C’est acquis !

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Décrié par des millions de travailleurs, l’article 87 bis du Code du travail est, à l’issue de la réunion du Conseil des ministres, tenue avant-hier, appelé à être abrogé à la faveur de la loi de finances 2015. 

Cette nouvelle ne manquera pas de faire des heureux parmi les citoyens à « petites bourses » car la suppression de l’article en question permettra automatiquement une augmentation des salaires de base qui atteindront au minimum le SNMG, soit 18 000 DA. Il faut savoir que l’article 87 bis a un rapport direct avec le SNMG, qui est composé du salaire de base et des indemnités et primes de toutes natures. Conscient que cet article constituait un verrou pour les bas salaires, le gouvernement a pourtant hésité durant des années à l’abroger, pour le motif qu’une telle décision allait inéluctablement avoir des incidences financières très lourdes à supporter. Selon le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui en a fait son cheval de bataille lors des différentes réunions tripartites, l’annulation de cet article permettra à plus d’un million de travailleurs de la fonction publique de voir leurs salaires doubler. Quant à ceux qui continuent à percevoir un salaire de base de moins de 10 000 DA, et ils sont nombreux, l’abrogation de cet article sonne comme une victoire. A contrario, le patronat ne semble pas prendre cette nouvelle avec le sourire. En effet, l’abrogation de cet article du code du travail qui mettait un frein à l’amélioration des bas salaires n’est pas pour arranger leurs affaires. Depuis que la rumeur sur son abrogation a commencé à se répandre avec insistance,  le patronat a de tout temps accueilli la nouvelle avec des grincements de dents. Mais aujourd’hui que la décision d’en finir avec cet article a été entérinée, les travailleurs peuvent se frotter les mains et entrevoir de meilleures conditions socioprofessionnelles dès l’entame de l’année 2015. Il faut dire que le débat qui consiste à « revoir » ou « abroger » l’article 87 bis du code du travail remonte à l’année 2005. Si les syndicats ont plaidé pour l’abrogation pure et simple de l’article en question, le patronat, quant à lui, s’est tout le temps montré réticent, allant parfois jusqu’à avertir sur le danger que pourrait constituer une telle démarche. Le président du Forum des chefs d’entreprise, Réda Hamiani, a constamment évoqué le danger pour les entreprises de répondre favorablement à l’annulation de cet article. Pour lui, en sa qualité de ‘’patron des patrons’’, « le relèvement des salaires suite à l’abrogation de cet article aura, ce qu’on appelle, un effet accordéon qui va pousser les salaires du bas vers le haut ». Pour lui, les incidences de cette annulation sont évaluées à 20 % d’augmentations qui toucheront tous les salaires. Hamiani a indiqué que cette nouvelle marge salariale aura un impact différent sur les entreprises. « Celles qui se portent bien financièrement n’auront aucune crainte quant à la prise en charge de ses retombées financières, c’est-à-dire qu’elles auront, sans aucun doute, des capacités d’amortissement à l’image des entreprises  de l’agroalimentaire et du bâtiment », a-t-il souligné. Même discours, mais avec une pensée pour la classe ouvrière, d’un responsable de la centrale syndicale qui a requis l’anonymat : « maintenant que l’abrogation de l’article 87 bis relève de l’officiel, les chefs d’entreprises n’ont d’autres choix que de passer à l’acte. Pour ce qui est des craintes de voir la masse salariale augmenter, ceci n’est pas l’affaire des travailleurs ». Et d’ajouter : « ce qui nous intéresse au syndicat, c’est que les salaires ‘’maigres’’ soient augmentés sensiblement, au profit notamment de ceux qui arrivent à peine à joindre les deux bouts ». Quoi qu’il en soit, les travailleurs  peuvent, d’ores et déjà considérer que la décision du président de la République d’abroger l’article 87 bis, dès la signature de la loi de finances prochaine, est venue entériner l’augmentation des salaires qu’ils attendent depuis des lustres.  

Ferhat Zafane 

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