Les gynécologues privés en grève illimitée

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Les médecins gynécologues exerçant dans le secteur privéde la wilaya de Bouira ont entamé, hier, une grève illimitée.

Les médecins frondeurs exigent, à travers leur action, l’annulation pure et simple des décisions de réquisition de la direction de la santé. Des décisions qu’ils jugent «abusives et contraires à toutes les législations en vigueur». Ils dénoncent le fait que pas moins de quatre médecins gynécologues de la wilaya, exerçant notamment à Sour El-Ghozlane, M’Chedellah et Lakhdaria, ont été destinataires de notifications de fermeture de leurs cabinets. Ils se disent victimes «d’un abus de pouvoir de la part du directeur de la santé de la wilaya». En effet et d’après les déclarations de M. Dallila Hadjou, avocate en charge du dossier, les notifications de réquisition adressées par le DSP n’obéissent à aucune réglementation. «La loi de la santé régit ce genre de réquisitions par des conventions que les deux parties doivent approuver et signer, faute de quoi le médecin spécialiste est totalement libre d’accepter ou de refuser la demande des services de la santé publique. Donc, les services de la DSP n’ont nullement le droit de réquisitionner de cette manière les praticiens privés ! Pire encore, ces notifications sont envoyées par le biais d’agents de la police, ce qui est totalement inacceptable !», affirme notre interlocutrice. «Plusieurs médecins gynécologues de la wilaya sont aujourd’hui menacés de cessation d’activités, en raison notamment de cette décision arbitraire et illégale. Nous avons saisi le ministre ainsi que le wali de Bouira et nous nous sommes exprimés largement sur le sujet, mais il n’y a rien de nouveau pour le moment et ce sont les femmes malades qui souffrent de cette situation», ajoute Mme Hadjou, qui affirme également que les médecins exerçant dans ce service depuis des années se disent «déterminés» à aller jusqu’au bout de leur revendication, malgré le silence «incompréhensible de la tutelle et du wali de Bouira» quant aux «agissements peu professionnels des services de la DSP de la wilaya». Selon notre interlocutrice, les médecins gynécologues réclament désormais «l’annulation pure et simple de ses réquisitions, ainsi que l’arrêt de l’abus du pouvoir du directeur de la santé de la wilaya».

Le DSP explique

Contacté par nos soins, le directeur de la santé de la wilaya de Bouira a tenu à démentir catégoriquement les propos avancés par les médecins gynécologues, tout en affirmant que «les décisions de réquisition se sont faites d’une manière tout à fait légale par M. le wali qui est le premier responsable de la wilaya, et ce, afin d’impliquer le secteur privé dans le service public, surtout vu le manque flagrant en matière de médecins gynécologues, dont souffre la wilaya». Le même responsable a également déclaré que les médecins grévistes n’ont pas pris contact avec les services de la DSP : «Je me demande pourquoi personne n’a pris attache avec moi ? J’aurais aimé qu’ils le fassent pour qu’ils comprennent d’abords les motifs de ces réquisitions». Le directeur de la DSP ajoutera : «Le secteur privé doit contribuer au service public et à la préservation des vies humaines. Je tiens à vous réaffirmer que la procédure du wali et tout à fait légale, puisque on les sollicite pour des gardes. Par conséquent, ces médecins doivent respecter ces notifications d’intérêt public». A propos des notifications de fermeture, adressées à quatre cabinets de gynécologues de la wilaya, le DSP s’est également montré catégorique : «Nous avons adressé des décisions de fermeture à l’encontre des quatre médecins qui avaient refusé de répondre à nos réquisitions. C’est tout à fait normal, puisque la loi est claire en ce sens», avant d’ajouter : «Cependant, et malgré nos décisions de fermeture, ces derniers continuent à exercer normalement dans leurs cabinets, en ce cas, il s’agit de pratique médicale illégale». Interrogé par notre journaliste, le wali de Bouira, qui effectuait dans la journée d’hier une visite de travail à El-Hachimia, a tenu également a apporter quelques précisions : « Nous avions engagé une rencontre avec les médecins gynécologues privés de la wilaya, et ce, afin de réessayer de les convaincre d’assister le secteur public, notamment face au manque flagrant dont il souffre. Nous leur avons également proposé la mise en place du système de convention. Certains parmi eux l’ont bien accepté d’autres non. Malheureusement et face à cette situation, nous n’avons pas eu d’autres choix que des les réquisitionner, comme le stipulent les textes de la loi de la santé», dira le premier magistrat de la wilaya, en réaffirmant que la procédure est complètement légale : «Les textes de loi qui encadrent cette démarche existent bel et bien et ne sont pas nés du hasard. Notre responsabilité pour protéger des vies humaines est complètement engagée, ces médecins doivent assumer leurs responsabilités face à ce genre de situation», a-t-il conclu.

O.K.

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