combat amazigh et des libertés démocratiques».

Les rédacteurs du communiqué imputent «l’entière responsabilité de cette agression au pouvoir», soulignant que «l’ensemble des militants de la cause Amazighe, toutes tendances confondues, a une large concertation pour dégager les voies et moyens à même d’imposer notre combat».

Il est à signaler que des affrontements entre des dizaines de jeunes et des policiers anti-émeute ont éclaté au terme de la manifestation d’hier.

La police a dû user de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants et libérer la rue de la Liberté à la circulation.

Dalil Saïche

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