Une machine de guerre au service d'un improbable califat

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La seule structure ou organisation qui a pu paradoxalement imposer un acronyme en langue arabe, c’est bien « Daech »: [Dawla Al Islamia fi l’Irak wa Cham]. Il est traduit en français par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), ou, plus brièvement, l’État islamique (EI). Cette organisation s’est imposée comme un rouleau compresseur terroriste depuis moins d’une année. Mais, le processus de formation de l’organisation remonte aux années 2002 et 2003 lorsque d’ancien officiers et inconditionnels de Saddam Hussein s’organisent à partir de la province d’El Anbar et se radicalisent dans des attentats anti-américains et anti-chiites. Ses éléments prêtèrent allégeance à El Qaïda d’Oussama Ben Laden. Exaspérés par la politique anti-sunnite de l’ancien Premier ministre, Nouri El Maliki, les éléments de Daech se radicalisèrent davantage et vinrent « au secours » des villages sunnites visés par les soldats d’El Maliki et aidés par les Iraniens. Cela se passe en 2007/2008. Dès 2011, lorsque la Syrie commença à sombrer dans la violence, le groupe Daech bénéficiera des éléments salafistes lâchés dans la nature par le régime Al Assad, après les avoir sortis de prison. Ce groupe mènera le combat contre Al Assad simultanément avec Djabhat Nosra, un autre groupe islamiste affilié à Al Qaïda. Depuis l’année dernière, Daech, que dirige Aboubakr Al Baghdadi, ancien bras droit de Ben Laden mais qui proclamera par la suite sa dissidence, est sous les feux de la rampe suite aux offensives spectaculaires qu’elle a menées sur les villes irakiennes et les percées qu’elle a réussies en territoire syrien. Si bien que, une partie de l’Irak et une autre partie mitoyenne de la Syrie sont déclarées comme « pays Daech », en attendant d’autres conquêtes. Ces futures conquêtes espérées sont destinées, d’après l’idéologie Daech, à instaurer le cinquième califat islamique, après les quatre califats vécus juste après la mort du Prophète (sous Aboubakr, Omar, Othmane et Ali), à étendre le djihad à l’échelle du monde. Il semble qu’une partie d’Al Qaïda au Maghreb islamique, qui a commis l’attentat de Tiguentourine, ait déjà prêté allégeance à Daech, d’où la crainte d’une contamination du Maghreb par cette nouvelle idéologie guerrière. Al Baghdadi est recherché depuis plusieurs années par le FBI, au même titre que plusieurs têtes de l’organisation Al Qaïda, et sa tête est mise à prix à raison de 10 millions de dollars.

Amar Naït Messaoud

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