«Nos maisons sont devenues des espaces à haut risque»

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Quelques 300 mille cas d’accidents domestiques chez l’enfant ont été enregistrés durant l’année 2014 au niveau national, alors que le chiffre reste en deçà de la réalité si l’on pend en considération les cas non signalés ou ceux traités en dehors des services infantiles, a indiqué le professeur et chef de service pédiatrie du CHU de Béjaïa lors de son intervention, avant-hier, à la faveur de la Semaine scientifique d’Amizour ayant débuté dimanche dernier. La pédiatre ajoute que 120 cas de ces accidents survenant «at home», ont été recensés durant les deux dernières années au niveau de son service, dont certains cas très graves ont nécessité des soins très lourds. «Nos maisons sont devenus des espaces à haut risque, soit à la cuisine, dans les escaliers ou des jardins, et sont à l’origine de plusieurs accidents dont le nombre dépasse celui causé par la voie publique», dira la spécialiste des maladies infantiles pour tirer la sonnette d’alarme en rappelant que 8 enfants meurent par minute dans le monde. Parmi la nature de ces accidents qui font partie de ceux de la vie courante, l’on a cité les chutes, les intoxications aux différents produits chimiques et aux médicaments, en passant par les noyades, les brulures, les électrocutions. Enfin, presque tout ce que l’on possède à la maison peut devenir un risque potentiel et un danger pour l’enfant. Bien sûr que cela englobe les minimes accidents traités par des soins légers et habituels mais le comble, souligna l’intervenant, «est quand il s’agit de cas graves, comme ceux des ingestions de produits acides ou basiques provoquant des lésions graves de l’œsophage et de l’estomac, qui nécessitent des traitements lourds de chirurgie plastique et exigeant un séjour à l’hôpital de plusieurs mois. Des pertes de vie et des séquelles graves que peuvent engendrer ces accidents constituent un lourd tribut de traumatismes psychiques et de culpabilité chez des familles, alors que la vigilance et la sensibilisation des parents sont de mise, pour mettre en œuvre toute une batterie de mesures préventives à l’effet d’éviter ces drames. Les drames que subissent les enfants ne sont pas toujours liés aux accidents mais aussi à des maladies qui changent et bouleversent tout d’un coup la vie paisible de leurs familles. À titre d’exemple, le diabète chez l’enfant, très fréquent et qui a fait l’autre thème de la journée traité par le binôme de médecins ayant axé surtout sur la discipline dans le traitement et l’éducation sanitaire de l’enfant diabétique, car, à la longue, il se reprendra en partie en charge. De ce fait, les intervenants, se basant sur la prédisposition génétique dans l’étiologie du diabète chez l’enfant qui est tout à fait différent de celui de l’adulte, ont mis l’accent sur le seul traitement à ce jour de ce type 1 du diabète qui est l’insuline, une hormone pancréatique qui ne se donne que par voie de l’injection. La méthode thérapeutique injectable adéquate associée à un équilibre nutritionnel, pour éviter de parler de régime, sont à ce jour les solutions médicales pour éviter les complications et assurer un niveau de vie à l’enfant dans sa croissance et son développement. Loin de mettre en avant les moyens préventifs en ce type de pathologie métabolique chez le jeune enfant, car ne jouant peu ou pas de rôle à éviter l’apparition du diabète juvénile, les médecins diabétologues voient, par contre, nécessaire d’optimiser le travail des psychologues, quand il fallait annoncer aux parents la «mauvaise nouvelle» et que tout se joue sur l’adhésion et l’acceptation de la famille d’adapter leur quotidien sans heurter leur enfant diabétique.

Un autre mal du siècle qui ravage des humains, non seulement les enfants, mais toutes les tranches d’âge et les sexes, est le cancer qui fait peur plus que la mort. C’était le 3ème thème abordé lors de cette Semaine scientifique par le Docteur Louardiane, oncologue à l’EPH d’Amizour, secondé par son confrère Docteur Adounae du même service. Ces oncologues se sont focalisés sur le cancer le plus mortel, celui du sein avec 11 000 cas enregistrés chaque année, alors que pour leur seul service d’oncologie, l’on rappelle qu’on a diagnostiqué plus de 500 cas, tout type de tumeurs malignes en 2014. Dr Lourdiane donna, par ailleurs, une spécificité géographique que ce cancer de sein chez la femme touche la gente féminine à partir de 49 ans au niveau des pays du Maghreb, au moment où en occident, il touche les femmes plus âgées, dépassant les 69 ans. Il expliqua dans ce cas de tumeur qu’il n’est pas nécessaire de chercher des causes exogènes ou des facteurs de risques, comme le cas de cancers de la peau, des paumons ou de la gorge, incriminant de passage le tabac, l’alcool et les facteurs radio actifs (soleil), mais il s’agit de processus endogène dû aux hormones féminines comme les œstrogènes. À cet effet, il revient au traitement tryptique préconisé et qui est celui de la chirurgie, de la radiothérapie et enfin de la chimiothérapie, avec comme idéal de sensibiliser pour les dépistages précoces pour un traitement efficient pouvant atteindre les 80% de chances de rémission, avec les moyens de l’autopalpation, de la mammographie et de la cytologie par ponction. Les chances de guérison diminuent à moins de 15% quand le diagnostic se fait tardivement et là il serait juste nécessaire de mettre en œuvre un traitement palliatif. Cette troisième round des Semaines culturelles d’Amizour est dédiée à la chose scientifique, avec au sommaire des thèmes ayant trait à la médecine, à la pédagogie et la formation et à l’environnement. Une activité que le centre culturel Malek Bouguermouh abrite avant celle qui va déboucher, le mois de mars prochain, sur le colloque méditerranéen d’Amizour, comme il a été évoqué par M. Bouzidi, P/APC d’Amizour, lors de son allocution d’ouverture scientifique qui a particulièrement attiré un bon nombre d’étudiants paramédicaux et des représentants du mouvement associatif à y assister, à savoir l’association des diabétiques de la wilaya de Béjaïa qui compte assurer une journée de dépistage du diabète et de la tension artérielle.

Nadir Touati

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