Des P/APC tirent la sonnette d’alarme

Partager

Des mesures et des précautions à prendre face aux catastrophes naturelles, notamment, les inondations et les glissements de terrain, étaient au centre des travaux d'une réunion présidée au siège de la wilaya de Bouira, lundi dernier, par M. Melizi Tahar, délégué national chargé des catastrophes naturelles, auprès du Ministère de l’intérieur, en présence du wali et des responsables locaux.

D’emblée, l’hôte de Bouira a tenu à faire part de la stratégie nationale face aux catastrophes naturelles. L’urgence et la nécessité de mettre en place des dispositifs permettant de minimiser les dégâts qui en résultent s’imposent plus qu’auparavant. Le séisme de 1980 qu’a connu Chlef et celui survenu en 2003 à Boumerdès, ainsi que les inondations de Bab-el-Oued en 2001, Ghardaïa en 2005 et Bechar en 2008, ont incité les pouvoirs publics à mettre en place des systèmes et des plans de prévention capables de réduire les dégâts de ces phénomènes naturels, qui peuvent toucher plusieurs régions à travers le pays, a souligné le même responsable. Pour cela, toutes les wilayas sont concernées et doivent se préparer à ces éventualités. Bouira reste un cas d’école en matière de prévention contre ces calamités, compte tenu de la sensibilisation de ses responsables autour de la question et de l’expérience déjà acquise. Ils avaient fait face à de grandes inondations par le passé a relevé le même orateur avant d’indiquer que 22 communes à travers ladite wilaya ont bénéficié d’aides de l’Etat pour faire face à ces événements effroyables. «La wilaya de Bouira, reste l’une des wilayas les plus menacées d’inondations à l’échelle nationale, compte tenu des nombreux oueds, rivières et barrages qu’elle compte, mais aussi vu sa nature géographique, essentiellement constituée de montagnes et de terrains accidentés», dira M. Meliza, avant d’ajouter : «Nous devons travailler en collaboration avec les différents services, ainsi que les autorités locales pour faire face à toute possibilité d’inondations ou de glissements de terrains au niveau de cette wilaya». Le même responsable réaffirmé également l’engagement de l’Etat et des services du Ministère de l’intérieur pour la résorption de l’ensemble des risques de catastrophes naturelles dans la wilaya de Bouira et ce, dans le cadre d’un travail de collaboration entre les différents services, à leurs têtes les collectivités locales.

« Bouira est l’une des wilaya les plus menacées »

Les chefs de daïras, les présidents d’APC et le directeur du conseil de l’exécutif de la wilaya, concernés par ce problème, ont tout focalisé sur les oueds de leurs localités respectives. Ainsi et d’après les interventions des P/APC, plusieurs communes de la wilaya restent, à ce jour, menacées par les risques d’inondations et de glissements de terrains. Le maire d’Aït Laziz était le premier à tirer la sonnette d’alarme, en affirmant que plusieurs villages de cette localité sont toujours sous la menace des affaissements de terrains et ce, malgré les nombreux programmes de protection dont a bénéficiés cette région du nord de la wilaya de Bouira, touchée par de très dangereux glissements de terrains en 2011. «Malgré les efforts consentis par les différents services, à leur tête ceux de la wilaya de Bouira, la menace d’affaissement demeure toujours au niveau de notre commune. Au moment où je vous parle, pas moins de 100 maisons du chef-lieu sont sous la menace permanente d’effondrement, nous devons agir dans les plus brefs délais pour éviter le drame», dira-t-il. Pour lui, les pouvoirs publics doivent redoubler d’efforts pour éviter le sinistre de plus des 100 familles de cette zone. Pour le maire de Taghzouth, pas moins de 35% du territoire de cette commune est menacé de glissements de terrains. «Les études géotechniques que nous avions menées sur le terrain ont démontré que pas moins de 35% des terrains de notre municipalité sont sous la menace des affaissements. Nos riverains continuent à craindre pour leur vie et celle de leurs enfants. Ces derniers sollicitent l’intervention des autorités de la wilaya pour mettre fin à ces désagréments», déplore le P/APC. Même topo au niveau de la commune de Djbahia, où les projets destinés à la protection du sol sont jugés insuffisants d’après le maire de cette localité laquelle également menacée par les effondrements de terrains. Pour le P/APC d’Ahnif, à l’Est de la wilaya de Bouira, il est grand temps d’achever la réalisation d’ouvrages aux abords de la route nationale 05. En effet, plusieurs projets d’ouvrages et de déviations de lits des oueds accusent un flagrant retard au niveau de cette commune. D’après le maire, la population locale vit sous la peur de débordement, notamment, durant cette période d’orages et de fortes précipitations. «Les entreprises réalisatrices des projets doivent accélérer la cadence pour mettre un terme à cette menace. Elles doivent, également, assumer la réalisation dans les normes de ces ouvrages, ainsi que les opérations d’entretien des ouvrages déjà existants», ajoute l’intervenant. A leur tour, les maires d’autres localités, notamment celles de l’Est de la wilaya, n’ont pas mâché leurs morts, en déplorant un manque flagrant de moyens et d’équipements pour parer à d’éventuelles catastrophes naturelles. C’est à l’image du président de l’APC d’Ath-Rached, qui déplore le manque accru des moyens matériels et humains dont souffre sa commune. «L’isolement, nous le vivons au quotidien. Notre cité est située à plus de 800 mètres d’altitude et certains villages sont à plus de 1000 mètres d’altitude. Ces derniers et à chaque hiver se retrouvent encerclés de neiges et isolés pendant plusieurs semaines, sans gaz, ni routes ni nourritures et ce, tout en sachant qu’ils ne disposent même pas d’un réseau téléphonique pour qu’on puisse rester en contact avec eux ! Notre APC ne possède même pas un chasse-neige, alors qu’on devrait, logiquement, nous déclarer communes de hautes montagnes pour avoir accès au minimum d’aides !», Déplore-t-il. Pour lui, une telle situation s’apparente à une catastrophe naturelle qui nécessite une prise en charge urgente. «Notre commune n’est pas seulement menacée par les glissements de terrains, mais aussi par les feux de forêts, les inondations et les chutes de neiges», ajoutera-t-il.

La Protection civile et la Direction des ressources en eau sur le qui-vive

Pour leur part, les responsables en charge de ce dossier assurent avoir réalisé plusieurs projets et études géotechniques pour réduire ce risque au niveau de Bouira. Ainsi et d’après le directeur des ressources en eau de la wilaya, pas moins de 217 millions de dinars ont été investis, depuis 2006, pour la réalisation de canaux, de BRE et la protection des berges des oueds de la wilaya. Selon le même responsable toujours, pas moins de dix opérations du genre ont été achevées au niveau des communes de Bechloul, El-Hakimia, Sour El-Ghozlane, Maâmoura et Dirah. D’autres opérations sont actuellement en cours de réalisation, notamment, au niveau des localités d’Aïn-Laloui, El-Hachimia, Bir-Ghbalou et Aomar. Le directeur de la Protection civile a affirmé de son côté que pas moins de 22 points noirs ont été recensés au niveau de la wilaya. «Dans le cadre de nos études et de nos interventions, nous avons comptabilisé près de 22 zones à haut risque d’inondations ou de glissements de terrains. A cet effet et en collaboration avec les services de la wilaya, près de 20 points ont été effectivement pris en charge et ce, dans le cadre des opérations d’amélioration urbaine et de l’entretien des digues et de canaux. Les deux points restants, à savoir les communes de Bechloul, et Bordj-Okhriss, seront pris en charge incessamment», a-t-il fait savoir. Le même responsable a rappelé également, la nécessité de la réalisation d’une étude géotechnique et géologique pour l’ensemble des 45 communes de la wilaya.

O.K.

Partager