La marche des étudiants réprimée

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Des éléments de la Police ont violemment chargé, dans la matinée d’hier, près de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, des étudiants qui ont tenté d’organiser une marche pacifique vers le siège de la wilaya.

Cette marche avortée se soldera par l’arrestation de plus de 27 étudiants, dont un enseignant et deux étudiantes. Tout a commencé vers 10h, où pas moins de 300 étudiants sont sortis du campus principal de l’université à l’appel du collectif autonome des étudiants de Bouira. À travers cette marche, les étudiants ont tenu à dénoncer «la dégradation du climat sécuritaire à l’intérieur du campus, ainsi que la multiplication des agressions à l’encontre des étudiants». Les étudiants ont prévu de marcher jusqu’au siège de la wilaya, en passant par le nouveau pôle universitaire où d’autres étudiants devaient les rejoindre. Vers 10h30, la foule, qui s’est ébranlée du campus universitaire, est arrivée à hauteur de la cours de justice, où elle a été bloquée et encerclée par un important dispositif de sécurité. Les éléments de la police ont essayé dans un premier temps, de disperser les étudiants, tout en leur signifiant que la marche n’était pas autorisée. L’interpellation d’un étudiant du département de Français a déclenché les affrontements et les manifestants ont réussi, dans un premier temps, à briser le cordon de sécurité avant qu’ils ne soient rattrapés au niveau de «Hai Thawra». D’autres étudiants ont été embarqués par les policiers et des manifestants ont riposté par des jets de pierres. Ces derniers ont vite été dispersés par les policiers et une véritable «chasse à l’homme» s’est enclenchée, par la suite, à travers les ruelles du quartier «Hai Thawra» et les magasins à proximité des scènes de violences ont éclaté entre les deux parties et d’autres étudiants étaient également interpellés. Au total, pas moins de 27 étudiants ont été embarqués, dont un enseignant du département de langue et culture amazighes et deux étudiantes du même département. Informé de cette nouvelle, des étudiants du pôle universitaire ont improvisé une autre marche qui les a conduits vers l’ancien campus. Leur marche a été cette fois, tolérée mais encadrée par un autre dispositif de sécurité. Ces derniers, dont le nombre a dépassé les 400 étudiants, se sont introduits directement à l’intérieur de l’université.

Occupation du siège du rectorat

Regroupé à l’intérieur du campus principal, les étudiants ont décidé à l’unanimité d’organiser une nouvelle marche vers le siège du rectorat et de son occupation. Ces derniers ont réclamé «la libération immédiate de l’ensemble des détenus ainsi que le départ inconditionnel du coordinateur des agents de sécurité du campus», responsable, selon-eux, «de nombreuses agressions à l’encontre des étudiants et de l’introduction d’extra-universitaires à l’intérieur du campus». Dans leur action, les étudiants se sont pris de jet de pierres à l’encontre de l’édifice du rectorat et des affrontements ont aussi éclaté entre les étudiants protestataires et des agents de sécurité avant que la situation ne se calme. À l’heure où nous mettons sous-presse, les étudiants campent toujours sur leurs positions. D’après l’un des étudiants que nous avons joint par téléphone, les 27 interpellés n’ont toujours pas été libérés et une délégation des contestataires devrait rencontrer le recteur de l’université. Aux dernières nouvelles, ces derniers ont été libérés en fin de journée. Pour rappel, les étudiants de deux facultés de l’université de Bouira ont déclenché lundi dernier, un mouvement de grève illimitée, et ce, suite à l’interdiction par l’administration d’une conférence débat le 19 avril dernier.

O. K.

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