Le wali accuse et menace

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Venu hier à Akbou en pompier, le wali de Béjaïa, M. Hamou Ahmed Touhami, semble n’entrevoir aucune solution fiable pour la réouverture de la décharge publique de la région, fermée par les habitants de Biziou depuis quatre mois provocant ainsi, en milieu urbain, une insalubrité qui menace réellement la santé publique.

«Une enquête de la gendarmerie est en cours pour identifier ceux qui sont à l’origine de cette fermeture. Comme éléments premiers qui me sont parvenus, des jeunes ont été payés pour s’opposer à toute tentative de réouverture de la décharge avec la complicité de certains individus. Je vous jure que toutes personnes qui seraient impliquées dans cette affaire seront lourdement punies», menace le wali durant sa réunion d’hier avec les élus de la commune d’Akbou à propos du problème de la décharge publique fermée depuis quatre mois. Le wali a même cité les noms de certains jeunes qui seraient impliqués dans cette affaire. Voulant jouer la carte de la transparence, le premier magistrat de la wilaya a même autorisé aux citoyens d’assister à la réunion. Néanmoins, aucune solution «fiable» et «durable» n’est engagée ! La salle de délibération s’est avérée trop exiguë pour contenir cette marrée humaine venue écouter le wali. Des brouhahas ont éclaté sans susciter un quelconque incident. Après s’être largement exprimé sur la situation, M. Hamou Ahmed Touhami interpelle les citoyens d’Akbou ainsi que la société civile. «Aidez-nous en tant que citoyens et société civile pour régler ce problème qui nous interpellent tous», a-t-il lancé à l’assistance.

«Il faut la réouverture de la décharge. Mais comment ?»

Plusieurs solutions ont été proposées par le wali mais une seule pourrait mettre fin à ce problème : «la réouverture de la décharge». De quelle manière ? Le wali donne, alors, rendez-vous pour lundi prochain où une réunion sera organisée avec les citoyens de Biziou, cinq membres de la société civile locale ainsi que les élus locaux chargés de cette affaire. Autrement dit, la collectivité locale est appelée à redoubler d’effort en s’appuyant sur le volontariat des industriels de la région ainsi que les Chinois pour entamer l’opération de ramassage des ordures, à partir d’hier soir, et les acheminer vers la décharge de Boulimat sise à Béjaïa, soit à 65 kilomètres d’Akbou. «Le ramassage n’est pas un problème. Dans quarante huit heures, nous pouvons nettoyer toutes les ruelles d’Akbou. Mais où les jeter ? À Boulimat, peut être, pour deux ou trois jours mais pas pour une longue durée», lâchera M. Abderrahmane Bensba, maire d’Akbou. De son côté M. Mouloud Salhi, élu de l’opposition, revient sur la genèse de cette crise. « Akbou a vécu ce problème en 2012. Cette même situation a perduré 35 jours et a coûté la démission d’un maire. Nous avons assisté à des réunions en tant que société civile avec les habitants de Biziou qui souffrent eux aussi des retombées néfastes de la fumée depuis 30 ans», dira-t-il. Selon lui, tout en endossant la responsabilité «absolue» à l’assemblée, la réunion s’était soldée sur des engagements qui n’ont pas été «respectés». Par ailleurs, la réunion était également une occasion pour les citoyens et certains élus de dénoncer «la dilapidation du foncier de la commune». «Où sont les terrains appartenant autrefois à Akbou», lance, dans la foulée, certains intervenants. M. Iskounène va plus loin en dénonçant un industriel en le citant nommément qui aurait accaparé actuellement un terrain à proximité de la décharge. «Ifri (entreprise privée) a squatté plus de 11 hectares. L’industriel Belhoul est en train d’exploiter la décharge en la transformant en un stock de T.V.O», dira-t-il devant l’assistance. Et c’est là où le wali interviendra en annonçant son instruction faite aux autorités compétentes de fermer la briqueterie de cet industriel. «Cette briqueterie ne serait pas ouverte», promet Hamou Ahmed Touhami sous un tonnerre d’applaudissement.

Menad Chalal 

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