Accueil Évènement “Non au retour du FIS et du parti unique”

Amara Benyounès met en garde, de Michelet

“Non au retour du FIS et du parti unique”

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En allant délivrer ses messages à partir de Michelet, là-haut chez lui dans le village kabyle d'où il est parti, Amara Benyounès a sans doute voulu rajouter une symbolique patriotique à son discours, lui qui a tenu à s'élancer dans son iscours avec un hommage appuyé aux neuf précurseurs de la révolution de 1954.

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Il les citera d’ailleurs nommément, un par un, avec un clin d’œil particulier à… Abane qu’il a intentionnellement associé aux neuf pour dire ce qu’il pense de la récente polémique enclenchée au sujet de ce héros. «La honte! Ils sont sans scrupules, ils veulent changer l’Histoire, ils ne lui arrivent même pas à la cheville. Nous, on en est fiers. Très fiers même de lui. C’est grâce à des héros comme lui que l’Algérie a eu son indépendance, mais il y a certains qui ont tendance à l’oublier. Il faut qu’on s’en souvienne toujours justement et ne pas oublier d’où on est partis». Dans son élan, il ne ratera pas « les faux Moudjahidine » qui se réclament, en 2015, des anciens combattants. «Franchement, si tous ces gens-là s’étaient vraiment engagés dans la guerre, je ne crois pas qu’elle aurait duré près de sept ans», ironisera- t-il. Cette vérité reconstituée, le secrétaire général du MPA continuera son déroulé en chargeant et les porteurs du système du parti unique postindépendance et les promoteurs de l’intégrisme qui en a découlé. Prévoyant un nouveau danger qui guette le pays, Amara Benyounès avertit et lance son message à ceux qui veulent l’entendre : «On ne veut d’un retour ni au système du parti unique ni aux années sanglantes des intégristes. Le terrorisme a été vaincu militairement. Et il n’est plus question de replonger dans l’horreur des années 1990», lancera-t-il en substance, en s’en prenant à Mezrag sans le nommer. Dans son offensive, Benyounès égratignera sévèrement les porteurs de certaines voix qui, au nom de la stabilité nationale, préconisent un ordre qui fait repenser aux années d’avant 1990. «On leur dit non! Le retour aux années d’avant 1990 engendrera, fatalement après, le retour de ces années 1990 et cela le peuple algérien ne le veut pas», criera-t-il. Et c’est à ce moment qu’il saisira la perche pour lancer un appel aux démocrates «qu’ils soient dans les institutions, dans l’opposition ou dans la société civile, pour s’unir et continuer le combat pour une Algérie libre, démocratique et républicaine comme l’ont exactement rêvé les martyrs qui sont morts pour ce pays». «J’ai bien été le premier homme politique à soutenir le Président Bouteflika pour la stabilité du pays, mais que le discours et les choses soient bien clairs : La stabilité ne veut pas dire le retour au parti unique, ni aux années FIS. Oui, nous sommes pour un front intérieur, mais la seule option qui peut immuniser l’Algérie c’est la démocratie. Il n’y a pas d’autres alternatives ou d’autres solutions que la démocratie. Le parti unique ne peut être une solution et encore moins les intégristes.

Messages pour Saadani et Ouyahia et consignes de vote pour les sénatoriales

Transition faite, Amara Benyounès n’épargnera pas au passage certaines positions occidentales qui jouent selon lui un double jeu malsain en «décrétant la guerre aux terroristes à Paris et jouant l’apaisement avec la bête immonde ailleurs». «Si l’Occident voulait la démocratie, il n’aurait pas tué Kadhafi, débarqué Ben Ali, Moubarek et ne se serait pas positionné comme ennemi de Bachar pour laisser place aux barbus. On aura tous vu ce qu’il est advenu de la Tunisie, de la Libye, de l’Egypte, et ce qui se passe aujourd’hui en Syrie. On est en train de faire la guerre à Bachar pour l’affaiblir devant Daech», dénonce-t-il. Dans le tas, Benyounès rappelle que l’Algérie n’est pas loin. Mais bien au milieu de cet environnement dangereux et menaçant : «On doit s’unir pour défendre notre pays. Et qu’on ne se trompe pas non plus entre nous. On doit faire bloc, il ne peut y avoir de Kabylie sans l’Algérie, ni d’Algérie sans la Kabylie», balança- t-il. Une énième mise au point en somme de ce qu’il pense du projet d’indépendance de la Kabylie porté par Ferhat, tout en rappelant au passage la position du MPA pour l’officialisation de la langue amazighe : «Il est temps que Tamazight prenne toute la place qui lui revient de droit dans son pays, nous ne demandons pas plus, pas moins», plaide-t-il. La question des «19, puis 19 – 3, après -1, -4» sera aussi soulevée par Benyounès, tout comme la proposition du pôle d’Ouyahia pour soutenir le Président ou le front élargi à la société civile de Saadani… «Chacun est libre de faire la proposition qu’il veut, de dire ce qu’il veut, c’est la première règle de la démocratie, mais il faut absolument évacuer la violence verbale dans les échanges et surtout permettre l’existence d’une opposition forte. Nous devons tous accepter la construction d’une opposition forte car à défaut, l’alternative fatale serait la récupération islamiste (…) Ceux qui sont contre que l’opposition s’exprime et contre que l’opposition s’organise ne sont pas des démocrates. Au MPA, nous sommes de ceux qui sont pour que le pouvoir puisse jouir de ses prérogatives, mais aussi pour que l’opposition puisse tenir ses activités dans la légalité librement. Il n’y a pas de démocratie forte sans une opposition forte», a-t-il martelé. Et d’enchaîner avec la guéguerre que se livrent Ouyahia et Saadani avec en arrière plan l’enjeu des sénatoriales de décembre : «Je peux dire que cela fait partie du jeu politique. Ce sont des ambitions légitimes. Mais quand on dit qu’on doit s’unir autour d’un objectif principal, celui-ci ne devrait pas devenir secondaire… Nous concernant au MPA, à ce sujet, à Tizi-Ouzou, je vous apprends qu’on n’aura pas de candidat. Et j’ai donné consigne en toute transparence à nos élus de voter en faveur du candidat du Front des Forces Socialistes. Parce que c’est le parti avec lequel nous nous sentons capables de faire quelque chose, particulièrement en Kabylie. En tous les cas, nous savons bien les gens pour lesquels nous ne voterons pas», trancha-il, en réitérant avant de clôturer son intervention sa plaidoirie pour l’instauration d’une vraie démocratie, «seule solution pour la sauvegarde de l’Algérie républicaine. La souveraineté populaire doit l’emporter sur tout. Personne ne peut prendre le pouvoir en Algérie ni par les chars ni par la rue. Le choix populaire doit primer», met-il en garde. En somme, malgré son départ du gouvernement, Benyounès garde bien la cohérence de son discours, à ce détail près : La portée qu’il lui réserve semble plus élargie…

Djaffar Chilab

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