La direction attaque, les travailleurs contre-attaquent

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L’ensemble des travailleurs de l’EATIT (ex-COTITEX) de Draâ Ben Khedda se sont rassemblés, dans la matinée d’avant-hier jeudi, devant le tribunal du centre-ville de Tizi-Ouzou, pour apporter leur soutien indéfectible à vingt-cinq (25) de leurs collègues de travail contre qui le directeur général de l’unité aurait déposé plainte « pour perturbations » les qualifiant de « meneurs ».

Amassés devant le tribunal, ils ne cessaient de crier des slogans hostiles à leurs responsables de l’unité notamment l’indésirable section syndicale : «syndicat dégage- syndicat bara ! Dehors les traîtres !». Plus d’une heure d’attente des décisions du procureur de la république durant laquelle les travailleurs n’ont pas cessé de revendiquer leur innocence et «Que cessent les poursuites judiciaires !». Le procès est finalement reporté au 05 mai prochain. Les travailleurs se sont dirigés par la suite vers l’union de wilaya de l’UGTA, dans l’intention de rencontrer le SG, Bachir Ramdani. Celui-ci aurait été «absent pour une réunion en dehors du bâtiment de l’UGTA», selon les éléments de l’UGTA présents sur les lieux. Durant plus d’une heure d’attente et de palabres avec les syndicalistes présents, les travailleurs n’ont pas cessé de monter le ton envers la section syndicale de l’unité de Draâ Ben Khedda en scandant «syndicat traître dégage !- Bara les saboteurs, l’usine est aux travailleurs !». «Halte aux mensonges ! Halte à la trahison !», lancera une travailleuse. Sa collègue, hypertendue et diabétique, a eu un malaise au milieu de la foule. Des travailleurs ont accouru pour la secourir. «Je lutterai aux côtés des travailleurs pour nos droits, même cela me coûterait la vie! Cette usine appartient aux travailleurs, ce n’est pas un bien privé !», déclarera-t-elle. A. Hakim relate la genèse du mouvement à des membres de l’UGTA présents sur les lieux, mais ces derniers n’ont hélas aucune décision à prendre concernant cette affaire qui dure depuis plus de trois semaines. A.H. insiste sur l’application des lois de la République : «Pourquoi applique-t-on ces lois sur les travailleurs et non sur les responsables, notamment les saboteurs et les corrompus ! C’est injuste ce que nous vivons !». Cet interlocuteur s’appuie sur les textes et les lois en citant l’article de la loi 90/14 qui stipule : «si la section syndicale n’atteint pas les 20 % d’adhérents au 31 mars de l’année, l’employeur ne pourra la recevoir». «C’est le cas de cette section qui doit être automatiquement dissoute. Mais ce n’est pas le cas ! Ce qui donne à comprendre qu’il y a anguille sous roche ! (…)», déduira notre interlocuteur. «Parmi les 25 accusés, il y a cinq (5) femmes dont deux diabétiques et hypertendues et un chef de service de production. Ce dernier a augmenté la production de l’unité et voilà les remerciements qu’il obtient de l’administration!» Un autre ouvrier parle de la grille des salaires : «C’est une catastrophe ! Des travailleurs qui partent en retraite avec 15 000 DA ! C’est une vie ça ?», s’insurge cet ouvrier ! L’union de wilaya de l’UGTA grouille de monde et le SG, Bachir Ramdani, n’a pas donné signe de vie. Les travailleurs se sont rendus alors devant le siège de la wilaya pour un sit-in, et une délégation de travailleurs a été reçue par le représentant du wali à qui elle soumit, après toutes ces péripéties de cette affaire qui dure depuis 24 jours, trois points essentiels de leurs revendications, à savoir le départ de la direction et de ses cadres, le départ de la section syndicale et le retrait sans conditions de toutes les plaintes déposées à l’encontre des 25 travailleurs. Le message est reçu et sera transmis au wali qui «suivra l’affaire et fera le nécessaire pour débloquer la situation», nous dira notre interlocuteur contacté par téléphone.

Arous Touil

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